Les parcs régionaux ont 30 ans
Notice
Reportage dans le plus ancien parc naturel, le parc régional de la Scarpe et de l'Escaut créé près de l'ancien bassin minier. Il est devenu un lieu de loisirs : sports, bases aquatiques et de loisirs, pêche... Xavier Pouille, Chargé de mission Agriculture du Parc explique que l'on propose aux agriculteurs qui y sont installés des pratiques respectueuses de la flore et la faune. La réussite du parc c'est aussi la mise en valeur du patrimoine minier avec des terrils recouverts de végétation ou encore près de Rieulay des terrils en exploitation qui, précise Daniel Mio, Président du Parc régional, génèrent de l'emploi avec la centrale thermique qui marche grâce aux résidus de charbon.
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Éclairage
En 1964, une mission est mandatée par le Ministre de l'Agriculture, Edgar Pisani, et la DATAR (Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale) pour imaginer une forme de parcs moins contraignante que celle des Parcs nationaux (1960) sur des territoires ruraux habités au patrimoine remarquable. Le 1er mars 1967 le Général de Gaulle signe le décret créant les Parcs naturels régionaux (PNR). Ceux-ci ont pour vocation d'équiper les grandes métropoles en aire de détente ; ils doivent également aider les zones rurales à trouver de nouvelles voies de développement par la mise en valeur de leurs richesses naturelles et culturelles. En 1968, est créé le parc appelé initialement Saint-Amand-Raismes, qui couvre alors 12 000 hectares, aux portes de l'agglomération lilloise. Cependant cette situation fait aussi que le parc avoisine ou recoupe des espaces miniers, ceux de l'ouest du bassin du Nord-Pas-de-Calais et des anciennes compagnies d'Aniche, d'Anzin et de Valenciennes. Le PNR Saint-Amand-Raismes ne peut donc rester étranger à ces espaces, certes en partie urbanisés mais qui ont conservé une dimension rurale. Il le peut encore moins à mesure que les puits ferment, et que la question de l'usage des terrils et des friches minières se pose de plus en plus.
Un certain nombre d'acteurs locaux sont très tôt conscients de cet enjeu, et de la nécessité de faire du patrimoine minier l'un des traits distinctifs du parc. C'est en particulier le cas de Daniel Mio, futur président du Centre Historique Minier de Lewarde, et qui devient dans les années 1970 maire de la petite commune de Rieulay (1). Ce dernier obtient que sa commune, et son terril de 140 hectares, soit englobés dans le territoire du parc, dont il devient en 1989 le président. Sans doute cette incorporation de zones et de paysages industriels, même en voie de transformation et en partie d'effacement, ne se fait-elle pas sans débat, tant elle heurte les définitions stéréotypées du Parc naturel et du paysage (2). Il reste que l'évolution a lieu, et que les projets lancés par Daniel Mio parviennent à aboutir. Aujourd'hui, celui qui est devenu le PNR Scarpe-Escaut couvre 43 000 hectares, qui constituent le cadre de vie de 162 000 habitants. Ce parc épouse la frontière avec la Belgique pour former avec le parc voisin des Plaines de l'Escaut, le parc naturel transfrontalier du Hainaut. La mise en valeur du patrimoine industriel et paysager né du charbon (chevalements, carreaux de fosse, terrils) n'a cessé de se développer. Le PNR met beaucoup en avant cet "arc minier" qui couvre le sud de son territoire, par exemple à travers la course des terrils, qui a lieu chaque année à la fin du mois de septembre ou encore la mise en place d'une Maison du terril à Rieulay. De manière plus générale, la végétalisation de ces terrils, la naissance d'étangs ou de zones humides à partir des affaissements miniers ont créé de nouveaux espaces naturels, que le parc protège et fait découvrir aux visiteurs, ainsi avec un centre d'éducation à l'environnement sur le site de la fosse Amaury à Hergnies. Les actions lancées au sein du PNR visent par ailleurs à faire de ce dernier un lieu de développement économique et social durable, qui puisse stimuler cette partie de l'ex-bassin minier, en misant de plus en plus sur les services et les loisirs (création de bases de loisirs aux abords des terrils, tels que le lac des Argales à Rieulay ou le site Sabatier à Raismes).
(1) Voir Les paysages de la mine. Un patrimoine contesté ?, Lewarde, Éditions du Centre Historique Minier, 2009, p. 212.
(2) Hélène Mélin, "Le dualisme nature/culture à l'épreuve du paysage. Regard sur l'industrie comme élément du paysage naturel", Sociétés, n°109, 2010, p. 11-24.