Exemple de conversion : l'imprimerie nationale à Douai

06 décembre 1978
02m 41s
Réf. 00209

Notice

Résumé :

Les différentes catégories de personnels employés à l'Imprimerie nationale de Douai sont présentées dans cet extrait. Ils viennent en grande partie du douaisis dont d'anciens mineurs qui se sont reconvertis. Le directeur de l'imprimerie détaille les différents types de reconversions et de formations des personnels des Houillères.

Type de média :
Date de diffusion :
06 décembre 1978
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Éclairage

L'Imprimerie nationale de Douai est présentée dans cet extrait comme l'exemple type de la "décentralisation réussie". Le terme le plus approprié est toutefois plutôt celui de "déconcentration", dans la mesure où le pouvoir reste centralisé à Paris. Il s'agit d'un exemple classique de déconcentration administrative. Le projet de créer un autre site de l'Imprimerie nationale, originellement établie à Paris, se concrétise en 1964-1965. Le processus de reconversion industrielle du Bassin minier en est alors à ses débuts. La décision d'implanter Renault à Douai intervient par exemple en 1969.

L'usine présentée ici offre en effet toutes les caractéristiques d'une reconversion-modèle. Elle est en effet moderne, propre et silencieuse. Elle représente l'envers la mine, sale et bruyante, souvent représentée comme un univers archaïque alors qu'elle subit une modernisation perpétuelle. Toujours dans le même ordre d'idée, il est souligné que l'Imprimerie emploie un tiers de femmes. Or l'univers du travail dans la mine est essentiellement masculin. Le problème du sous-emploi féminin, traditionnel dans les mines, a souvent été souligné. Même lorsque l'univers des Houillères est figuré, avec le terril situé à proximité de l'usine, la neige est présente pour atténuer la dureté du paysage minier. La caméra tourne rapidement pour mettre l'accent sur l'usine ultramoderne. Les différents statuts des employés de l'usine sont détaillés afin de souligner, de manière implicite, les avantages dont ils bénéficient car ils sont tous fonctionnaires du ministère des Finances. Ils cumulent ainsi la sécurité de la fonction publique avec le ministère offrant les primes les plus élevées. L'un des atouts de la région, sa situation géographique, est également mentionnée. Il est vrai que Douai est situé entre l'Île-de-France, la région française la plus riche, et l'Europe du Nord-Ouest, une zone densément peuplée et dynamique entre Londres, Bruxelles et Cologne.

Toutefois, les effectifs concernés restent limités. L'interview du directeur vise à montrer que des anciens mineurs sont employés dans l'usine, créant ainsi un lien direct entre le déclin charbonnier et l'installation de nouvelles activités. Mais seuls quelques dizaines d'employés sont concernés, pour un effectif plafonnant à 600 personnes. Par ailleurs, de nombreux emplois proposés nécessitent des qualifications que les mineurs n'ont pas. Dans le même temps, la chute des effectifs des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC) se chiffre en dizaines de milliers de personnes. De 200 000 employés en 1947, les HBNPC passent à 40 000 en 1974. Il est vrai que le bilan dressé par la préfecture de région en 1977 fait état de 40 000 emplois créés par la reconversion industrielle mais cela reste insuffisant, d'autant que le chômage augmente en France depuis 1974, dépassant justement un million de chômeurs en 1977, l'année précédant l'émission. Si l'Imprimerie nationale de Douai reste un exemple de reconversion, elle reste toutefois insuffisante face à l'ampleur des besoins.

Laurent Warlouzet

Transcription

Jean-Marie Ragot
L’imprimerie nationale de Douai compte actuellement 663 personnes, dont 577 ouvriers, 1/3 environ de ce personnel est féminin. Dans cette entreprise, il y a bien sûr un personnel d’encadrement réparti en deux secteurs. Personnel administratif, ce sont des fonctionnaires de l’administration centrale du ministère du Budget ; et un personnel technique, fonctionnaire du corps technique de l’imprimerie nationale et recruté sur concours.
(Musique)
Jean-Marie Ragot
Il y a bien sûr ensuite le personnel ouvrier, composé pour une bonne part d’habitants du Douaisis, des anciens mineurs par exemple qui se sont reconvertis.
(Musique)
Intervenant
Ces professionnels, le personnel ouvrier a d’abord été recruté à l’origine par la reconversion sur près de deux années de 30 mineurs, de 30 ouvriers professionnels des Houillères. La reconversion d’à peu près 60 à 70 personnels des Houillères sur quatre mois. Et maintenant, le régime de croisière veut que tout le personnel qui débute au départ dans un service commun, soit formé et accède à la profession au talent de professionnel, par examen, par test. L’imprimerie de Douai par conséquent avec son personnel est une école permanente de formation professionnelle.
(Musique)
Jean-Marie Ragot
Née en 1974, dans une région où l’emploi est un problème grave, l’imprimerie nationale a bien sûr apporté un certain espoir. Les élus du Douaisis ont vu dans cette création d’entreprise la possibilité d’un nouveau départ économique. Ils souhaitent que l’imprimerie nationale serve en quelque sorte de locomotive pour l’installation de nouvelles industries dans cette région ; une région dont les moyens de communication, routes, rails et eau sont extrêmement développés.
(Musique)
Jean-Marie Ragot
L’un des vœux principaux de ces élus est que les écoles techniques du Douaisis trouvent rapidement des débouchés sur place. Il est bien sûr évident que l’imprimerie nationale n’est pas capable de faire face seul à ce vœu. En tout cas, elle doit être un exemple pour d’autres industries futures dans la mesure, où elle est un essai de décentralisation, semble-t-il, réussi.