Fabrication des célèbres toiles de Mayenne
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Fontaine-Daniel est un petit village aux origines médiévales qui a connu un développement industriel grâce à la production textile au XIXe siècle. Au cours d’une visite didactique, le journaliste nous fait découvrir le travail des ouvriers et des ouvrières en suivant les différentes étapes de fabrication du tissu : teintures, métier à tisser, vérification…
Date de diffusion :
02 nov. 1965
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Contexte historique
ParDirecteur des archives départementales de la Mayenne
En 1790, lorsqu’il s’est agi de dessiner les contours de la Mayenne, on s’est efforcés de rassembler toutes les communes où le lin était cultivé, travaillé et tissé, faisant de ce département un territoire de filature. La tradition considère que cette activité y est apparue sous l’influence de Béatrix de Gavre, épouse du comte Guy IX de Laval, qui aurait veillé à l’installation de tisserands flamands. Parmi les hauts-lieux de cette activité, Fontaine-Daniel. L’histoire de ce modeste village de la commune de Saint-Georges-Buttavent comprend deux périodes majeures : le temps de l’abbaye cistercienne et celui de l’usine de tissage. L’abbaye est fondée au début du XIIIe siècle dans un site bien approvisionné en eau et environné de forêts. Au début de la Révolution, les moines choisirent de quitter leur habit pour rejoindre la vie civile. Les bâtiments furent vendus et tombèrent en ruine pour une partie. L’autre fut rachetée en 1806 par Pierre Horem, un industriel textile originaire de l’Oise, qui installa dans les vastes locaux une usine de tissage. À sa mort en 1828, l’entreprise fut reprise par son épouse, puis en 1830 par la nièce de cette dernière, mariée à un certain Martin Denis, originaire du Calvados. S’ouvre alors une saga familiale qui durera jusqu’en 2017. L’apogée semble atteinte sous Gustave Denis, mort en 1925, qui incarne le modèle du patron de son époque, engagé en affaires mais également dans la vie publique : maire de Saint-Georges-Buttavent pendant 30 ans, président du Conseil général pendant 35 ans et sénateur pendant un quart de siècle, il a aussi présidé la chambre de Commerce et d’Industrie de la Mayenne pendant quatre décennies, prenant position contre le travail des enfants et le travail de nuit. Le reportage traite les deux aspects principaux du sujet : il suit pas à pas les étapes de la fabrication et donne des indications chiffrées sur la production.
Le coton, la laine ou le fil, de provenances diverses, sont préparés et placés sur des bobines. Ils sont ensuite teints, ourdis c’est-à-dire tendus, encollés puis tissés en étoffes de 2 à 5 m de long. Ces dernières rejoignent le magasin de tissu brut, d’où elles sont ensuite reprises pour être grattées, cylindrées, vérifiées, conditionnées en rouleaux ou pliées, emballées et enfin expédiées. À cet égard, un reportage sur la fabrication de Port-Salut à Entrammes (voir La fabrication du Port-Salut à Entrammes), qui date des mêmes années (1964), montre de la même manière comment les produits manufacturés mayennais, alliant tradition et modernité, connaissent un grand succès dans le monde entier. Les clés du succès, ce sont la qualité et la conformité aux grandes tendances de la mode, dans le type du tissu, le modèle ou les motifs (carreaux, rayures, dessins). C’est en 1901 que les Toiles de Mayenne ont abandonné leur production intégralement écrue et adopté la teinture pour diversifier les produits : toiles à matelas, tissus à chemises puis tissus d’ameublement depuis l’après-guerre.
Un autre paramètre indispensable est celui de la capacité de production. L’électrification de l’usine, en 1929, a remplacé la force humaine ou hydraulique. En 1911, le village compte 420 habitants et l’usine 350 employés. Un demi-siècle plus tard, ce chiffre est inchangé, faisant de l’usine l’une des plus importantes de l’Ouest. On est alors assez loin des statistiques de 1813, selon lesquelles l’entreprise emploie 40 ouvriers à la filature, 430 au tissage en usine… et 450 hors les murs, selon un principe de travail à domicile qui permet à des femmes d’exercer une activité parallèle aux tâches domestiques pour apporter un complément de revenu au foyer. En 1965, les 140 métiers à tisser assurent une production impressionnante de 3,5 km² de toile par an ! Mais la mécanisation, si déterminante à cette époque dans le tissage comme dans la fabrication du fromage, ne fait pas tout. Le reportage montre la part des activités qu’on ne peut automatiser : le processus créatif qui permet de concevoir les motifs avant tissage, la précision du geste des ouvriers et surtout les nombreuses opérations de vérification, gage de qualité qui ont valu aux Toiles de Mayenne les labels Entreprise du patrimoine vivant (EPV) et Fabriqué en France, ainsi que des collaborations avec de grands noms du luxe comme Christian Dior ou Pierre Frey.
