Bilan de la FINORPA trois ans après sa création : l'exemple de l'entreprise Moch à Béthune
Notice
Le bilan de la FINORPA ( Financière du Nord-Pas-de-Calais), trois ans après sa création, est positif avec 8 500 emplois créés. L'exemple de l'entreprise Moch de Béthune, spécialisée dans les pièces mécaniques pour l'aviation où est intervenue la FINORPA à plusieurs reprises, est révélateur. Créée pour 5 ans, elle s'interroge si l'État continuera à la financer.
Éclairage
A travers l'exemple d'une petite entreprise de Béthune, la firme Moch spécialisée dans les pièces mécaniques pour l'aviation, le reportage nous montre que la politique d'aide à la reconversion économique du bassin minier n'a pas concerné que les grands groupes. En effet, le déclin charbonnier est prévu de longue date, avec le plan Jeanneney de 1960, en raison du coût de revient trop élevé du charbon du Nord-Pas-de-Calais. Dès lors, l'État a mis en place très tôt des politiques d'incitations à l'installation d'activités nouvelles. Dès 1959, l'ouest du bassin minier, la première zone touchée par les fermetures de puits, reçoit des aides spécifiques à cet effet. Dès la fin de cette année, la grande multinationale américaine Firestone décide de s'installer à Béthune. A la fin des années soixante, le gouvernement encourage l'implantation des firmes automobiles françaises soit directement, à travers la Régie Renault qui est une entreprise publique, soit indirectement, à travers divers moyens de pressions (notamment l'accès au financement) sur les entreprises privées. Entre 1969 et 1972, s'installent Renault à Douai, la Française de mécanique (issue d'un partenariat entre Peugeot et Renault) à Douvrin (entre Lens et Béthune), la Société des transmissions automatiques à Ruitz (près de Béthune) et Simca (à l'époque possédé par Chrysler) à Hordain (entre Valenciennes et Douai). Par la suite viendront s'ajouter deux sites proches de Valenciennes, l'usine Peugeot Sevelnord en 1993, et l'usine Toyota en 1998. Ces installations sont relativement bien connues car les entreprises concernées sont des multinationales. Mais la reconversion a également concerné des PME, en particulier dans le domaine de la chimie et de la construction mécanique. La visite de la société Moch permet d'apprécier la modernité des installations, avec les presses à commande numérique. Si les conditions de travail ne sont pas optimales, avec notamment un bruit persistant, elles semblent toutefois largement meilleures que dans les minces veines de charbon du Nord-Pas-de-Calais, où les mineurs progressent courbés dans une atmosphère saturée de poussière de charbon.
L'acteur public principal de cette reconversion est la "Financière du Nord-Pas-de-Calais" ou FINORPA. Elle a été créée en 1984 mais elle reprend en fait les activités de la SOFIREM (Société financière pour l'industrialisation des régions minières) créée dès la fin des années soixante par les Charbonnages de France. L'aide à l'installation se matérialise par un concours financier sous forme de participation au capital ou de prêts. Après la fin de l'éphémère relance charbonnière tentée par le Président Mitterrand au début de 1983, l'accent est de nouveau mis sur la reconversion économique, objectif qui n'avait de toute façon jamais été abandonné. Cela explique que la FINORPA naisse peu après et soit dotée de financements conséquents, 100 millions de francs par an. Le bilan semble positif car 8 500 emplois ont été créés entre 1984 et 1986. A cette époque, les effectifs des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais sont encore d'environ 14 000 mineurs, contre 220 000 à leur maximum d'après-guerre. La reconversion fait feu de tout bois, de la PME à Renault-Douai, pour relever le défi de l'emploi.