Les anciens fours à chaux de Louverné
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Résumé
Une association mayennaise de protection du patrimoine industriel œuvre à la sauvegarde des fours à chaux de Louverné. Sur fond d'illustrations de fours abandonnés et d'anciennes photos, Catherine Jauneau retrace leur histoire appuyée par les propos de l'historien Bernard Crenn.
Date de publication du document :
01 nov. 2022
Date de diffusion :
22 août 1990
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- 00077
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège Volney, Craon (Mayenne)
Cette vidéo de 2’15 diffusée dans le journal télévisé Le Mans Soir du mercredi 22 août 1990 est à la fois précise, instructive et incitant à la balade touristique. Elle permet alors au téléspectateur de découvrir ou de redécouvrir tout un pan de l’histoire de la Mayenne à la fois agricole et industriel. Les journalistes font intervenir le grand spécialiste des fours à chaux dans l’Ouest.
Bernard Crenn, interviewé dans ce reportage, est agrégé d’histoire. Il intervient ici comme membre de l’Association de protection du patrimoine industriel de la chaux. Il est aussi président de la Société d’archéologie et d’histoire de la Mayenne pour les années 1988, 1989 et 1990. En 1997, il publie un article intitulé « Les profils sociaux des entrepreneurs de chaux des marges armoricaines des années 1840 » dans les Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest Anjou Maine Touraine. Il y a étudié les points suivants : l’évolution chiffrée des établissements de chaux des années 1840, les points communs des entrepreneurs de chaux sur le plan social, les facteurs de différenciation sociale au sein des entrepreneurs, enfin la trace de la génération des chaufourniers des années 1840 au cours des décennies suivantes.
Le développement de l’industrie de la chaux en Mayenne a pu se faire à partir de la découverte du charbon de terre dans la département en 1816. Jusque-là on utilisait du bois comme combustible : c’était moins efficace et surtout cela revenait à un prix trop élevé. L’agriculture a donc pu utiliser cet amendement. Des progrès dans les productions suivirent le développement du chaulage des terres. Dans un premier temps, les lieux qui en ont bénéficié étaient ceux proches des bancs calcaires et des fours à chaux. Dans un second temps, des contrées plus éloignées ont reçu de la chaux grâce au développement des moyens de transports. Dix-huit routes dites « stratégiques » sont tracées à partir de 1832, à la suite de la tentative de la duchesse de Berry de placer son fils sur le trône de France. L’industrie de la chaux a prospéré à la suite de ces travaux. En 1855, c’est l’ouverture de la ligne de chemin de fer qui passe à Laval. Cet événement amène l’industrie de la chaux mayennaise à vendre ses produits dans de nombreuses régions. De plus, la circulation des marchandises sur la rivière la Mayenne s’est améliorée grâce à la construction de barrages, d’écluses et de maisons éclusières principalement dans les années 1860. Ainsi, le nombre de fours à chaux augmente : il y en a 155 dans le département en 1831, puis 245 en 1872 (199 dans l’arrondissement de Laval, dont ceux de Louverné, 13 dans celui de Mayenne et 33 dans celui de Château-Gontier). Bien sûr, parallèlement la production de chaux augmente aussi : 69 800 mètres cubes en 1816, 293 000 en 1859, puis 350 000 en 1866. Cependant, au début du XXe siècle, la production s’essouffle notamment parce que les agriculteurs sont poussés à utiliser des engrais chimiques. On remarque qu’à cette époque les agriculteurs recevant la médaille du Mérite agricole (créée en 1883) sont les plus grands utilisateurs de ces nouveaux engrais.
En 1880, le site de production de chaux de Louverné était le plus important en Mayenne avec 29 fours produisant 800 000 hectolitres de chaux grâce à 500 chaufourniers. À l’époque, un train à chaux part chaque jour de Louverné en direction de la Bretagne. En 1899, il n’y a plus qu’une dizaine de fours en activité employant de 180 à 200 ouvriers pour 320 000 hectolitres de chaux. La production continue à baisser, mais entre les deux guerres mondiales les fours des Aumeunes sont relancés quelques années. L’activité s’est poursuivie jusqu’aux années 1960. Par ailleurs, à partir des années 1850, les carrières de la Motte-Babin et des Aumeunes ont aussi permis d’extraire du marbre. L’accès aux fours de la Vannerie a été interdit en avril 2010 à cause de chutes de pierres.
