EuraTechnologies et la Ch'tilicon Valley
16 juillet 2013
02m 49s
Réf. 00009
Notice
Résumé :
EuraTechnologies, un pôle dédié aux nouvelles technologies, va s'agrandir pour devenir la Silicon Valley de la France. Ce projet a été porté dès le départ par Pierre de Saintignon, premier adjoint au maire de Lille. Son souhait était de faire du quartier une référence en matière numérique et de nouvelles technologies.
Type de média :
Date de diffusion :
16 juillet 2013
Personnalité(s) :
Thèmes :
Lieux :
Éclairage
Le reportage revient sur la reconversion de l'ancienne usine textile Le Blan-Lafont, qui accueille désormais le cluster numérique EuraTechnologies [1], et sur ses conséquences sur le quartier Bois-Blancs, à Lille. L'histoire du lieu est emblématique des mutations qui touchent, depuis les années 1970, la métropole lilloise. La filature est fondée à la fin du XIXe siècle, en 1896, et se modernise rapidement. Durant la période des "Trente Glorieuses", elle figure parmi les sept filatures les plus importantes de France. En 1953, elle emploie plus de 2400 employés, et fournit, avec 7000 tonnes de fil, 3% de la production nationale. Mais, comme la plupart des autres secteurs industriels de la région, l'usine Le Blan-Lafont est progressivement frappée par la crise. Malgré plusieurs mouvements sociaux, la société n'emploie déjà plus que 800 salariés en 1979, et dépose le bilan dix ans plus tard.
En 1996, le site fait l'objet d'un plan de reconversion. Le reportage rapporte ainsi le témoignage de Pierre de Saintignon qui, comme de nombreux élus de la métropole, et avec le soutien de la presse régionale, a cherché à relancer la compétitivité des bassins d'emplois sinistrés par la globalisation économique et le déclin rapide des activités traditionnelles. De fait, la part de l'emploi industriel sur l'aire de Lille Métropole est passée de 39,6 % en 1975 à moins de 9 % en 2012. Parallèlement, les différents échelons institutionnels (État, Région et Métropole) ont encouragé la reconversion tertiaire du territoire. La démarche de Pierre de Saintignon et l'inauguration, en 2009, d'EuraTechnologies, s'inscrivent dans ce contexte. Celui-ci se caractérise notamment par l'émergence de ces "élus entrepreneurs" qui, indépendamment de leurs couleurs politiques, visent à créer un environnement favorable aux affaires. Le "pôle d'excellence" EuraTechnologies a été pensé pour favoriser la concentration d'entreprises high-tech, l'implantation de grandes multinationales du secteur numérique, et le rapprochement entre recherche publique et innovation marchande.
En cherchant à "faire de ce quartier oublié une référence en matière de numérique", ce projet soulève néanmoins un certain nombre d'enjeux. Il renvoie à ce qu'une étude du Comité du Bassin d'Emploi de Lille nomme le "dualisme de l'emploi" qui s'observe sur la métropole [2]. Ce dualisme oppose d'une part des métiers très qualifiés (ici, ceux de la filière high-tech), et d'autre part des métiers précaires et peu valorisants (métiers d’agents d’entretien, ouvriers manutentionnaires, conducteurs de véhicules etc.). Évoquant les "jeunes cerveaux venus trouver ici un cadre propice à leur développement", ce reportage donne à voir le remplacement de la classe ouvrière travaillant dans le textile par une population structurellement plus jeune, bien plus diplômée et issue de différents horizons géographiques. En conséquence, il n'est pas évident qu'EuraTechnologies constitue réellement "un pôle d'attractivité dont profite le quartier", comme l'énonce le reportage. Certains discours militants n'ont pas manqué de pointer certaines des conséquences de ces transformations sur la vie quotidienne et l'émergence d'un Bois Blancs à deux vitesses, marqué par la fermeture des anciens commerces et l'augmentation des loyers [3].
