La vie sociale dans le nouveau quartier Alma-Gare de Roubaix
12 décembre 1981
03m 08s
Réf. 00084
Notice
Résumé :
Reportage dans le quartier Alma-Gare constitué pour l'essentiel de courées insalubres et qui a fait l'objet à la fin des années 1970 d'une rénovation concertée avec les habitants au sein d'un atelier populaire d'urbanisme. Désormais, les locataires prennent en charge leur propre organisation.
Type de média :
Date de diffusion :
12 décembre 1981
Source :
FR3
(Collection:
JT FR3 Nord Pas de Calais
)
Personnalité(s) :
Thèmes :
Lieux :
Éclairage
La forme urbaine peut-elle répondre au malaise social ? En son temps, la restauration du quartier de l’Alma-Gare à Roubaix a tenté de le prouver. Le reportage de 1981 fait état de l’expérience en cours. Les années 1970 voient l’accélération du processus de désindustrialisation du versant nord-est de la métropole. En même temps, la résorption de l’habitat insalubre est une priorité dans une ville où la majorité de l’habitat populaire reste constituée de courées surpeuplées malgré la politique des grands ensembles des années soixante. Continuer la politique de rénovation urbaine semble une nécessité alors même que l’Etat se désengage de la politique des grands ensembles en 1971. Le percement de l’avenue des Nations Unis est réalisé en 1972 dans un souci de désenclavement urbain et d’ouverture vers Tourcoing ; mais il tranche dans le tissu urbain historique industriel et affecte particulièrement le quartier de l’Alma, siège des entreprises de La Redoute.
La partie dite Alma-Gare fait l’objet d’un projet de rénovation urbaine et un plan d’ensemble de reconstruction sous forme de plots d’habitations collectives est proposé en 1973. La population sur place y est défavorable et un atelier populaire d’urbanisme (APU) se met en place en 1974 pour faire des contre-propositions. On entre dans la période dite des "luttes urbaines" où les habitants veulent être associés au projet de leur cadre de vie pour un "vivre ensemble" dans un vrai quartier. Pour l’APU, habiter devient un acte militant et implique une responsabilisation des habitants locataires dans la vie sociale et la vie de quartier, au delà de l’anonymat des grands ensembles. Pour retrouver cette vie de quartier particulière à Roubaix dans les quartiers populaires où l’entraide était une nécessité, il faut retrouver la forme urbaine de l’îlot et de la rue, la mixité des populations et des activités sur place.
C’est ce qu’explique Jean Taquet, militant et habitant de la première heure dans la résidence Fontenoy. Après quelques voyages à Bruxelles et Bologne où sont expérimentées des architectures issues de luttes urbaines, les habitants de l’Alma choisissent des architectes belges, le cabinet AUSIA, pour réaliser une architecture modeste de briques et de tuiles où les espaces publics et semi-publics s’offrent à l’usager et permettent les rencontres : porches, galeries, coursives, place, espaces verts. C’est qu’il faut faire vivre un quartier de 6000 personnes de tout âge. Le programme est généreux et à la limite de l’utopie sociale : un atelier cuisine ouvert sur la ville qui permet les rencontres, un ciné-club, un atelier de mécanique auto, une outillothèque, une salle de sport, une halte-garderie et 4 hectares d’espaces verts...
Pour Bernard Carton de la Ville de Roubaix, la plus grande réussite consiste en l’intégration des personnes âgées dont les logements sont disséminés dans toute la résidence et qui se retrouvent dans le foyer-restaurant en utilisant les coursives. Ce modèle de foyer éclaté est alors unique en France.
Las, vingt ans après, les difficultés s’accumulent, les tensions remplacent l’entraide, la paupérisation refait surface. Un plan de rénovation et de résidentialisation banalise une expérience révolutionnaire en son temps.
La partie dite Alma-Gare fait l’objet d’un projet de rénovation urbaine et un plan d’ensemble de reconstruction sous forme de plots d’habitations collectives est proposé en 1973. La population sur place y est défavorable et un atelier populaire d’urbanisme (APU) se met en place en 1974 pour faire des contre-propositions. On entre dans la période dite des "luttes urbaines" où les habitants veulent être associés au projet de leur cadre de vie pour un "vivre ensemble" dans un vrai quartier. Pour l’APU, habiter devient un acte militant et implique une responsabilisation des habitants locataires dans la vie sociale et la vie de quartier, au delà de l’anonymat des grands ensembles. Pour retrouver cette vie de quartier particulière à Roubaix dans les quartiers populaires où l’entraide était une nécessité, il faut retrouver la forme urbaine de l’îlot et de la rue, la mixité des populations et des activités sur place.
