Les sites des terrils de Rieulay et Pinchonvalles

18 décembre 1990
03m 26s
Réf. 00290

Notice

Résumé :

A Rieulay, le terril est exploité par la société TERCHARNOR, prestataire des Charbonnages de France. Yvan Bourgeois, responsable d'exploitation, donne les utilisations possibles des produits extraits. Parallèlement, ses 140 hectares (c'est le terril le plus vaste d'Europe), sont en cours d'aménagement en zone de loisirs. Le maire de Rieulay, Daniel Mio, affirme une volonté de réappropriation du site : au fur et à mesure de l'exploitation, les espaces communaux s'installent économisant ainsi l'espace rural. Ailleurs, on imagine d'autres utilisations qui s'appuient sur la naturalisation des sites comme au terril de Pinchonvalles où dans le cadre d'une opération "Chico Mendes", bois et végétation, parfois tropicale en été, s'installent créant une zone de refuge pour la faune.

Type de média :
Date de diffusion :
18 décembre 1990
Personnalité(s) :

Éclairage

Ce reportage, présenté au moment de la fermeture de la dernière fosse dans le Nord-Pas-de-Calais, dépeint une situation de transition. Les monticules artificiels que sont les terrils ont été constitués par les déchets et les schistes rejetés au cours de l'exploitation du charbon. Perçus peu à peu par les habitants comme des points de repère de la vie quotidienne, ils ont longtemps été considérés, aux yeux de l'extérieur, comme des symboles, le plus souvent négatifs, du Pays Noir. Mais la fin de l'industrie minière pose de nombreuses questions concernant à la fois leur propriété, leur destinée et les formes possibles de leur réutilisation.

Pour les Charbonnages de France, qui en demeurent d'abord les propriétaires, l'objectif principal demeure la valorisation économique des terrils, c'est-à-dire leur utilisation pour exploiter les schistes ou les charbonneux résiduels. Néanmoins, les élus considèrent qu'ils doivent à leur tour obtenir un droit de regard sur l'utilisation de ces biens. Ils estiment par ailleurs, avec les représentants du monde associatif, que les terrils peuvent avoir aussi une valeur écologique, patrimoniale et qu'ils doivent pouvoir s'inscrire dans des stratégies de reconversion et de réhabilitation plus globales. En 1992, la signature par les élus locaux et les Charbonnages de la charte des terrils permet de gérer provisoirement la situation. Mais il faut attendre le tout début des années 2000 pour en arriver à des solutions plus définitives. La filiale des Charbonnages qui possède ces biens (2 200 hectares, 130 terrils), Terrils SA, est d'abord rachetée par l'Établissement Public Foncier du Nord-Pas-de-Calais, à charger pour celui-ci de les gérer avant de les rétrocéder aux collectivités locales qui peuvent les intégrer dans leur politique économique, environnementale, etc.

Le reportage n'évoque que le début de ce processus, cependant il en dessine des grandes lignes, tout en s'attardant sur l'un des cas les plus significatifs et les plus novateurs en matière de gestion de terrils. Celui qui est évoqué ici couvre 140 hectares (c'est l'un des plus vastes de la région), principalement sur la petite commune mi-rurale, mi-minière de Rieulay dans l'est du bassin. Contrairement à l'image stéréotypée que l'on en a parfois, il s'agit ici d'un terril plat. Sa transformation doit beaucoup à celui qui devient dans les années 1970 le maire de la commune, Daniel Mio (il sera aussi par la suite président du Centre Historique Minier de Lewarde). Ce dernier comprend rapidement la nécessité d'intégrer la plus grande partie de la surface couverte par le terril dans des projets à finalité à la fois économiques et sociales (la base de loisirs) et environnementales. Il joue sur ce point de la proximité avec le Parc naturel régional Scarpe-Escaut, dont il devient d'ailleurs le président en 1989. Il initie une démarche qui a une importante postérité, sur le plan associatif (ainsi l'association "La chaîne des terrils", créée en 1988-1989) comme sur celui des collectivités locales, avec de nombreuses réalisations de nature très diverses . Aujourd'hui les terrils font l'objet d'une active politique de valorisation (1) et font partie des éléments patrimoniaux qui ont été retenus en 2012 lors du classement du bassin minier au patrimoine mondial de l'Unesco.

