Les traces de la Grande Guerre à Illies

26 juillet 2001
01m 46s
Réf. 00039

Notice

Résumé :
Illies est une petite commune près de La Bassée. Elle a un patrimoine historique ancien qui nous est présenté par Chantal Dhennin, présidente du Cercle Historique. Mais surtout, elle a été occupée par les Allemands en 1914 et pratiquement détruite à la fin de la guerre. Elle garde des traces de ce conflit comme un cimetière allemand et des blockhaus en plein champ.
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Date de diffusion :
26 juillet 2001
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Éclairage

Illies, petite commune près de La Bassée, est citée en 966 dans un document signé par le roi Lothaire. En 1240, Guillaume de Béthune fait don à l’abbaye de Loos de plusieurs terres, dites de l’Aulnois, situées près de la ferme d’Esquelies, sur le territoire d’Illies. Les moines cisterciens de l'abbaye de Loos, attirés par la fertilité des terres, s'installent et vont bâtir des bâtiments d'habitation, de travail et de stockage. En témoignent les vestiges actuels : la Grangia de l'abbaye, sur le terrain de golf actuel, et la porte de la ferme, à l'Écuelle, unique dans le pays de Weppes [1].

Le village offre un aspect unique dans le pays de Weppes : dans le hameau de Ligny-le-Grand se dresse un vaste bâtiment en briques qui fait partie des "églises réformées", un temple protestant. La commune abrite encore quelques protestants.

L’histoire du village est marquée par de nombreux troubles au cours des siècles suivants, peut-être en lien avec une des hypothèses sur l’origine de son nom "le champ du malheu", mais d’autres lui donneraient plutôt la signification de "lieu entouré d’eau".

Illies a eu la malchance de se retrouver sur des frontières ou des lignes de front. En 1647, au cours de la guerre entre la France et l’Espagne, le maréchal de Gassion chargé d’assiéger La Bassée, l’entoura d’une ligne de tranchées qui passait près d'Illies et deux ans plus tard en 1649, les troupes françaises du gouverneur de La Bassée livrèrent le village aux flammes.
En 1708, aussi bien les Français que les Espagnols la pillèrent lors du siège de Lille.

Pendant la guerre de 1914-1918, le village se trouve à nouveau sur la ligne de feu, au centre des combats entre les armées britanniques et allemandes, sur la Ligne Hindenburg. Arrivés le 17 octobre 1914, les allemands partent le 9 octobre 1918. Illies, complètement détruit, fut décoré de la Croix de Guerre. Sa reconstruction en 1919 a reçu l’aide du village de Saint-Nicolas-de-Bourgueil dans le Val de Loire.

Outre le monument aux morts au cœur du village, Illies compte sur son territoire des témoins de ces combats de la Première Guerre mondiale. Le cimetière allemand est le plus grand cimetière du pays de Weppes et regroupe les soldats morts aux combats des 17 villages alentour avec 2886 tombes de la guerre de 1914-1918 et quelques tombes de la guerre de 1939-1945.

Mais Illies est aussi connu comme le village aux 200 blockhaus. En 1915, le front se stabilise mais le terrain ne permet pas de creuser de tranchées et les allemands vont fortifier leurs positions avec une série de casemates. "Illies abrite une usine chimique qui leur permet de fabriquer des composés pour les explosifs d’obus et cartouches. Donc les Allemands maçonnent et bétonnent partout, y compris par-dessus des habitations existantes " [2]. A la fin de la guerre, les paysans touchent des subventions pour la destruction de ces fortifications, qu'ils utilisent pour reconstruire leurs fermes, si bien qu'il en reste encore 100 que la commune et la Société historique d’Illies essayent de mettre en valeur comme il est dit dans le reportage.

Un monument inauguré en 2007 a été érigé en la mémoire du capitaine écossais James Boyle, mort le 18 octobre 1914. Le 17 octobre au soir, Illies est pris par les Allemands. La 9ème brigade des Royal Scots Fusiliers commandée par James Boyle doit les repousser. Une féroce bataille s'engage au niveau d’Illies et Herlies mais le 18 au soir, les Britanniques reçoivent l’ordre de se replier, c'est alors que le capitaine Boyle fut mortellement touché.

Aujourd'hui, front et frontières ont disparu et ce village rural de près de 1500 habitants accueille de plus en plus de "rurbains" recherchant le calme de la campagne.



[1] Voir l'historique très détaillé sur le site de la commune http://www.illies.fr/fr/information/55533/histoire , historique tiré de La Mémoire de l'Ecuelle, ouvrage de Mme Chantal Dhennin Présidente du Cercle Historique d'Illies.

Et : Au fil d'Illies La revue de la société historique d'Illies , Septembre 2007, numéro 7
accessible sur internet : http://static.reseaudescommunes.fr/cities/1004/documents/sj1uwtlvgc4kn7n.pdf

[2] Voir le site internet des lieux de Mémoire et des fortifications : http://www.memoire-et-fortifications.fr/memoire/champs-de-batailles/illies-le-village-aux-200-blockhaus/
Martine Aubry

Transcription

(musique)
Delphine Herbette
Illies, petite commune près de la Bassée a longtemps eu le surnom de village aux sept châteaux et aux sept moulins. Ici, les restes d’une grange de l’abbaye de Loos.
Chantal Dhennin
C’est le plus ancien vestige d’Illies avant-guerre. Ce qu’il en reste, ce sont les colonnes, ce sont des colonnes en pierre bleue. Le sol qui est en dalles de Tournai, et puis, l’arrangement des briques, qui est typique d’avant la Révolution française.
Delphine Herbette
Est-ce, parce qu’Illies signifie champ du malheur. En 14, le village situé au bord de la ligne Hidenburg est occupé par les Allemands. Ils seront entièrement détruits, puis reconstruits. Témoin actuel de cette tragédie, un cimetière allemand très paisible, et surtout plusieurs centaines de blockhaus qui jonchent encore les prairies.
Daniel Hayart
Il y a une partie de ces blockaus qui ont été construits à l’intérieur des maisons, d’une petite ferme existante et tout ça. Et maintenant, on a une partie qui sert surtout dans les pâtures et tout ça, aux abris pour les bêtes. Au niveau du village, on a le projet d’en garder une partie dans le patrimoine quand même. Ce n’est pas un patrimoine gai, mais c’est quand même un patrimoine de mémoire.
Delphine Herbette
Pourtant, Illies, en d’autres temps au XVIIème siècle servit aussi de refuge aux protestants. Le village a toujours son temple.
Chantal Dhennin
Ici, si c’était un lieu de refuge, c’est parce que c’était une enclave, une terre d’Empire qui appartenait au saint Empire romain germanique. C’était un lieu où les personnes qui étaient persécutées au temps de Louis XIV avaient trouvé refuge dans le hameau. Dans la campagne périurbaine, c’est un lieu qui est rare.
Delphine Herbette
Illies, une campagne aujourd’hui très calme, qui abrite encore quelques protestants, une vingtaine d’agriculteurs pour 1 300 habitants et de plus en plus de rurbains épris de tranquillité.