Pour autant, qualité et productivité ne suffisent pas à protéger des difficultés. En 2017, l’entreprise familiale subit un redressement judiciaire et un repreneur intervenu en 2018 a permis de maintenir 84 emplois.
Bibliographie
Sur l’histoire de l’abbaye et du village
- « Fontaine-Daniel », Alphonse Angot, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Albert Goupil, 1900-1910, t. II et IV [hyperlien du type http ://angot.lamayenne.fr/notice/T2C06_TOPO1026 et http ://angot.lamayenne.fr/notice/T4C06_TOPO2799].
- « Saint-Georges-Buttavent », Le patrimoine des communes de la Mayenne, Paris, Flohic, 2002, t. 2, p. 735 [Arch. dép. Mayenne, MB 347/2].
- « Abbaye cistercienne », Le patrimoine des communes de la Mayenne, Paris, Flohic, 2002, t. 2, p. 737 [Arch. dép. Mayenne, MB 347/2].
- Cartularium abbatiae beatae Mariae Fontis Danielis cistertien. ord. in quo plura documenta reperientur ad abbatiam beatae Mariae Clari-Montis, s.d., s.p. [Arch. dép. Mayenne, ba 6].
- « Fontaine-Daniel », Mémorial de la Mayenne, 1844, t. 4, p. 380-381 [Arch. dép. Mayenne, ac 56-4].
- « Juhel de Mayenne et la formation de l'abbaye de Fontaine-Daniel », Courrier de Mayenne, s.l, s.n, s.d [Arch. dép. Mayenne, mf 166].
- Jules RAULIN, « Document concernant l'abbaye de Fontaine-Daniel (1774) », Bulletin de la commission Historique et archéologique de la Mayenne, 1890, n° 2, p. 480-483 [Arch. dép. Mayenne, bc 78-4].
- Edmond LEBLANC, L'abbaye de Fontaine-Daniel, sa fondation et ses derniers jours, avec une vue de l'abbaye en 1695, Mayenne, Poirier-Béalu, 1892, 114 p [Arch. dép. Mayenne, mf 164].
- Albert GROSSE-DUPERON et Émile GOUVRION, L'abbaye de Fontaine-Daniel : étude historique, Mayenne, Poirier, 1896, 461 p. [Arch. dép. Mayenne, ac 941].
- Albert GROSSE-DUPERON, Émile GOUVRION et Ernest LAURAIN, Cartulaire de l'abbaye cistercienne de Fontaine-Daniel. Suivi du supplément au cartulaire de cette abbaye, Mayenne, Poirier-Béalu, 1896, 429 p. [Arch. dép. Mayenne, ac 970].
- Ernest LAURAIN, « Trois chartes de Fontaine-Daniel (XIIIe siècle) », Bulletin de la commission Historique et archéologique de la Mayenne, 1899, n° 15, p. 78-81 [Arch. dép. Mayenne, bc 78-12].
- Paul DELAUNAY, Les brigands de Fontaine-Daniel, Bulletin de la commission Historique et archéologique de la Mayenne, 1904, n° 20, p. 487-497 [Arch. dép. Mayenne, bc 78-17].
- Ernest LAURAIN, « Chartes de Fontaine-Daniel et de Montguyon », Bulletin de la commission Historique et archéologique de la Mayenne, 1907-1908, n° 23-24, p. 293-313 et 471-491 ; 42-54, 186-232 et 429-443 [Arch. dép. Mayenne, bc 78-20 et 21].
- Victor GUILLET, Fontaine-Daniel : son passé, son présent, sa chapelle Saint-Michel, Paris, Jouve, 1946, 30 p. [Arch. dép. Mayenne, mf 162].
