Le tourisme en montagne
Notice
Reportage sur l'activité des stations de sports d'hiver, l'été. Deux mondes différents sont présentés. Les stations villages comme Les Contamines Montjoie proposent des activités liées à la montagne (balade, randonnée). En revanche, dans les stations nouvelles comme Flaine, l'accent a été mis sur la pratique du tennis ou de la natation.
Éclairage
Ce reportage diffusé au niveau régional fait la promotion du tourisme d'été en montagne. Le charme du décor alpin se dévoile, agrémenté par des plans sur la flore naturelle. Mais ce tourisme ne saurait se réduire à quelques clichés de fleurs ou de randonneurs évoqués au début du documentaire car il n'est pas homogène. Le reportage fait état de deux types distincts de tourisme générés par des environnements et des infrastructures différents. D'un côté Flaine, perchée à 1600 m d'altitude, construite de toutes pièces en 1968 par Marcel Breuer (chef de file de l'architecture moderne), comparée à un mur de béton (1), de l'autre Les Contamines-Montjoie, station village à 1100 mètres d'altitude.
Aux Contamines, station de première génération où l'agriculture se maintient, la contemplation est la motivation première, sentiment décuplé par le ralentissement du rythme de parole du journaliste et du fond musical. Le vacancier interrogé posté devant l'église séculaire, portant chapeau rond et appareil photo, exprime la modestie de ses projets : la balade en moyenne montagne. « Nous autres [la famille], nous nous contentons de petites promenades ». Il évoque le repos et la tranquillité. Ces objectifs sont repris par l'édile local. Lorsque celui-ci cite les glaciers des Dômes de Miage ou de Trê-la-Tête se retournant comme pour les voir, la caméra ne suit pas son regard, rendant la haute montagne absente. La « moyenne » montagne, présentée ici en arrière-plan des paysans qui fauchent ou des randonneurs équipés de leurs sacs à dos, se suffit à elle-même pour attirer les touristes qui ne viennent pas pour « se tremper les pieds dans une piscine ».
Si une piscine n'a aucun intérêt aux Contamines selon le maire, elle est en revanche à Flaine, un équipement de distraction indispensable. Cette « ville nouvelle » conçue par la volonté de mécènes amateurs d'art moderne et de musique classique, fut imaginée comme un exemple architectural et artistique accueillant dès 1969 les musiciens aussi bien jeunes débutants que professionnels lors de stages de musique organisés tous les étés. Dans ce lieu d'innovations successives (station intégrée, premiers canons à neige en France), le but n'est pas de contempler la montagne. Les citadins y ont transposé leur culture, habitat et mode de vie, en rupture avec l'approche traditionnelle de la montagne. Les vacances axées sur la compétition conservent le même rythme qu'au travail, trépidant. Aux Contamines on prend le temps de vivre et de regarder la montagne, à Flaine, elle est transparente et il faut respecter les horaires intensifs des stages. Le programme est individuel et non familial. Le joueur de tennis qui n'a « pas le temps » est mis en cage par la caméra, filmé à travers les mailles d'un filet. La dame qui n'aime pas la montagne et semble s'y ennuyer, est « condamnée » à faire du tennis 8 heures par jour, ce que le responsable sollicité considère comme une opération marketing réussie. La diversification des activités fait partie de la stratégie commerciale de Flaine pour répondre à un tourisme de masse aux attentes nouvelles et remplir la station relativement vide en été.
Les activités proposées en 1976, tennis, natation, tir à l'arc, ne sont pas spécifiques à la montagne, elles peuvent se pratiquer partout ; le parapente, le canyoning n'existent pas encore, le VTT apparaît timidement. Le village des Contamines met en avant ses atouts naturels, représentés comme une pratique de la montagne passéiste, Flaine cherche à adapter son catalogue d'activités à la modernité. Deux profils de touristes se dessinent : le contemplatif et l'actif. Le journaliste conclut en prenant le parti de se jouer des différentes personnes interviewées. Pour lui, la « vraie montagne » est celle qui se laisse découvrir comme le figurent les derniers plans de la caméra sur les travaux des champs, clichés d'une montagne « authentique ».
(1) Signe du changement des temps, en 1991, l'hôtel « Le Flaine », et l'immeuble « Bételgeuse », premiers bâtiments de Flaine inaugurés en 1969, ont été classés à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques et, en 2008, le Flaine historique a reçu le label «Patrimoine Architectural du XXe siècle» décerné par le Ministère de la Culture.