Le parc de la Deûle

14 novembre 2009
07m
Réf. 00031

Notice

Résumé :
Balade découverte sur les chemins du Parc de la Deûle qui a reçu le Grand Prix du paysage du Conseil de l'Europe. Depuis quelques années, ses sentiers balisés sont devenus un lieu de promenade privilégié des habitants de la Métropole. Bien que d'apparence sauvage, ce paysage a été entièrement redessiné et réaménagé à l'image de Mosaïc et ses jardins des cultures.
Date de diffusion :
14 novembre 2009
Thèmes :

Éclairage

Le document nous présente le parc de la Deûle, principal poumon vert de la métropole, en voie d’accomplissement. Avec 17 m2 d’espaces verts par habitant, l’agglomération est très mal servie dans son ensemble malgré les jardins publics hérités du XIXe siècle, le parc Barbieux à Roubaix, le bois de la citadelle à Lille ou le tout nouveau parc Matisse à Euralille. Le parc de la Deûle rééquilibre la donne en proposant 350 hectares d’espaces protégés entre Santes et Seclin le long de la Deûle au sud-ouest de la métropole. Le grand prix du paysage du Conseil de l’Europe pour la reconquête des paysages lui est accordé en cette année 2009. Sur les sentiers balisés du parc, promeneurs et groupes de marcheurs suivent les indications des éco-gardes concernant la faune et la flore dans un site champêtre où l’eau est prédominante. Mais l’aspect idyllique du paysage masque le travail accompli que nous révèle Pierre Dhénin, artisan passionné du projet au sein de l’Espace Naturel Métropolitain. Dans les années 60, la Deûle est la rivière la plus polluée de France par les rejets industriels des établissements qui la longent. Des mares noires et mortes sont infestées de matériaux lourds très nocifs comme le cadmium. Décharges et friches industrielles se partagent le site. Ce qui se présente à nous aujourd’hui est donc un paysage complètement redessiné, artialisé, bref une œuvre de concepteurs-paysagistes qui prend toute son envergure sur le site-phare du parc : le jardin Mosaïc et ses jardins des Cultures.

L’histoire du parc est en fait longue et complexe. L’entretien de Bruno de Rouvres nous remémore l’émergence du projet en 1968 par l’OREAM-Nord, Organisation d’études et d’aménagement des aires métropolitaines dans le cadre de renforcement des métropoles d’équilibre. Il s’agissait de relier la métropole lilloise au bassin minier en formant une "aire centrale urbaine" de Lille à Lens. Le projet de parc confié au paysagiste Jean Challet, s’étendant sur 1000 hectares devait régler le problème de l’approvisionnement en eau potable de la métropole et compenser le manque d’espaces de loisir. Devant l’hostilité du monde agricole et le manque de volonté politique, le projet est abandonné. Pierre Mauroy, maire de Lille et président de la Communauté urbaine ressort le dossier en 1991 avec les maires des communes concernées et une concertation avec les agriculteurs puis la création en 1993 de la Mission Espace Naturel Métropolitain sous la direction de Pierre Dhénin. Un nouveau projet est dessiné en 1995 par l’équipe de Jacques Simon, Jean-Noël Capart et Yves Hubert. C’est un "équipement de nature" qui maintient l’activité agricole et développe de nouveaux rapports entre ville et campagne, comme en témoignent Yves et Xavier Collette, agriculteurs à Seclin. En 2002, un concours international s’ouvre pour la création du jardin Mosaïc sur 33 hectares à Houplin-Anscoine : ce jardin des communautés, inspiré du festival des jardins de Chaumont-sur-Loire, ouvre ses portes en 2004 à l’occasion de Lille capitale européenne de la culture, et connaît depuis un succès non démenti.

