La production d'Armagnac sur le domaine de Boingnères
Notice
Producteur d'armagnac sur le domaine de Boignères, Léon Laffite exporte ses eaux de vie vers l'Europe et, depuis 1982, vers les Etats-Unis. Face à l'augmentation de la demande sur le marché viticole, il choisit de privilégier la qualité à la quantité et de diversifier sa production pour faire face à la concurrence.
Éclairage
C'est vers le milieu du XVIIe siècle ou quelques années avant que l'on a commencé à distiller les vins en Armagnac et dans les régions contiguës (Marsan essentiellement) ; auparavant, c'était les apothicaires qui utilisaient les alambics afin de produire des parfums ou des médicaments. La demande en eaux-de-vie provenait des Pays-Bas qui en avaient besoin pour leur commerce avec la Baltique et qui avaient déjà fait produire des alcools de vin dans les régions nantaise, charentaise et bordelaise, des régions qui ont précédé la nôtre de plusieurs dizaines d'années C'est par l'intermédiaire des marchands de Bayonne, relayés par ceux de Mont-de-Marsan, que cette activité se mit en place, les Hollandais apportant les capitaux et les chaudières (c'est ainsi qu'on appelait alors les alambics). Comme toute activité nouvelle, celle-ci connut des débuts hésitants, les quantités distillées variant avec le niveau de la récolte. La zone de production correspond alors à ce qui est connu aujourd'hui comme le Bas Armagnac et, dans le futur département du Gers, à la Ténarèze. La qualité des eaux-de-vie est inférieure à celles des Charentes et de Nantes, équivalente à celles qui transitent par Bordeaux et sont produites dans l'Agenais, et supérieures à celles du Languedoc et de Catalogne qui apparaissent vers 1670. C'est que la concurrence est rude, les Hollandais, principaux acheteurs jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, tâchant de s'approvisionner à moindre coût. Ce n'est que vers 1770 que l'on commence à faire vieillir certaines eaux-de-vie et c'est vers la même époque que se développe la consommation intérieure bientôt relayée par celle des armées de la Révolution et le l'Empire.
Le XIXe siècle est marqué par la hausse continue de la production interrompue dans les années 1850 par la crise de l'oïdium, assez vite enrayée, si bien que le Second Empire peut être considéré comme l'âge d'or de l'Armagnac. Les superficies culminent au milieu des années 1870 lorsque la crise du phylloxéra vient tout remettre en cause et quand, au début du XXe siècle, la replantation du vignoble est achevée, sa superficie est bien plus faible que trente ans auparavant. Dans de nombreuses zones, le vignoble a disparu et il est bien contracté en Chalosse, Tursan et Armagnac. Le XXe siècle confirmera cette tendance, notamment sa deuxième moitié qui voit le disparition des vignobles familiaux résiduels, les vignobles de qualité arrivant à se maintenir, mais avec des superficies bien réduites.