Les activités estivales en montagne

Les années 1980 sont marquées par la diversification et l'adaptation des sports classiques aux territoires de montagne avec la recherche du plaisir, du bien-être et l'individualisme comme mode de vie. La ligne éditoriale du magazine régional Montagne est axée sur la promotion de l'économie montagnarde, ce dont le reportage diffusé le 6 juin 1986 par FR3 fait écho en présentant les pratiques de loisirs sportifs de ces territoires, sous toutes leurs formes. Il cible différents publics et cite les possibilités offertes dans l'ensemble des massifs français. À l'approche de la saison estivale, les attraits de la montagne l'été sont valorisés. La destination mer n'est pas la seule apte à répondre à la nécessité de se baigner comme le souligne le journaliste. Le téléspectateur est mis en garde : « ne pas bronzer idiot sur la plage ».

Toutes les ressources exploitables, l'eau, la terre et l'air appellent à la consommation de loisirs sportifs. Dans cette palette, le public est invité à choisir la pratique qui lui convient, du mode contemplatif prenant en compte la découverte de la région (safari, gîtes ruraux, pique-niques, randonnées) au mode sportif associé à des sensations de vertige et d'hédonisme : rafting, deltaplane, parapente.

Les images censées « vendre » la montagne l'été privilégient l'aspect sportif au détriment du cadre paysager. Sur le ton de l'humour et de la théâtralité, le duo de commentateurs présente le versant estival à travers le toboggan aquatique, le rafting, la trottin'herbe, le VTT, le deltaplane, le parapente, la moto trial ou encore le cheval. L'exploit physique semble primer sur le rapport écologique à la montagne, pourtant accentué par les commentateurs qui invitent à évoluer avec les éléments (flore paradoxalement peu visible, faune absente). Le regard posé sur la nature se veut respectueux : admirer le paysage, profiter du climat. Pratiquer la « moto verte » dans un cadre naturel y participe, même de manière contradictoire, appuyé par l'absence de nuisances sonores dans le reportage. Après avoir parlé de la moto à laquelle est conférée un caractère écologique par le fait d'être pratiquée en milieu naturel le commentateur en minimise l'impact en valorisant la promenade à cheval.

Lorsque la notion de sécurité intervient, elle est mise entre parenthèses. La montagne semble accessible à tous, l'expérience ainsi que la condition physique ne sont pas indispensables. La chute à VTT est présentée sur le ton humoristique. Le reportage est une incitation à la pratique de la montagne dénuée de danger.

Le toboggan aquatique, infrastructure ludique et la trottin'herbe qui nécessite l'utilisation de remontées mécaniques, se pratiquent dans les stations de sports d'hiver. Pourtant, celles-ci n'apparaissent que quelques brefs instants dans le reportage (image rapide de poulie au moment où le trotinetteur se fait tracter) pour laisser place à un sentiment de liberté, de grands espaces et de nature. L'aspect traditionnel de la montagne n'apparaît pas, ni escalade, ni randonnée. Afin de répondre à la demande des touristes, une approche ludique et se voulant moderne est convoquée. Dans les années 1980, pour diversifier leur offre estivale, les destinations touristiques proposent de nouveaux loisirs accessibles et variés comme le tir à l'arc, la luge d'été, le golf et bien d'autres qui nécessitent des équipements adaptés.

Au cours des décennies suivantes, les ressources « inépuisables » dont le journaliste fait mention, seront l'objet de questionnements au moment où les acteurs des espaces touristiques de montagne s'interrogeront sur la vulnérabilité de leur environnement (1).

(1) L'impact des activités sportives de nature sur l'environnement naturel, Mounet J.-P., Nicollet J.-P., Rocheblave M. (2000), Montagnes Méditerranéennes, 11 Tourisme sportif et territoires.