Chantier après chantier, le parc est en cours d’achèvement dans un engagement HQE, haute qualité environnementale, en répondant aux trois thèmes initiaux :

- la "nature retrouvée" par reconstitution des milieux naturels proches des villes
- la "nature domestiquée" par valorisation des paysages agricoles et d’une agriculture biologique
- la "nature rêvée" par la création du jardin Mosaïc à la fois zoo et jardin botanique


 Pour aller plus loin :

- Le jardin Mosaïc :  http://www.enlm.fr/sites/enlm/home/mosaic.html

- Le Parc de la Deûle:  http://www.espacespublics-lillemetropole.fr/fr/paysages-urbains-metropolitains/item/182-le-parc-de-la-deule.html

- Le relais nature du Parc de la Deûle : http://www.enlm.fr/home/relais-nature/relais-parc-de-la-deule.html
Dominique Mons

Transcription

Présentateur
Avec un peu moins de 17m2 d'espaces verts par habitant, la métropole lilloise, on le savait, est en Europe une des métropoles les moins riches en espaces verts, et pourtant, elle vient de se voir décerner le Grand Prix du Paysage du Conseil de l'Europe, une belle récompense pour le parc de la Deûle notamment. Symbole d'un long travail de reconquête des paysages. C'est le grand format de cette édition, il est préparé par Caroline Arnold et Jean-Stéphane Maurice.
(Musique)
Journaliste
Balade-découverte sur les chemins du parc de la Deûle.
Guide
On l'appelle l'ortie, l'ortie blanche mais euh...
Journaliste
Depuis quelques années, ces sentiers balisés sont devenus un lieu de promenade privilégié pour les habitants des communes alentour et quelques Lillois. Ce jour-là, c'est un groupe de marcheurs locaux qui suit les pas et les explications d'un des éco-gardes affecté au site.
Guide
Ces roseaux, ben ils vont permettre plusieurs choses, ils vont permettre à des oiseaux d'aller se planquer, d'aller se cacher pour éviter les prédateurs.
(Musique)
Promeneur
Moi quand je viens avec mes petits-enfants, j'ai toute la colonie de canards, les cygnes, les oies, les oiseaux, les fleurs, donc c'est formidable, quoi.
Journaliste
Il y a quelques années, pourtant, ici ne coulait qu'un tout petit ruisseau, à quelques pas d'une décharge aujourd'hui disparue sous la terre et les arbres. Bien que d'apparence sauvage, ce paysage a donc été entièrement redessiné, réaménagé à l'image de l'ensemble du parc de la Deûle et de son site phare : Mosaïc et ses jardins des cultures.
(Bruit)
Marc Delrue
Ah ben ici, c'est la nature rêvée hein, donc on veut vraiment que les gens, ils arrivent ici : on est ailleurs, on n'est pas à Lille, on est vraiment ailleurs. Et beaucoup de gens nous disent en arrivant : Mais c'est le paradis, ici !
Journaliste
Un paradis qui vient de fermer ses portes le temps de laisser passer l'hiver et de permettre aux jardiniers de travailler. Mais pour le seul espace payant du parc, la saison s'achève sur un record : 75 000 visiteurs cette année.
Pierre Dhénin
C'est ici que les visiteurs du parc de la Deûle vont trouver tous les services. Ils vont trouver la restauration, ils vont trouver un parking, ils vont trouver l'accès en bus, ils vont trouver l'accès aussi en bateau, etc. Donc tout converge vers Mosaïc, mais Mosaïc c'est le point de départ, point de départ vers la découverte, vers la découverte de ce qu'est réellement le parc de la Deûle.
Journaliste
Car au-delà de Mosaïc, le parc de la Deûle, c'est aujourd'hui 350 hectares d'espaces naturels protégés, éclatés entre Santes, Don et Seclin. Des espaces gagnés sur des terres polluées et déstructurées par l'industrie et l'agriculture intensive, un parcours qu'a suivi pas à pas Pierre Dhenain.
(Bruit)
Pierre Dhénin
Le parc de la Deûle, ça a d'abord été un pari, d'abandonner ce qui avait été pendant 30 ans, plus que ça, l'exemple-même du développement non durable. Et ici, il y a 20 ans, c'était une toute petite mare, noire, morte, ça nous a beaucoup surpris quand on est arrivés, on a vu cette eau dormante, y'avait rien dedans. Et du coup on a fait des sondages dans les boues, et on trouvé du cadmium, qui est un métal lourd cancérigène, extrêmement dangereux. cette pollution était arrivée 30 ans avant, par la Deûle.
(Musique)
Journaliste
