Le Sen, Landes : un village qui ne veut pas mourir
02 février 1980
01m 28s
Réf. 00825
Notice
Résumé :
La concertation régionale et la volonté locale ont permis de stopper le dépeuplement accéléré de la commune de Le Sen dans la haute Lande.
Type de média :
Date de diffusion :
02 février 1980
Source :
FR3
(Collection:
Aquitaine actualités
)
Thèmes :
Lieux :
Éclairage
L’origine du nom est obscure1. Tout juste sait-on qu’un prieuré, fondé probablement par les Albret, est attesté au Sen pour la première fois en 1266 lors de la confirmation par Clément IV des biens de cette maison appartenant aux bethlémistes. Ce pruorat2, à l’origine de la paroisse démembrée tardivement, (peut-être au XIVe siècle) de celle de Labrit, passé aux mains des Chartreux de Bordeaux au début du XVIIe siècle, disposait d’une chapelle devenue église et d’une sauveté de 60 journaux délimitée par quatre croix3. Le prieuré, la chapelle et les terres en dépendant furent ensuite acquis comme bien national par le baron Poyferré de Cère.
Né à Mont-de-Marsan en 1768, décédé à Cère en 1858, Jean-Marie de Poyferré appartient à une famille du Marsan. Il se préoccupe assez tôt de développement agricole. Ainsi s’intéresse-t-il, entre autres, à l’élevage de la très laineuse race mérinos qu’il expérimente dans sa bergerie modèle de Cère. Ses succès sont tellement appréciés que l’Empereur le nomme inspecteur des bergeries impériales à Rambouillet et reçoit même la médaille d'or de la Société d'agriculture des Landes pour ses travaux d'amélioration des sols4.
C’est dire que Le Sen fut très tôt une terre d’expériences vouée à des activités agrestes ; beaucoup d’espace réparti entre landes et forêts, des densités faibles, évidemment, mais une population de 540 habitants cependant en 1793, tombée à 127 habitants entre 1975 et 1982 avec un net décrochage juste après le second conflit mondial5. Les causes sont connues ; elles se répètent à l’infini dans la Haute Lande et c’est bien ce qui incite les responsables du territoire à trouver des solutions pour endiguer ce phénomène structurel. C’est le rôle que va jouer l’A.R.I.A.L. fondé cette année-là par Roger Duroure6, qui prône la diversification de l’économie d’un pays qui a trop longtemps reposé sur la monoculture du pin.
C’est vrai ! 1980 constitue une date importante pour le devenir de ce petit bourg à l’agonie : le renouveau – mais on ne le sait pas encore – va cependant, malgré tout, surtout provenir encore de la forêt tutélaire avec la mise en œuvre d’un procédé de distillation des aiguilles de pin destiné à la production d’huiles essentielles ; une action pionnière qui va déboucher bientôt sur l’émergence d’une grosse société de production, devenue multinationale, miraculeuse source d’emplois pérennes7.
Au Sen, malgré les défrichements préconisés, la forêt n’avait donc pas dit son dernier mot…Quelque 35 ans plus tard, la petite commune ne compte que 204 habitants, certes, mais permet le maintien dans un rayon d’une trentaine de kilomètres, de nombreux ménages appartenant à la population active.
Le reportage ne le dit pas mais l’implantation de Biolandes, société privée, parachève l’action menée par l’institution publique qui avait amorcé un processus vertueux en endiguant l’hémorragie démographique de la commune.
1) Elesen et Lou Sen (Livre rouge d’Aire) ecclesia deu Sen (vers 1320 dans les pouillés), Eusen (1355, Rôles gascons), les différentes occurrences laissent penser qu’il a pu y avoir une déglutination de la première syllabe selon un processus courant en toponymie. Le sens doit être oronymique puisque les dérivés Senet et Seneton, désignant des « serres », existent dans l’affar de Bordessoules près de Luxey.
2) Forme gasconne du mot, attestée par Félix Arnaudin à propos du Sen (Œuvres complètes, Arnaudin historien, tome VIII, p. 857-860).