- Tiphaine ROLLAND, L'appropriation de l'espace par les cisterciens, d'après l'exemple du monastère de Fontaine-Daniel, dans le Bas-Maine (vers 1187-1319), Mémoire de maîtrise, Université de Rennes 2, 2002, 257 p., [Arch. dép. Mayenne, mc 385].
De l’abbaye à l’usine
- Odile DUVAL, Fontaine-Daniel et toiles de Mayenne : des moines aux tisserands, s.l., s.n., 2015, 144 p. [Arch. dép. Mayenne, mc 573].
- Sylvie FRESNAIS, Fontaine-Daniel : de l'abbaye de Juhel III de Mayenne au village industriel de la famille Denis, Mémoire de maîtrise, s.l., 225 p. [Arch. dép. Mayenne, mc 169].
Sur l’histoire de l’usine
- « Usine de tissage de Toile de Mayenne », Le patrimoine des communes de la Mayenne, Paris, Flohic, 2002, t. 2, p. 738 [Arch. dép. Mayenne, MB 347/2].
- Gustave Denis (1883-1925), un grand patron du XIXe siècle, Laval, Archives départementales de la Mayenne, coll. « Dossiers d'Histoire de la Mayenne », n° 10, 1991 [Arch. dép. Mayenne, mc 269].
- Robert SCHLUMBERGER, « Fontaine-Daniel, un village industriel en Mayenne », Monuments Historiques, 1983, n° 128, p. 60-62 [Arch. dép. Mayenne, bc 65-1983-128].
- Sylvie FRESNAIS, « Fontaine-Daniel : un village industriel original au XIXe siècle », La Mayenne : archéologie, Histoire, 1992, n° 15, p. 326-329 [Arch. dép. Mayenne, bc 78-55].
- Sylvie FRESNAIS, « Fontaine-Daniel : un microcosme de l'industrie textile », Architectures du travail, 1992, p. 29-39 [Arch. dép. Mayenne, hb 682].
- Didier MAIGNAN, « Fontaine-Daniel : l'étonnante cité ouvrière qui respire l'équilibre », Maine-Découvertes, 1995, n° 7, p. 10-13 [Arch. dép. Mayenne, bc 170-1995-7].
- Sylvie FRESNAIS, « Fontaine-Daniel : une usine, un village et des hommes », 303, 1997, n° 55, p. 5-13 [Arch. dép. Mayenne, bc 121-1997-55].
- Fontaine-Daniel, caractères d'exception, Mayenne, Imprimerie de la Manutention, 1998, 127 p. [Arch. dép. Mayenne, ma 87].
- Pierre ILLAND, Fontaine-Daniel, une cité ouvrière, s.l., 2004, 107 p. [Arch. dép. Mayenne, mc 437].
- Sabine Jansen, Nicole Villeroux, Cécile Liège et al., Tissu topique. Toiles de Mayenne à Fontaine-Daniel depuis 1806, Paris, Gallimard, 2006, 287 p. [Arch. dép. Mayenne, mc 459].
Sur la situation économique délicate
- Yann LEON, « Toiles de Mayenne : l'entreprise est reprise et les 84 emplois maintenus », Ouest-France, 21 juin 2018 [https ://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-georges-buttavent-53100/toiles-de-mayenne-un-groupe-d-investisseurs-reprend-l-entreprise-5838239].
- « Le chiffre. 84 », Ouest-France, 24 juin 2018, p. Mayenne.
- Alix DEMAISON, « Après la reprise, Toiles de Mayenne sur un bon fil », Ouest-France, 6 mai 2019, p. 5.
- Sur le paysage d’un village qui a perdu en 2005 son label Petite Cité de caractère
Antoine HIBOU CWANCIG, Fontaine-Daniel, un paysage : enquête sur les systèmes de pensée d'une aventure industrielle en terres bocagères, Château-Gontier, Faguier, 2019, 99 p. [Arch. dép. Mayenne, mb 564]. - Antoine HIBOU-CWANCIG, Fonds de dotation Fontaine-Daniel. Un chemin à construire ensemble, s.l., s.n., s.d., n.p. [Arch. dép. Mayenne, mf 2112].
- Antoine HIBOU-CWANCIG et Christophe DE SAINT-JUST, État des lieux paysagers. Fontaine-Daniel, « Nature, communs et paysage », 2022, 51 p. [Arch. dép. Mayenne, mf 2113].
Transcription
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