La Libération de Lille

04 septembre 1944
10m 06s
Réf. 00037

Notice

Résumé :
Images réalisées par Roger Cadet, de la Libération de Lille du 2 au 4 septembre 1944. On assiste aux différents événements qui ont égrenés ces journées. Les drapeaux français flottent sur les édifices publics, des hommes casqués et armés, des voitures avec des résistants FTP ou FFI, sillonnent les rues. Place de la République la foule se presse autour de la Préfecture.
Type de média :
Date de diffusion :
07 octobre 1974
Date d'événement :
03 septembre 1944
Source :
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Lieux :

Éclairage

Les combats de libération partis du front de Normandie sont suivis attentivement dans le Nord. Comment vont réagir les Allemands dans leur retraite ? Du 19 au 25 août, les éléments FFI de Paris libèrent la capitale, le 1er septembre, les avant-gardes anglaises atteignent Arras.

Dans le Nord, dès le 20 août, les premiers indices de la retraite sont apparents. Sur les routes de Paris à la Belgique, par Valenciennes et Maubeuge, des convois de camions allemands circulent. À Lille, ces mouvements de retraite sont moins importants.

Cette Libération débute par une tragédie : le 1er septembre 1944, des prisonniers, arrêtés pour des actes de résistance, quittent la prison de Loos. Ce même jour, les blindés britanniques de la 2e armée britannique sont à Douai.

Le 1er septembre, les chefs militaires de la résistance étaient rassemblés dans une école de Fives. Le commandant Henry (FFI, chef départemental et commandant du secteur de Lille) propose d’étudier les conditions d’entrée en action. Il est décidé que les groupements FFI devaient se tenir prêts à entrer en action [1].

Le 2 septembre, quelques éléments allemands occupaient encore leurs casernements et leurs postes de commandement. Deux ou trois coups de feu claquent au loin dans les faubourgs du côté de Fives. Une automitrailleuse en position à côté de la Bourse se prépare à ouvrir le feu en direction des quelques civils qui circulent sur la place. En fin de matinée l’ordre de mise en route est donné et les derniers éléments des états-majors et la garnison évacuent Lille. En début d’après-midi, quelques coups de feu sont encore échangés avec une voiture allemande, trois ou quatre chars lourds allemands isolés, laissés en arrière-garde et stationnés aux carrefours, tirent de courtes rafales de mitrailleuses de temps à autre. Ces chars quittent Lille en fin d’après-midi.

Durant tout ce temps, le commandant Henry était resté à son PC, où le manque de liaisons et de moyens de transmission a rendu difficile l’exercice de son commandement, malgré les directives de la veille, seul un représentant de l’ORA était venu aux ordres [2].

Le 3 septembre, alors que les combats paraissent terminés, le passage à travers Lille d’Allemands retardataires donne l’occasion aux FFI d’entrer en action. Pris sous le feu, ceux-ci par petits groupes sont faits prisonniers. En fin de journée, les derniers coups de feu sont tirés. Lille est définitivement libérée.

En fin d’après-midi, deux autos-mitrailleuses anglaises arrivent, place de la Préfecture, entourées par la foule : un des rares détachements accueilli par les Lillois, le commandement britannique ayant décidé d’éviter Lille, en contournant la ville par Orchies et Cysoing.

Le 2 septembre à 18 heures, Lille était entièrement libérée de tous les éléments allemands qui avaient occupé la ville. Tous les casernements, magasins et bureaux abandonnés par les Allemands, sont occupés par les mouvements FFI qui se partagent les différents secteurs. Tout le matériel laissé sur place est rapidement récupéré.

Le Comité Départemental de Libération (CDL) du Nord sort de la clandestinité. Les résistants investissent l'hôtel de ville puis la préfecture. Roger Verlomme devient préfet du Nord. À 19 heures, il fait hisser le drapeau tricolore au mat de la Coupole.

Dans toutes les rues, des drapeaux tricolores apparaissent aux fenêtres, les automobiles récupérées sur l’ennemi, surchargées de combattants de la résistance et bariolées de grandes inscriptions FFI circulent dans tous les sens. C’est alors la grande liesse de la libération.

Il fait soleil, la foule se répand dans les rues, rue Faidherbe, boulevard de la Liberté, place de la République. Les FFI, les soldats alliés sont ovationnés, embrassés, complimentés. Le drapeau tricolore s’affiche aux fenêtres et dans les mains de la foule qui défile dans les rues de la ville. Des inscriptions "Honneur aux FFI Vive les Alliés" - "Honneur aux Libérateurs" sont peintes sur les façades, des broches aux couleurs nationales ornent les corsages, le portrait du général de Gaulle s’affiche dans les vitrines… Les Lillois se réapproprient leur ville…

Parallèlement tous les souvenirs de l’occupant sont détruits : enseignes, portraits d’Hitler, d’Himmler, et enfin honneur est rendu aux combattants par le dépôt de gerbes au pied du monument aux morts de la Grande Guerre.

Le 3 septembre, Francis Louis Closon devient commissaire de la République. La législation du gouvernement provisoire s'applique dans le Nord-Pas-de-Calais et le 4, à la reprise des émissions de Radio Lille, le CDL appelle au calme, à la discipline et à l'ordre, mais annonce aussi le maintien du rationnement.