C’est ce qu’explique Jean Taquet, militant et habitant de la première heure dans la résidence Fontenoy. Après quelques voyages à Bruxelles et Bologne où sont expérimentées des architectures issues de luttes urbaines, les habitants de l’Alma choisissent des architectes belges, le cabinet AUSIA, pour réaliser une architecture modeste de briques et de tuiles où les espaces publics et semi-publics s’offrent à l’usager et permettent les rencontres : porches, galeries, coursives, place, espaces verts. C’est qu’il faut faire vivre un quartier de 6000 personnes de tout âge. Le programme est généreux et à la limite de l’utopie sociale : un atelier cuisine ouvert sur la ville qui permet les rencontres, un ciné-club, un atelier de mécanique auto, une outillothèque, une salle de sport, une halte-garderie et 4 hectares d’espaces verts...
Pour Bernard Carton de la Ville de Roubaix, la plus grande réussite consiste en l’intégration des personnes âgées dont les logements sont disséminés dans toute la résidence et qui se retrouvent dans le foyer-restaurant en utilisant les coursives. Ce modèle de foyer éclaté est alors unique en France.
Las, vingt ans après, les difficultés s’accumulent, les tensions remplacent l’entraide, la paupérisation refait surface. Un plan de rénovation et de résidentialisation banalise une expérience révolutionnaire en son temps.
Dominique Mons
Transcription
Gérard Defives
Longtemps célèbre pour ses courées, Roubaix tente aujourd’hui de retrouver dans d’autres murs ce qui faisait la richesse sociale de ce type d’habitat, des relations de voisinage et une certaine solidarité. Les locataires, qui ont participé à la conception de cette résidence HLM, prennent maintenant en charge leur propre organisation.Jean Taquet
J’habitais Villeneuve-d’Ascq avec ma femme et mes enfants, et je veux dire, on a appris qu’il y avait une vie sociale, une vie de quartier. Et donc, ça nous a amenés à vouloir venir vivre à l’Alma et à Fontenoy notamment. Et ce qui est intéressant en venant vivre sur ce quartier, c’est que on n’est pas dans quelque chose d’anonyme. On est amené obligatoirement à rencontrer les gens et à se côtoyer les uns les autres, tout en ayant aussi notre propre individualité et en la préservant. Il y a, comment, un atelier cuisine qui permet de temps en temps aux gens du quartier d’aller manger, aux techniciens qui travaillent sur le quartier d’y manger, aux ouvriers qui travaillent d’y manger, et puis aussi aux gens, aux employés de La Redoute qui viennent manger ; donc qui font connaissance avec une vie de quartier, avec un dynamisme qui existe.Gérard Defives
Autre projet plus ou moins avancé dans la Résidence Fontenoy, un ciné-club, un atelier de mécanique auto, une outillothèque, pour ceux qui désirent emprunter des outils, une salle de sport, un espace vert de quatre hectares et une halte garderie. Une école primaire fonctionne déjà, elle devrait être complétée dans quelques années par un collège. À terme, en effet, l’ensemble de l’Alma Gare accueillera 6000 personnes de tous âges.Bernard Carton
On espère beaucoup trouver des jeunes travailleurs, des jeunes travailleuses, des couples, des célibataires, des personnes âgées, disons tout ce qui faisait l’originalité des quartiers anciens ; et qu’on veut recréer dans un habitat neuf qui a été fait avec cette volonté de disparité la plus totale. Je dirais même que sur les personnes âgées ; on a fait là une opération très originale, puisque on a voulu recréer avec des services pour les personnes âgées, puisque il y a un foyer restaurant, il y a même une unité de direction et de gestion ; des logements qui sont disséminés dans l’ensemble de cette résidence, qui permet la cohabitation totale des personnes âgées et des jeunes.Jean Taquet
Bon, par exemple, là, il y a une personne âgée qui devrait ne plus tarder à venir, bon ben, je veux dire, cette personne âgée sera accueillie par la coursive, quand elle arrivera, quoi, je veux dire.Intervenant 3
Je pense que la chose est intéressante dans le sens que on ne se sent pas un peu, comment dire, caserné ici, on peut dire, comme dans certains centres, hein, comme dans certains foyers, où alors tous les vieux se trouvent ensemble. Hein, ici, ce n’est pas le cas, ce n’est pas le cas. Et ma foi, je crois que ça ne peut être que bénéfique.Gérard Defives
Le système du foyer éclaté, pratiquement unique en France, préserve l’autonomie des personnes âgées tout en facilitant leur insertion dans un quartier en pleine renaissance. L’Alma-Gare, qui a déjà une vraie vie sociale, devrait maintenant attirer quelques commerces, il constituera bientôt un des pôles essentiels de la vie roubaisienne.(musique)