3) Les croix du Peyret au lieu-dit Barrail, une autre située à 250 m de l’église et celle qui se trouve au lieu-dit Boy existent toujours.
4) Maire de sa commune, conseiller général et trois fois président de l’assemblée départementale, membre du Corps législatif sous l’Empire puis député sous la Restauration. On le trouve même préfet des Deux-Sèvres puis maître des requêtes au Conseil d’État. Son titre de baron reçu en 1815 allait de soi.
5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Sen
6) Empreintes landaises : L’AIRIAL
7) http://www.biolandes.com/biolandes.php?lg=fr
Né à Mont-de-Marsan en 1768, décédé à Cère en 1858, Jean-Marie de Poyferré appartient à une famille du Marsan. Il se préoccupe assez tôt de développement agricole. Ainsi s’intéresse-t-il, entre autres, à l’élevage de la très laineuse race mérinos qu’il expérimente dans sa bergerie modèle de Cère. Ses succès sont tellement appréciés que l’Empereur le nomme inspecteur des bergeries impériales à Rambouillet et reçoit même la médaille d'or de la Société d'agriculture des Landes pour ses travaux d'amélioration des sols4.
C’est dire que Le Sen fut très tôt une terre d’expériences vouée à des activités agrestes ; beaucoup d’espace réparti entre landes et forêts, des densités faibles, évidemment, mais une population de 540 habitants cependant en 1793, tombée à 127 habitants entre 1975 et 1982 avec un net décrochage juste après le second conflit mondial5. Les causes sont connues ; elles se répètent à l’infini dans la Haute Lande et c’est bien ce qui incite les responsables du territoire à trouver des solutions pour endiguer ce phénomène structurel. C’est le rôle que va jouer l’A.R.I.A.L. fondé cette année-là par Roger Duroure6, qui prône la diversification de l’économie d’un pays qui a trop longtemps reposé sur la monoculture du pin.
C’est vrai ! 1980 constitue une date importante pour le devenir de ce petit bourg à l’agonie : le renouveau – mais on ne le sait pas encore – va cependant, malgré tout, surtout provenir encore de la forêt tutélaire avec la mise en œuvre d’un procédé de distillation des aiguilles de pin destiné à la production d’huiles essentielles ; une action pionnière qui va déboucher bientôt sur l’émergence d’une grosse société de production, devenue multinationale, miraculeuse source d’emplois pérennes7.
Au Sen, malgré les défrichements préconisés, la forêt n’avait donc pas dit son dernier mot…Quelque 35 ans plus tard, la petite commune ne compte que 204 habitants, certes, mais permet le maintien dans un rayon d’une trentaine de kilomètres, de nombreux ménages appartenant à la population active.
Le reportage ne le dit pas mais l’implantation de Biolandes, société privée, parachève l’action menée par l’institution publique qui avait amorcé un processus vertueux en endiguant l’hémorragie démographique de la commune.
1) Elesen et Lou Sen (Livre rouge d’Aire) ecclesia deu Sen (vers 1320 dans les pouillés), Eusen (1355, Rôles gascons), les différentes occurrences laissent penser qu’il a pu y avoir une déglutination de la première syllabe selon un processus courant en toponymie. Le sens doit être oronymique puisque les dérivés Senet et Seneton, désignant des « serres », existent dans l’affar de Bordessoules près de Luxey.
2) Forme gasconne du mot, attestée par Félix Arnaudin à propos du Sen (Œuvres complètes, Arnaudin historien, tome VIII, p. 857-860).
3) Les croix du Peyret au lieu-dit Barrail, une autre située à 250 m de l’église et celle qui se trouve au lieu-dit Boy existent toujours.
4) Maire de sa commune, conseiller général et trois fois président de l’assemblée départementale, membre du Corps législatif sous l’Empire puis député sous la Restauration. On le trouve même préfet des Deux-Sèvres puis maître des requêtes au Conseil d’État. Son titre de baron reçu en 1815 allait de soi.
5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Sen
6) Empreintes landaises : L’AIRIAL
7) http://www.biolandes.com/biolandes.php?lg=fr
Bénédicte Boyrie-Fénié