En 2010, les classes moyennes supérieures représentent un tiers de la population totale, les étudiants... tandis que les classes populaires... de la population totale. Les changements qu'amène le site d'EuraTechnologies s'inscrivent ainsi dans un processus à la fois plus ancien et plus large. Plus ancien, dans la mesure où... Plus large, dans la mesure où les ouvriers sont aujourd'hui minoritaires sur l'ensemble de la métropole lilloise : en 2012, on compte environ 20 % de cadres et professions intellectuelles supérieures, pour 29% d'employés et 18% d'ouvriers.
[1] Le site d'EuraTechnologies http://www.euratechnologies.com/
[2] "Emplois et compétences sur Lille Métropole, quels visages en 2020 ?", CBELM, 2011.
consultable sur internet : http://docplayer.fr/12455092-Emplois-et-competences-sur-lille-metropole-quels-visages-en-2020.html
[3] "Les extra-terrestres débarquent à Bois Blancs", http://hors-sol.herbesfolles.org
En 1996, le site fait l'objet d'un plan de reconversion. Le reportage rapporte ainsi le témoignage de Pierre de Saintignon qui, comme de nombreux élus de la métropole, et avec le soutien de la presse régionale, a cherché à relancer la compétitivité des bassins d'emplois sinistrés par la globalisation économique et le déclin rapide des activités traditionnelles. De fait, la part de l'emploi industriel sur l'aire de Lille Métropole est passée de 39,6 % en 1975 à moins de 9 % en 2012. Parallèlement, les différents échelons institutionnels (État, Région et Métropole) ont encouragé la reconversion tertiaire du territoire. La démarche de Pierre de Saintignon et l'inauguration, en 2009, d'EuraTechnologies, s'inscrivent dans ce contexte. Celui-ci se caractérise notamment par l'émergence de ces "élus entrepreneurs" qui, indépendamment de leurs couleurs politiques, visent à créer un environnement favorable aux affaires. Le "pôle d'excellence" EuraTechnologies a été pensé pour favoriser la concentration d'entreprises high-tech, l'implantation de grandes multinationales du secteur numérique, et le rapprochement entre recherche publique et innovation marchande.
En cherchant à "faire de ce quartier oublié une référence en matière de numérique", ce projet soulève néanmoins un certain nombre d'enjeux. Il renvoie à ce qu'une étude du Comité du Bassin d'Emploi de Lille nomme le "dualisme de l'emploi" qui s'observe sur la métropole [2]. Ce dualisme oppose d'une part des métiers très qualifiés (ici, ceux de la filière high-tech), et d'autre part des métiers précaires et peu valorisants (métiers d’agents d’entretien, ouvriers manutentionnaires, conducteurs de véhicules etc.). Évoquant les "jeunes cerveaux venus trouver ici un cadre propice à leur développement", ce reportage donne à voir le remplacement de la classe ouvrière travaillant dans le textile par une population structurellement plus jeune, bien plus diplômée et issue de différents horizons géographiques. En conséquence, il n'est pas évident qu'EuraTechnologies constitue réellement "un pôle d'attractivité dont profite le quartier", comme l'énonce le reportage. Certains discours militants n'ont pas manqué de pointer certaines des conséquences de ces transformations sur la vie quotidienne et l'émergence d'un Bois Blancs à deux vitesses, marqué par la fermeture des anciens commerces et l'augmentation des loyers [3].
En 2010, les classes moyennes supérieures représentent un tiers de la population totale, les étudiants... tandis que les classes populaires... de la population totale. Les changements qu'amène le site d'EuraTechnologies s'inscrivent ainsi dans un processus à la fois plus ancien et plus large. Plus ancien, dans la mesure où... Plus large, dans la mesure où les ouvriers sont aujourd'hui minoritaires sur l'ensemble de la métropole lilloise : en 2012, on compte environ 20 % de cadres et professions intellectuelles supérieures, pour 29% d'employés et 18% d'ouvriers.
[1] Le site d'EuraTechnologies http://www.euratechnologies.com/
[2] "Emplois et compétences sur Lille Métropole, quels visages en 2020 ?", CBELM, 2011.
consultable sur internet : http://docplayer.fr/12455092-Emplois-et-competences-sur-lille-metropole-quels-visages-en-2020.html
[3] "Les extra-terrestres débarquent à Bois Blancs", http://hors-sol.herbesfolles.org
Rafaël Cos