L'entreprise Biolandes

10 septembre 1983
03m 14s
Réf. 00110

Notice

Résumé :

Souhaitant lancer une activité basée sur les ressources naturelles de la Haute Lande et ainsi préserver l'emploi local, les frères Coutière créent l'entreprise Biolandes, spécialisée dans la transformation d'aiguilles de pins en huiles essentielles utilisées notamment en parfumerie.

Date de diffusion :
10 septembre 1983
Source :

Éclairage

Lorsque Dominique Coutière - alors jeune centralien - visita le Québec, il y découvrit le sapin baumier. C'est à partir des aiguilles de celui-ci qu'étaient distillées les huiles essentielles indispensables pour les industries pharmaceutiques et cosmétiques.

Décidant de s'implanter dans ses Landes natales en 1980, il entreprit de tester et de transposer le dispositif québécois aux résidus des houppiers (parties aériennes de l'arbre) des pins maritimes, alors considérés comme des déchets non valorisables. L'issue de la distillation ne laissa aucun doute : il était possible d'obtenir des huiles essentielles à partir des pins maritimes.

D'autres expérimentations furent menées en parallèle à partir des résidus de distillation. Mélangés aux écorces de pins, ils étaient compostés pour servir de terreau de jardinage. Séchés, ils fournissaient de l'énergie. Ce fut là aussi un succès.

L'essor de Biolandes vint avec la mise au point du procédé de distillation continu et automatisé, applicable à de multiples essences : jasmin, iris, poivre ou encens, voire roses, autant d'essences prisées par les parfumeurs.

L'entreprise étendit alors progressivement son activité vers de nouveaux sites de culture et de collecte de plantes aromatiques avec le soutien de Chanel : essence de rose en Turquie, extrait de ciste en Andalousie, traitement du genévrier à Beaucaire. Devant l'importance que prenaient les huiles essentielles, les autres projets furent graduellement abandonnés. Biolandes conserva toutefois un axe traditionnel : la fabrication de terre de bruyère et la transformation des écorces de pins maritimes en paillage des végétaux d'ornement.

Cette entreprise novatrice située en plein cœur des Landes est aujourd'hui au premier rang de la fourniture d'huiles essentielles et d'extraits destinés à la parfumerie.

Sébastien Poublanc

Transcription

Muriel Piganeau
Plutôt que de s’expatrier à Paris une fois leurs diplômes de l’École Centrale en poche, les deux fils du garagiste de Labrit ont choisi de travailler au pays. Or, il se trouve que dans ce pays-là, au cœur du cœur des Landes, il y a beaucoup de pins. Les deux frères Coutière se sont rendus au Québec il y a quatre ans voir un peu ce que les hommes de là-bas ont su faire de leurs arbres. Au fil des jours, leur idée prend forme. Ils étudient les aiguilles des pins des Landes pour savoir si comme celles des pins sylvestres et des sapins canadiens, elles contiennent les huiles essentielles que la France importe à raison de 60 tonnes par an. Ces huiles sont utilisées comme agent de fixation, des parfums, des cosmétiques, des détergents et des produits pharmaceutiques. Dans la foulée, ils créent une association d’études pour la valorisation des cimes de pins. Ils sont alors 8 ingénieurs, juristes, techniciens et animateurs. Un de leurs premiers objectifs, c’est de préserver l’emploi local.
Dominique Coutière
Au départ l’objectif, c’est aussi l’objectif du voyage, c’est-à-dire c’était de voir qu’est-ce qu’on pouvait ramener comme idée qui permettrait de créer dans la Haute Landes une activité basée sur ses ressources propres.
Muriel Piganeau
Oui, jusqu’à présent, vous y êtes arrivés ?
Dominique Coutière
Ben disons que pour l’instant, on a créé quand même une quinzaine d’emplois. On sera environ 18 en fin d’année. Et euh… moi je veux faire la preuve que l’activité peut marcher. Et je pense qu’elle peut être créatrice de beaucoup plus d’emplois.
Muriel Piganeau
L’expérience débute grâce à des aides et des subventions tout en essayant de préserver une certaine autonomie à l’entreprise. La matière première est gratuite. Il suffit d’aller recueillir les cimes laissées par les bucherons dans les bois avoisinants. Ces cimes sont broyées et récupérés dans des bennes. Chacune de ces bennes peut en contenir 30m3 soit 15l d’huile. Par contre, le gros problème concernait le matériel de distillation. Le premier alambic, c’est monsieur Coutière père qui l’a construit en suivant les plans de ses fils.
(Silence)
Muriel Piganeau
L’huile est très volatile et c’est pourquoi la distillation doit s’effectuer de midi à minuit le jour même de la récolte. Cette opération dure 2 heures 30. Les calories nécessaires au fonctionnement des alambics sont fournies par la sciure de bois, élément jusqu’ici envoyés au remblai. Une fois distillée, l’huile est entreposée dans des fûts et fermente ainsi pendant 6 à 7 mois. En ce moment, la production mensuelle s’élève à 800 kg d’huile. Elle devrait bientôt atteindre une tonne et demie. Mais parallèlement à cette activité, les responsables de Biolandes mettent au point depuis 6 mois une autre expérience. Ils utilisent les résidus de pins pour en faire du compost assimilable à de la tourbe utilisée en horticulture ou en maraichage. Dans ce domaine aussi, Biolandes s’avère très compétitive. La quantité de compost à ses produits devrait atteindre 20 000m3 par an. En attendant, l’entreprise est tout juste rentable. Les bénéfices devraient commencer à arriver l’an prochain. Mais les dirigeants de Biolandes ne comptent pas en rester là. Après l’huile et le compost, ils songent déjà à s'attaquer à un autre marché, la nourriture pour moutons.
Dominique Coutière
Continuer à fouiller les pistes que nous avons disons entreprises mais qu’on n’a pas menées à terme qui concernent l’alimentation animale à partir des résidus de distillation qui seraient immédiatement après broyés et séchés, et qui forment un complément cellulosique intéressant ou bien même de l’énergie.
(Bruit)