Eau des landes

22 mars 1996
01m 53s
Réf. 00750

Notice

Résumé :

Pour la journée mondiale de l'eau, le conseil général des landes a fait savoir que l'eau revenait beaucoup moins cher aux contribuables lorsque le réseau de distribution est géré directement par la commune. C'est le cas à Aire sur Adour, où les habitants ont constaté que le prix de l'eau est moins cher dans cette commune où la mairie gère l'eau et l'assainissement. Pour les communes où l'eau est gérée par des entreprises privées (qui cherchent à faire du bénéfice), le prix de l'eau peut être multiplié par 2. Reportage à Aire sur Adour, avec interview d'habitant de la commune et de R. Cabe, maire d'Aire sur l'Adour.

Date de diffusion :
22 mars 1996
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )
Personnalité(s) :

Éclairage

Aire tire son nom du fleuve qui l'arrose. En effet, Atura, hydronyme prélatin, désigne à la fois l'Adour et le chef-lieu de cité qu'en ont fait les Romains. C'est un hasard mais c'est précisément cette commune, associée depuis toujours au thème de l'eau, qui est l'une des premières à bénéficier des mesures préconisées par le Conseil général des Landes en matière de gestion de cette ressource vitale.

En 1996, son président, Henri Emmanuelli, entame en effet un combat acharné contre le syndicat professionnel des trois géants français de l'eau et des services à l'environnement, Suez, Veolia et Saur. Et d'argumenter en soulignant que "le département, s'il a toujours accompagné l'investissement des communes, refuse de contribuer à financer sur fonds publics des équipements qui serviront à enrichir les sociétés privées." (1) L'eau n'est pas une marchandise, c'est un bien commun qu'il convient de préserver.

Or, le département des Landes dispose d'une grande richesse en eau (2) : nappes souterraines nombreuses, zones humides, sources thermales, 5000 km de cours d'eau, des lacs et un rivage d'une longueur de 106 km justifiant bien le nom de la région au sein de laquelle il se situe ; tiré de l'antique Aque (Dax), l'Aquitaine est bien le "pays des eaux". Mais ce n'est pas une raison pour la gaspiller ; ce n'est pas un argument pour l'utiliser à mauvais escient.

Si à peine 3 % de l'eau reçue y est consommée, cette manne bénéficie, avant tout, à l'irrigation (70 % des besoins), puis à l'industrie quand l'eau potable n'arrive qu'en troisième position devant le thermalisme. Ce patrimoine d'eau douce, très diversifié, est donc fortement sollicité par l'homme justifiant le souci du département qui veille à prévenir les conflits d'usage et sa dégradation en développant une politique de connaissance et de surveillance de cette ressource si précieuse dans un monde où elle devient un enjeu majeur.

Axe fort de la politique environnementale du département, la gestion de l'eau a un poids certain dans le budget. Ces efforts de prévention justifient alors qu'en aval on veille à sa distribution. Le dispositif mis en place s'appuie donc sur le Syndicat mixte départemental d'équipement des communes des Landes (Sydec) ; cet opérateur public doté de moyens techniques et humains importants, joue tantôt le rôle de consultant auprès des communes désireuses de reprendre le contrôle de leurs réseaux, assume tantôt la régie de celles qui n'en ont pas la capacité, introduisant de facto une véritable concurrence sur le marché de l'eau et de l'assainissement (3).

Une politique saine qui permet à Monsieur Laborde d'avoir une facture allégée...

(1) http://blog.mondediplo.net/2008-07-30-Landes-12-ans-de-combat-exemplaire-contre-le

(2) Empreintes landaises : parcours thématique "L'eau dans les Landes".

(3) http://www.sydec40.fr/Le-syndicat/Presentation/Historique

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Présentateur
Pour la journée mondiale de l’eau, le conseil général des Landes se lance dans la bataille. Il s’est en effet rendu compte que l’eau revenait souvent beaucoup moins chère aux contribuables, lorsque le réseau de distribution était géré directement par la commune. Exemple à Aire-sur-l’Adour avec Eric Perrin et Philippe Dumail.
bruit
(bruit)
Journaliste
Ce sont des gestes très simples au quotidien, mais qui n’ont pas le même prix selon que l’on réside ici ou là. Examinons par exemple la facture d’eau de la famille Laborde qui habite à Aire-sur-l’Adour dans le sud des Landes.
Michel Laborde
Il suffit de comparer avec la famille qui habite dans une autre localité. Bon, on s’aperçoit très vite que la consommation est à peu près identique, puisqu’il faut comparer ce qui est comparable. Le prix de l’eau est nettement moins cher sur Aire-sur-l’Adour.
Journaliste
La preuve, le mètre cube d’eau est facturé ici 7,35 francs, alors qu’à Bordeaux, il en coûte au consommateur 13,89 francs. Pourquoi cette différence ? Parce qu’à Aire-sur-l’Adour, c’est la mairie qui gère la distribution et l’assainissement de l’eau. A l’inverse de la majorité des villes de ce département qui ont décidé d’affermer ce service, c’est-à-dire de s’en remettre à des sociétés privées. Robert Cabe fait partie des élus qui mènent la bataille de l’eau. Il a pour lui une étude menée par le conseil général, dont les résultats sont édifiants. Le prix du mètre cube d’eau est en moyenne supérieur de 70 % lorsque l’exploitant est privé.
Robert Cabe
C’est la raison pour laquelle, la collectivité départementale, le conseil général a souhaité moduler les taux de subvention ; selon que les communes affermaient à des compagnies privées ou assuraient le service en régie directe. C’est un choix politique qui place tout le problème de la conception que nous avons du service public local.
Journaliste
Pénaliser les communes qui concèdent la gestion de l’eau au privé, cette décision du conseil général des Landes est une première en France. Certes, on ne peut reprocher au privé de chercher à dégager des bénéfices, mais il est clair que dans la plupart des cas, le consommateur est gagnant lorsque sa commune gère elle-même sa distribution d’eau.