(1) Le site de la Chaîne des terrils : "La chaîne des terrils"

Marion Fontaine

Transcription

Journaliste
Avec son clocher et ses 1300 habitants, Rieulay a tout d’une commune bien tranquille. Pourtant ici, son immense terril est entièrement exploité par une activité industrielle d’abord, activité dirigée par la société Tercharnor, société prestataire des Charbonnages de France.
Yvan Bourgeois
Exploitation de terril de différentes manières, la première est l’exploitation en vue de récupération de produits charbonneux. Ce sont donc des produits qui sont utilisés en centrales thermiques ou en cimenteries ou éventuellement dans d’autres types de chaudières mais disons, à vocation énergétique. Deuxième activité, les produits à vocation travaux publics, troisième activité, ce sont également des schistes mais on parle là de schistes rouges, donc de terrils qui ont brûlé et que l’on utilise pour des terrains de football stabilisés, des pistes d’athlétisme, des sentiers de promenades, des trottoirs, tout un tas de choses.
Journaliste
Les intérêts sont nombreux, sociaux d’abord, puisque créateur d’emploi, économiques surtout. En effet, les prix de revient de la thermie sont inférieurs à ceux du marché libre d’aujourd’hui et l’importation des produits de l’extérieur est limitée. Grande originalité, sur ce même terril, de 240 hectares, existe une autre forme de réexploitation en cours, son aménagement en zone de loisir, comme nous l’explique, le maire de Rieulay.
Daniel Mio
Sur ce terril si vous voulez, ici, depuis toujours, on a décidé pour nous de ce qui s’y ferait. Nous on veut que l’espace que l’on va ainsi récupérer redevienne ce que nous, Rieulaysiens, on décidera d’en faire. Les Houillères ont exploité par tranche successive avec des trains, ce qui fait qu’on ne pouvait pas réutiliser le site au fur et à mesure de l’exploitation. Par contre depuis 2 ans, l’entreprise Tercharnor s’est installée sur le site avec un lavoir et agit d’une façon différente qui nous permet de réaménager le site au fur et à mesure de l’exploitation. Nous avons décidé de faire les équipements communaux sur cette friche afin de réhabiliter et en même temps d’économiser l’espace rural. Et nous avons donc dessiné une carrière hippique, un terrain de bicross, une piste de VTT, donc tous les équipements qui nous permettent donc d’avoir notre zone de loisir.
Journaliste
Sports, balades, pêches, bientôt même à Noeux-les-Mines une piste de sky synthétique, tous rivalisent d’imagination. Autre devise, celle des défenseurs de l’environnement, laisser la nature reprendre ses droits, comme sur ce terril de Pinchonvalles. Ici, dans le cadre d’une opération Chico Mendès, bois, forêts, végétations denses, tropicales même l’été, remplacent la grisaille.
Intervenante
Nous sortons sur le terril dans différents buts. D’abord géographique, là c’est l’agriculture, là c’est le Bassin Minier. Sur le plan géographique toujours, ça permet d’expliquer aux enfants des phénomènes géographiques qui se passent ici plus rapidement. La formation des ravins, qui existe en montagne mais sur des millions d’années, qui se fait ici plus rapidement. La recherche de fossiles, de cailloux qui peuvent, qui attirent les enfants. Et aussi l’observation, alors à différentes saisons, ici une fois en automne, une fois au printemps, de la faune et des traces laissées par les animaux, et la flore. L’évolution aussi du terril complètement vide comme celui qui est en face, le terril 17, pour arriver à celui-ci qui se couvre de végétation.