Le général de Gaulle effectue son voyage dans sa ville natale en octobre 1944, accompagné d’Augustin Laurent, futur maire de la ville. Dans la foule qui l'acclame, le général remarque "trop de visages dont le sourire n'efface ni la pâleur ni la maigreur".

 

[1] Les Forces françaises de l'intérieur (FFI) sont le résultat de la fusion, au 1er février 1944, des principaux groupements militaires de la Résistance : l'Armée secrète (AS), l'Organisation de résistance de l'armée (ORA), les Francs-tireurs et partisans (FTP, communistes), etc. Dans le Nord, les FFI regroupent  aussi Libération Nord (socialistes), l'Organisation Civile et Militaire (OCM, droite), mais encore des mouvements  locaux comme Voix du Nord (VDN) s'appuyant sur un journal clandestin, War Office (WO) constitué d'officiers de police, Ceux de la Résistance (CDLR). L'unification de ces groupes n'a lieu que le 20 août. Le commandant Henry, FTP, prenant le tête du comité départemental (CDL) et du secteur de Lille. 

[2] L'Organisation de résistance de l'Armée (ORA) organisation regroupant d'anciens militaires français à l'origine dans le sud de la France. Elle fusionne en février 1944 pour former les FFI, tout en conservant son autonomie.

Sources :

Étienne Dejonghe, Daniel Laurent, La Libération du Nord et du Pas-de-Calais, Paris, Hachette, 1974, 300 p.

Roland Maurice, "La Libération de Lille (2 et 3 septembre 1944)", dans Revue du Nord, Année 1969, vol. 51, n° 203, p. 757-769.
Martine Aubry

Transcription

(musique)
Pierre Tabart
Le Fuhrer du troisième Reich avait dit : "les soldats de la Wehrmacht attendent avec impatience le moment de se mesurer aux troupes alliées. Si nos ennemis tentent de débarquer ils ne resteront pas 9 heures sur le sol de l’Europe".
(musique)
Pierre Tabart
L’impatience de la population lilloise dépasse celle du soldat allemand. Pour saluer le retour de nos alliés, les drapeaux sont sortis dès le samedi 1er septembre. Et flottent aussi bien sur les édifices publics qu’aux fenêtres des maisons particulières.
(bruit)
Pierre Tabart
Pourtant, Lille n’est pas encore libérée. La guérilla menée depuis le matin par les forces françaises de l’intérieur continue. Elle durera jusqu’au lendemain, faisant retentir la ville du bruit de la mitraille et du ronflement des moteurs lancés à plein régime.
(bruit)
Pierre Tabart
L’heure est à la récupération, les FFI ne se font pas faute d’accroître ou de compléter leur matériel de guerre. Ce matériel qui surgit à la dernière seconde a permis cependant de tenir tête aux fameux chars Tigres, orgueil de la propagande ennemie.
(bruit)
Pierre Tabart
Tout cela n’est déjà plus qu’un souvenir. Mais l’insatiable appétit d’acclamations dont témoignent les Lillois ne trouve encore pour s’apaiser qu’un seul Tommy égaré qui rejoint son régiment.
(bruit)
Pierre Tabart
Bientôt pourtant, une silhouette française paraît. Le capitaine Lefebvre, officier de liaison, retrouve sa ville natale. La préfecture accueille celui, dont grâce à la BBC, nous connaissions déjà la voie. Son visage souriant, son uniforme de chez nous, symbolise le retour du pays à la joie et à la liberté. Les Britanniques qui ont accompagné le capitaine Lefebvre font l’objet d’une offensive peu redoutable, celle des amateurs d’autographe.
(bruit)
Pierre Tabart
Mais soudain, un cri, les voilà, les premiers chars alliés ont débouché sur la place de la République. Ils ne cesseront plus de défiler, pris d’assaut au passage par de jeunes lillois ivres d’enthousiasme et surtout par de jeunes lilloises aux baisers intrépides et sonores.
(bruit)
Pierre Tabart
L’invincible Wehrmacht défile elle aussi, mais dans la direction du camp de prisonniers.
(bruit)
Pierre Tabart
Et la foule va pouvoir donner libre cours à sa joie dans les rues que ne parcourent plus les uniformes verts sales.
(bruit)
Pierre Tabart
Partout, les camelots se sont répandus, offrant leurs insignes, leurs rubans, leurs drapeaux, et même, pourquoi pas, des belles aiguilles à coudre à repriser.
(bruit)
Pierre Tabart
Les partis politiques sortent de l’ombre où l’envahisseur les avait confinés. La vie publique va reprendre.
(bruit)
Pierre Tabart
Au soir de ce premier dimanche de liberté retrouvée, Lille rend hommage à ceux qui, hier, héroïques soldats sans uniforme, témoignent aujourd’hui au côté des troupes alliées de la présence de la France. Beaucoup d’entre eux ont payé de leur sang, les armes à la main, ou parqués dans les infâmes camps d’Hitler le prix de la victoire.
(bruit)
Pierre Tabart
Et notre beffroi peut contempler loin vers l’horizon de la plaine flamande, la fuite d’une armée qu’il ne doit plus revoir.
(musique)
(silence)