En 2022, on trouve à Louverné le parc Echologia qui associe visites du patrimoine historique et des richesses naturelles. On peut s’y promener à son rythme, y séjourner, y participer à des animations pédagogiques, y découvrir plusieurs biotopes et écosystèmes. Le voyage dans la nature est aussi un voyage dans le temps, celui des fours à chaux du XIXe siècle. Enfin, le parc Echologia propose divers types de séjours… en cabane flottante, en tente de trappeur, en wigwam, en tipi ! Enfin, on peut s’y rendre pour un séminaire et pourquoi pas… s’y marier !
Bibliographie
- Jean-Luc Marais, « Mines, carrières et sociétés dans l’histoire de l’Ouest de la France », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest Anjou Maine Touraine, 1997, Tome 104, numéro spécial
- Anciens cours d’histoire de classe de Première par Bernard Barroche
Bulletin municipal :
- Le petit Louvernéen
Sites internet :
- sahm53.fr
- echologia.fr
- echologia.com
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Alain Garabiol
Ignorés par les monuments historiques, les fours à chaux font partie du patrimoine industriel de la Mayenne.Au XIXème siècle, celle-ci a connu un essor important grâce à la production de la chaux et aujourd’hui, c’est ce passé que voudrait faire renaître une association de protection.[Catherine Jeunot], [Joël Lepine].
Catherine Jauneau
Ce morceau de pierre, c’est de la chaux vive.Mélangé à l’eau, l’effet est immédiat : le bloc chauffe et se dissout.En Mayenne, l’industrie de la chaux débute dès le XVIIIème siècle.Au milieu du XIXème, elle est à son apogée.La chaux est obtenue en brûlant du calcaire, une pierre très répandue dans les carrières mayennaises.L’opération est pratiquée dans des fours à chaux, véritables cathédrales industrielles érigées dans le triangle Laval, Evron, Grez-en-Bouère.
Bernard Crenn
La production de la chaux se fait à proximité même de la carrière, c’est une des caractéristiques de cette industrie.Au départ, c’est une petite industrie rurale, dispersée et puis au cours du XIXème siècle surtout après 1855, on voit apparaître de véritables usines à chaux avec une concentration et une meilleure organisation.Au début du XIXème siècle, il n’y a pas encore le chemin de fer, la clientèle se déplace souvent, fait des dizaines de kilomètres avec des tombereaux pour venir acheter de la chaux et surtout quand elle est bonne et celle de la Mayenne est très bonne, c’est un de ses atouts.Alors cependant donc, l’installation du chemin de fer en 1855 ici à Louverné donne à un coup de fouet spectaculaire et donne des possibilités d’exportation notamment vers la Bretagne.
Catherine Jauneau
Principaux acheteurs : les propriétaires terriens, ils utilisent la chaux pour amender les sols.L’augmentation des demandes créera une mutation du site industriel.
Bernard Crenn
Dans les années 1830, on reconnaît un four à chaux alimenté au charbon au fait qu’il a en gros une forme de tourelle la plupart du temps renforcée par d’épais contreforts et puis 3 ouvertures inférieures.Alors, ces ouvertures inférieures servent à décharger la chaux une fois cuite.Au contraire, donc après 1855 on a une deuxième génération.Il s’agit d’ensembles beaucoup plus massifs ayant en gros une façade imposante en forme de falaise et puis des cuves qui ne débouchent en bas que sur une ou deux petites ouvertures, en tous les cas, une embrasure, une niche à la base de chaque four.
Catherine Jauneau
L’exode rural et la concurrence des engrais chimiques sonnent le glas des fours à chaux à la fin du XIXème.Aujourd’hui désaffectés, ils risquent de mourir à petit feu s’ils ne sont pas considérés comme vestiges du patrimoine.
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