A la fin des années 60, début 70, la Deûle est l'une des rivières les plus polluées de France. Souillée, comme les terres alentour, par les rejets industriels notamment. Mais c'est aussi l'époque où apparaissent les premiers plans d'aménagement d'un territoire déjà fortement urbanisé.
Bruno Rouvre (de)
Ces pôles, nous les avons, avec des villes anciennes, dynamiques, riches d'histoire. Ce réseau de villes a pour avantage d'offrir des centres urbains à l'échelle humaine, d'offrir la campagne à proximité de la ville, avec la possibilité de ménager des grandes coupures vertes entre les espaces urbanisés.
Journaliste
C'est ainsi que naît le projet de parc de la Deûle, celui d'une grande trame verte qui doit relier Lille et Lens le long du cours d'eau pour offrir un lieu de loisirs aux citadins, tout en protégeant les ressources en eau potable. Mais rapidement, le projet se heurte à un manque de volonté politique et à l'opposition farouche des agriculteurs.
Yves Collette
L'agriculture ne pouvait être que contre, parce qu'il y avait des ambitions énormes de la part du parc, qui avait des emprises très importantes en nombre d'hectares, et qui donnait l'impression de mettre les agriculteurs dehors, c'était la politique "Ote-toi de là que j'm'y mette".
(Bruit)
Journaliste
Il faudra alors attendre plus de 20 ans pour que le projet ressorte des tiroirs, soutenu cette fois par Pierre Mauroy et la communauté urbaine de Lille. 1999, les travaux débutent, à Santes, Houplin-Ancoisne et Wavrin, les trois communes offrent ses premiers hectares au parc. Mais avant, il aura fallu convaincre.
Bernard Davoine
Les gens de terrain, les gens du cru d'abord, d'abord les agriculteurs avaient une peur. Ils se disaient : On va nous piquer nos terres. Et il a fallu, effectivement, beaucoup de travail de persuasion, de concertation avec eux pour arriver à ce que ils comprennent que manifestement, c'était leur intérêt.
Yves Collette
Le parc ne se fera qu'avec l'agriculture. Sans l'agriculture, on fera pas le parc. Donc ça, ça nous a étonnés en bien, on a été attentifs et on a commencé à être plus à l'écoute des propositions qui nous étaient faites.
Journaliste
Finalement, comme beaucoup de ses collègues, Yves Collette a accepté d'aménager une partie de son exploitation pour embellir sa ferme, et participer aux ambitions paysagères du parc.
(Bruit)
Journaliste
Avant que celui-ci ne devienne un atout pour l'activité de cueillette et de vente directe, gérée aujourd'hui par son fils.
(Bruit)
Xavier Collette
On a eu des gens de Lille, de Wavrin, de Santes, qui venaient se balader aux bois de Phalempin ou qui venaient se balader sur le canal de Seclin, qui n'avaient pas connaissance de notre activité, et du coup qui sont venus nous rendre visite, et puis à la cueillette, et puis en magasin après.
(Bruit)
Journaliste
Désormais, loin des oppositions et des craintes, le parc de la Deûle peut poursuivre son chemin, chantier après chantier. Aujourd'hui, c'est près d'une centaine d'hectares à Haubourdin qui sont en cours d'aménagement. A première vue, un vaste jeu de massacre et de reconstruction.
Pierre Geneau
Devant nous, on est dans un périmètre de protection moins strict que derrière, ici, où là on est sur une protection absolue, sur laquelle on boise, on reboise intégralement. Y a un tiers de l'eau de la métropole lilloise qui est sous nos pieds, donc dans les travaux qu'on fait, le but c'est de protéger cette ressource. Alors on change les peupliers pour un boisement plus pérenne qui va filtrer davantage et protéger davantage le, la ressource en eau.
(Musique)
Journaliste
Et puis ce chantier, c'est un pas de plus vers la réalisation du rêve : relier Lille à Lens le long de la Deûle par une coulée verte ininterrompue.
Pierre Dhénin
Ce qui était important, c'était de montrer que c'était faisable. Bon, on l'a fait, ça avance aujourd'hui, et bien maintenant, il y a encore des zones plus difficiles, des friches industrielles, qui posent des problèmes graves de pollution, qu'il va falloir avancer. Et puis, tout simplement, il y a aussi le nerf de la guerre, il faut que l'argent arrive.
(Musique)
Pierre Dhénin
J'y crois fondamentalement, et je suis persuadé que dans les 5 à 10 ans qui viennent, et bien le grand parc de la Deûle existera.
(Musique)