Inauguration du refuge des Ecrins dans les Hautes Alpes
Notice
Présentation d'un refuge situé à 3200 mètres d'altitude dans la vallée de la Vallouise, face au Glacier Blanc. Il a été bâti par le Club Alpin Français en six mois. Il comporte 130 lits et une plateforme d'atterrissage pour hélicoptères, permettant ainsi des opérations de sauvetage. Il a été inauguré en présence de nombreuses personnalités du département des Hautes Alpes et de la région PACA.
Éclairage
La symphonie alpestre de Richard Strauss saisit le téléspectateur dès le début du reportage et se poursuit pendant toute sa durée. Rythmée par une tonalité qui mobilise l'imaginaire de l'aventure, elle fait écho aux images qui offrent la vision d'une nature immaculée dont il s'agit de célébrer la magnificence. La mise en scène du reportage, diffusé dans le journal télévisé du 16 septembre 1969, souligne les difficultés d'accès d'un territoire cerné de massifs. Elle s'inscrit dans une période marquée par un développement des pratiques d'alpinisme pour un public plus élargi et plus forcément spécialiste. Elle correspond également à une conjoncture engageant une réflexion sur la création des parcs naturels dont le commentaire du journaliste témoigne des hésitations en évoquant les Écrins au lieu du Pelvoux (Parc national créé en 1973). Dans ce contexte, le reportage met en avant le rôle structurant du Club Alpin Français (CAF) dans l'aménagement de ces espaces. Créée en 1874, cette institution vise à rendre accessible la montagne à divers publics. En organisant les premières caravanes scolaires, l'aménagement des sentiers ou la délivrance des premiers diplômes de guide, le CAF contribue à investir la montagne. Si le public concerné est longtemps resté limité aux catégories sociales les plus aisées, la seconde moitié du XXe siècle connaît un accroissement du nombre d'adeptes de randonnée pédestre ou de ski. Le CAF accompagne ce processus et contribue au développement du tourisme en créant de nombreux refuges dans les massifs français. Alors même que l'accès aux territoires de montagne a été pendant longtemps réservé à celles et ceux capables de marcher plusieurs heures, souvent dans des conditions difficiles, l'objectif était de créer des lieux permettant de faire une halte de quelques minutes ou de plusieurs heures (lors de départs à l'aube pour des courses de longue durée) sur des ascensions ou des parcours qui pouvaient durer plusieurs jours. A l'aune de ce reportage, il est possible de mesurer les évolutions en cours, notamment la réalisation de nouvelles voies d'accès par les airs permettant de faciliter les secours en montagne, qui constituent à la fin des années 1960 une préoccupation sociale importante. Une femme, un homme âgé et un jeune enfant permettent ainsi dès les premières secondes du reportage d'interpeller le téléspectateur. Loin d'être un détail, la capacité d'accueil du refuge de 130 personnes souligne le mouvement de diffusion des pratiques de montagne que le CAF accompagne. Installé sur un promontoire rocheux à 3200 mètres d'altitude, il est tout autant un lieu d'accueil qu'un outil d'aménagement d'un territoire en vue d'assurer la sécurité des personnes évoluant dans son espace. Contemporaine du processus de diffusion des pratiques, la mise en sécurité est un élément central du dispositif déployé par les institutions telles que le CAF.
Relevant d'une logique promotionnelle, le reportage illustre le soutien des autorités publiques (préfet, député, etc.) d'une initiative privée amenant à souligner avec force le rôle du CAF dans les dynamiques qui caractérisent le développement du tourisme de montagne. La présence d'individus en tenue officielle (guides, chasseurs alpins, etc.) rappelle par ailleurs la reconnaissance de cette institution par des professionnels aguerris, et par conséquent la confiance qu'il est possible d'avoir dans les réalisations que le CAF initie ou soutient.
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