Le plus grand téléphérique du monde en Savoie

Nous sommes en 2003 et ce reportage, contrairement à ce qui concerne d'ordinaire la montagne, passe au Journal Télévisé national (France 2) et non aux informations régionales. C'est une belle promotion commerciale et technique pour le domaine skiable puisqu'elle est faite en personne par le présentateur vedette du JT, David Pujadas.

Début des années 2000, les difficultés pour les stations sont nombreuses : l'enneigement n'est plus au rendez-vous (c'est une problématique à laquelle font face les stations depuis les années 1990), les séjours d'hiver au soleil sont des substituts aux vacances à la neige et les stations françaises sont mises en concurrence avec les stations étrangères. Le reportage est témoin de ces années où les stations doivent montrer qu'elles existent sur la scène internationale. Pour cela elles ont deux manières d'y arriver : soit elles disposent déjà d'un capital marque (notoriété à l'international avec souvent un positionnement luxe), soit elles doivent proposer aux skieurs une multitude de pistes sur un très grand domaine.

La France dénombre en 2013 pas moins de 14 domaines skiables entièrement reliés, répartis entre les Alpes du Nord, les Alpes du Sud et les Pyrénées. Les grands domaines, nés ces dernières années, sont Paradiski et Les Sybelles. Les trois plus grands sont tous situés en Pays de Savoie : les Portes du soleil, Les 3 vallées et Paradiski. Notons au passage que ces destinations sont vendues tels des produits : on choisit des noms évocateurs : « soleil », « paradis du ski», « six belles »...

Ainsi ce reportage, sur cette étonnante télécabine sans pylônes (200 places, deux étages) qui relie les Arcs et la Plagne en quatre minutes (« le plus grand téléphérique du monde » !), montre que cette prouesse technique (« survole une vallée habitée », « avec 400 m de vide », « chantier exceptionnel », « travail d'orfèvre ») va donner naissance à un très grand domaine skiable (Paradiski) avec 425 km de pistes. Au fond, le reportage sur cette haute technicité n'est qu'un prétexte pour mettre en avant la grandeur du nouveau domaine : il s'agit d'une vitrine technologique car, au final, cela n'apporte pas grand-chose du point de vue du ski, mais d'un point de vue concurrentiel, cette télécabine (nommée Vanoise Express) propulse Paradiski en troisième position des plus grands domaines skiables. En effet, le journaliste insiste sur le fait que cette télécabine va permettre à la nouvelle station d'accéder au club fermé des très grands domaines mondiaux et que, malgré le coût d'une telle réalisation (15 millions d'euros), les retombées économiques sont très importantes pour le territoire. En revanche, rien n'est dit sur le fait que cette installation marque le paysage et notamment le village de Peisey qui était jusqu'alors une station village aux portes du Parc de la Vanoise.