L'essor des remontées mécaniques

1962
06m 54s
Réf. 00001

Notice

Résumé :

Reportage sur les remontées mécaniques et l'accroissement de leur installation en station. Le développement des sports d'hiver a impulsé un grand mouvement d'équipement dans le domaine des remontées mécaniques. Le reportage fait le point à travers les installations de plusieurs stations de Val d'Isère à l'Aiguille du Midi en passant par Courchevel.

Date de diffusion :
1962
Source :

Éclairage

Le ski de loisir fait une apparition remarquée dans les années 1930, après les premiers Jeux Olympiques d'hiver, en 1924, à Chamonix. Mais ce sont les années 1960 qui vont marquer le boum des sports d'hiver. Lors de ce reportage, extrait des Actualités Françaises (1) en date de 1962, nous ne sommes qu'au début de cet engouement pour le ski. Ce n'est qu'à partir de 1965 que, grâce au Plan neige, des stations de ski sortiront de terre par dizaines.

C'est ainsi que le journaliste commence sa chronique : le développement des sports d'hiver et du tourisme de haute montagne est « un des phénomènes sociaux les plus surprenants de notre époque ». L'objectif du reportage est de montrer que la montagne française (« terre d'élection du ski et du tourisme d'hiver ») est moderne, en avance sur son temps et que l'expérience française en matière d'installations sportives peut profiter à de nombreux pays étrangers. D'ailleurs, contrairement aux reportages plus récents, le journaliste ne se focalise pas sur une seule station ; plusieurs sont mises en avant (Val d'Isère, Courchevel, la Vallée blanche avec l'Aiguille du Midi) pour bien montrer que ce modernisme s'applique à l'ensemble des montagnes françaises. Aucune interview n'est réalisée : seul le journaliste fait les commentaires et les acteurs ne sont qu'en arrière-plan ; dans la tradition de la représentation du monde ouvrier de l'époque : les ouvriers des tréfileries comme les techniciens des remontées illustrent les propos journalistiques.

Ainsi, la totalité du reportage, sur fond de très hauts sommets enneigés, est consacrée à la technologie (« machinerie puissante », « tension de 290 tonnes »...) et à la maintenance (« résistance à la tension et à l'usure »). Le journaliste montre surtout la production des câbles dans les industries régionales (« câblerie de Bourg en Bresse ») mais il ne cite pas les concepteurs et réalisateurs de ces remontées (téléskis et télécabines où la concurrence est forte avec notamment Montaz et Pomagalski) ainsi le but n'est-il pas à la fois de rassurer et de donner confiance à de futurs acheteurs étrangers d'équipements ? Il est également intéressant de noter la référence en termes de technique à la télécabine de l'Aiguille du Midi : une des plus anciennes, des plus complexes et des plus célèbres installations de montagne.

Ce qui est également à souligner c'est le parallèle particulier que fait le journaliste avec les transports en ville : « fluidité du trafic, facilité d'accès aux guichets, gare centrale à plusieurs destinations ». Comme si, transporter les personnes en plaine et en montagne ne relevait au fond que de la même exigence : fluidité et rapidité.

Notons également qu'on ne parle actuellement plus du 2 places mais du 8 places pour les télésièges : en fait le « tire-fesses » qui est présenté ici comme un élément de modernité fait désormais partie de l'histoire ; il a été remplacé par des cabines qui mettent le skieur à l'abri des intempéries.

Enfin, tout ce qui est développé et mis en avant dans le reportage pour vanter la montagne relève du back-office (2), or dans les reportages des années 2000 l'accent est mis sur le confort et l'expérience client. C'est une différence notoire, car actuellement, le back-office (même si il reste important) n'est qu'un moyen parmi d'autres de satisfaire le client. Ce n'est plus un avantage concurrentiel pour la station, bien d'autres éléments (notamment les services complémentaires) entrent en ligne de compte.

(1) Les « Actualités Françaises » font partie des collections d'archives d'actualités cinématographiques conservées par l'INA. L'ensemble de ces documents a fait l'objet d'une restauration de l'image et du son opérée par les équipes de l'INA. Ces films étaient diffusés dans les salles de cinéma sous les dénominations suivantes :

- Les « Actualités mondiales » (août 1940 – août 1942), version pour la France du journal allemand de l'UFA, seul journal cinématographique visible dans la zone occupée. En « zone libre » un journal cinématographique est édité d'octobre 1940 à août 1942 sous le contrôle étroit du régime de Vichy : le journal de France–Actualités Pathé.

- « France Actualités » (août 1942 – août 1944) : ces actualités du régime de Vichy sont diffusées sur tout le territoire et, à capitaux français et allemands, elles marquent l'engagement plus profond du gouvernement de Vichy dans la collaboration.

- « France Libre Actualités » (septembre 1944 – décembre 1944), journal cinématographique fondé en coopérative par plusieurs comités de Résistance.

- Ce journal d'actualités prend le nom « d'Actualités Françaises » à partir de janvier 1945 et sera diffusé dans les salles de cinéma jusqu'en février 1969.

(2) Partie non visible et non accessible aux utilisateurs finaux et qui sert de support pour l'offre.

