Eglises fortifiées de l'Armagnac dans les Landes
Notice
Pour la journée du patrimoine : zoom sur les églises fortifiées en Armagnac, dans l'est des Landes. Ces églises étaient des refuges pour le corps et l'âme en temps de guerre et d'invasion. Les populations se réfugiaient dans les tours fortifiées des églises, n'ayant d'autres moyens pour se protéger. A travers les siècles, ces églises ont été maintenues en état par les paroissiens. Reportage à l'intérieur et à l'extérieur des églises fortifiées, avec interview de Jean Paul Brocas.
Éclairage
En 1995, voilà 11 ans que le ministre de la culture français Jack Lang a instauré les "Journées portes ouvertes dans les monuments historiques" le troisième dimanche de septembre. Devant le succès de cette première manifestation, de nombreux pays européens décident de fonder leurs propres journées du patrimoine dès l'année suivante. Organisées aujourd'hui dans plus d'une cinquantaine de pays européens, ces manifestations permettent de faire découvrir au grand public la diversité des richesses héritées du passé, en rendant accessibles des lieux inhabituellement fréquentés (1).
Dans ce cadre-là, il est permis, en cette fin d'été en Armagnac, de s'arrêter sur l'extraordinaire legs laissé par l'Église jusqu'au fin fond des campagnes reculées. Ici, le Bas Armagnac, terre de transition entre le Gabardan, les Petites Landes, le Marsan, le Tursan et l'Armagnac gersois qui compte bon nombre d'églises fortifiées (2).
S'il y a bien longtemps que "Ibères, Wisigoths et autres Normands" ont quitté les lieux quand on érige les premières églises landaises à la toute fin du Xe siècle, il est vrai que la plupart des édifices locaux sont fortifiés. Pourquoi ?
Loin de se protéger contre des ennemis venus de lointaines contrées, les Gascons se méfient avant tout des ennemis "locaux" : les seigneurs de Foix et d'Armagnac, par exemple, qui se font une guerre incessante, et l'ennemi numéro un, le Français. En effet, depuis le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri Plantagenêt en 1152, le couple est en lutte avec la maison de France, annonçant un conflit qui va durer 300 ans, jusqu'à l'épisode tragique, pour les Anglo-Gascons, de la bataille de Castillon-de-Dordogne qui livre les derniers bastions du roi-duc aux Capétiens (3). D'où la fortification des édifices religieux, qu'ils fussent romans jusqu'au milieu du XIIe siècle, romano-gothiques puis gothiques au-delà.
Dans un pays d'hommes libres, où les villes franches sont nombreuses, point de château féodal. Ainsi se justifie le rôle des églises-refuges principalement fortifiées aux XIVe et XVe siècle pendant la guerre dite de "Cent ans". Une particularité des édifices landais qui, par ailleurs, déclinent, comme partout, les rudiments d'un catéchisme populaire, tantôt dans des peintures naïves réalisées a fresco (4) pour les lieux de culte les plus anciens, tantôt sur des verrières colorées pour les édifices plus récents qui ont bénéficié de la manne de généreux donateurs ; voire dans les sculptures des chapiteaux.
Situés au cœur des bourgs ou envahis par la végétation dans certains hameaux désaffectés, ces églises, prieurés et chapelles constituent un pont entre un passé que l'on cherche de plus en plus à préserver et dont on veut fixer le souvenir et un présent marqué par l'évolution des technologies et le pragmatisme.
(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Journ%C3%A9es_europ%C3%A9ennes_du_patrimoine
(2) (2) www.u-bordeaux3.fr/_resources/Documents/.../RattoResume.pdf?...true
(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Ali%C3%A9nor_d%27Aquitaine
(4) Ce terme italien signifie "dans le frais". Il indique une technique qui consiste à peindre sur un enduit encore humide, permettant une conservation plus longue des pigments.