Véronique Favre-Bonté

Transcription

Journaliste
Le développement des sports d’hiver et du tourisme de haute montagne est, particulièrement en France, un des phénomènes sociaux les plus surprenants de notre époque. Pour satisfaire ces besoins nouveaux, on estime qu’en 1968, le nombre des skieurs aura doublé en France. L’industrie des remontées mécaniques, téléphériques ou téléskis, entreprit un immense effort d’équipement. Modernisation des gares, facilité d’accès aux guichets ou aux portillons, écoulement des skieurs sans bousculade sont recherchés. Egalement recherchée, la solution de la gare centrale à plusieurs destinations.
(Musique)
Journaliste
Ainsi à Val-D’isère, une seule gare dessert la ligne qui amène au Pic de Bellevarde et celle qui permet d’accéder au sommet du Solaise.
(Musique)
Journaliste
Pour mener à bien ces réalisations, l’industrie française des remontées mécaniques bénéficie de l’expérience qu’elle a acquise dans la construction du téléphérique de l’Aiguille du Midi, le plus haut du monde. Si le premier tronçon, qui accède à 2317 mètres au Plan des Aiguilles, est sans difficulté particulière, il n’en est pas de même pour la deuxième partie du parcours.
(Musique)
Journaliste
La puissante machinerie, qui amène une cabine de 80 personnes au Plan des Aiguilles, doit ensuite en hisser une autre à 3800 mètres, le long d’un câble qui soutient, sur ces 3100 mètres de long, d’une seule portée, en plus de son propre poids, qui est de 41 tonnes, une tension de 290 tonnes, tension de dix fois supérieure à la normale.
(Musique)
Journaliste
Lorsqu’il arrive au sommet, le touriste peut admirer le plus beau des panoramas de haute montagne. Les Aiguilles de Chamonix, le Cervin, l’Eiger, tous les plus hauts sommets des Alpes sont devant ses yeux.
(Musique)
Journaliste
Dans ce morceau de roc, creusé comme une termitière, des couloirs donnent accès à de nombreux observatoires et le touriste a l’impression d’être à proximité du Mont Blanc.
(Musique)
Journaliste
Quant au skieur, il a accès en toute saison aux champs de neiges éternelles ; tout ceci grâce à une technique perfectionnée, tant dans la machinerie que dans la fabrication des câbles. Les câbleries de Bourg-en-Bresse se sont spécialisées dans cette difficile et très particulière fabrication. Elles peuvent fabriquer des câbles de toutes caractéristiques, répondant à toutes les exigences. Voici un exemple de fabrication. D’abord un premier câble appelé noyau, dont le diamètre peut varier de 40 à 90 millimètres.
(Musique)
Journaliste
Autour de ce noyau, des bobineuses, par enroulement successif de fils d’acier à haute résistance, vont donner au câble son diamètre définitif qui peut atteindre 105 millimètres.
(Musique)
Journaliste
La main de cet ouvrier donne une idée de l’importance de ce diamètre.
(Musique)
Journaliste
La résistance est rigoureusement contrôlée. Avec cette machine qui peut le soumettre aux plus fortes tensions, ce câble, prévu pour supporter 13 tonnes, ne se rompra qu’à une tension de 135 tonnes.
(Musique)
Journaliste
C’est grâce à la perfection de cette fabrication que des téléphériques, comme celui de l’Aiguille du Midi, ont pu être construits. Dans les stations de sports d’hiver, le fonctionnement quasi-permanent des remontées mécaniques exige plus que la résistance à la tension, la résistance à l’usure.
(Musique)
Journaliste
La vérification fréquente des points chauds, comme l’emploi d’acier de tréfilerie très résistant, permet aux sportifs de goûter en toute tranquillité aux beautés de la haute montagne.
(Musique)
Journaliste
Télécabines avec correspondances directes avec le téléphérique classique, mettent les plus hauts sommets à la portée du skieur ou du simple touriste.
(Musique)
Journaliste
Mais l’engouement, toujours plus grand pour les sports de neige, nécessite de plus en plus de remontées mécaniques à grand débit. A Courchevel, par exemple, on peut voir une solution originale de ce problème, le remonte-pente double. Cette ingénieuse installation permet un débit horaire de 1200 remontées.
(Musique)
Journaliste
Par ailleurs, le complexe sportif de Courchevel, un des plus importants et des plus modernes de France, épicentre de plus de 100 kilomètres de pistes balisées, doit faire face, sur ses 26 installations, à un débit horaire de 10000 remontées. Alors, le télésiège double le téléphérique ou le remonte-pente. A deux places, il permet un débit accéléré.
(Musique)
Journaliste
Son mode d’embarquement à la volée n’est peut-être pas à la portée des débutants maladroits, mais en général, le télésiège dessert des pistes pour skieurs ayant dépassé le stade des débuts.
(Musique)
Journaliste
Ainsi, le perfectionnement de la technique des câbles a permis la construction de plus de 600 installations dont le modernisme a fait véritablement de la montagne française la terre d’élection du ski et du tourisme d’hiver. Et de nombreux pays étrangers profitent maintenant de l’expérience acquise dans cette immense variété d’installations par l’industrie française des remontées mécaniques.
(Musique)