Les aménagements touristiques du lac de Monteynard

23 juillet 1990
03m 45s
Réf. 00041

Notice

Résumé :

Le lac artificiel de Monteynard, mis en eau en 1962, comporte de nombreux aménagements : digue de 150 mètres de long sur 3 mètres de haut, aménagement de la pinède (débroussaillage, installation de tables), bateau La Mira, qui offre 4 croisières par jour. De plus en plus de touristes étrangers y séjournent. Sur le barrage, la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature), associée au Conseil Général propose des visites écologiques en bateau et a d'autres projets pour la protection de la faune et la flore.

Date de diffusion :
23 juillet 1990
Source :
FR3 (Collection: JT FR3 Alpes )

Éclairage

Diffusé au journal télévisé de France 3 Alpes en juillet 1990, ce reportage intervient au cœur de l'été, période où les informations régionales sont moins nourries mais importantes pour les activités économiques liées au tourisme. Ce jour-là sont présentés les récents aménagements réalisés autour du lac du Monteynard-Avignonet incluant les ingrédients propres au tourisme isérois : l'innovation, les préoccupations environnementales et le patrimoine culturel comme naturel. A quelques kilomètres au sud de Grenoble, ce lac artificiel a été créé par l'implantation d'un barrage hydro-électrique mis en service par EDF en 1962, un barrage-voûte barrant l'étroite et profonde gorge de Monteynard au carrefour des deux vallées du Trièves et de la Matheysine. Cette retenue artificielle appartient à l'ensemble des lacs du même type liés à l'équipement des rivières alpines réalisé entre les années 1930 et 1990. Le barrage de Monteynard-Avignonet est l'un des derniers équipements installés sur le Drac depuis 1935. Démarrant avec une musique nostalgique qui couvre la parole du témoin interrogé, le reportage rappelle l'histoire de l'engloutissement du village de Mayres, comme ce fut le cas pour nombre de ces barrages. Moment douloureux et amer, la mise en eau est évoquée avec émotion par le journaliste alors que le témoin est filmé devant une autre « bourgade », village de toile remplaçant les maisons de pierre. A partir des années 1960 quelques-uns de ces lacs deviennent des sites privilégiés. En raison de sa localisation, le vaste plan d'eau de Monteynard est exploité durant de nombreuses semaines pour les activités nautiques : planche à voile, exploitation d'un bateau-restaurant, et désormais kitesurf. Les bords du lac offrent également à un public familial des plages très accessibles pour une baignade surveillée. Aux activités nautiques, il faut ajouter la pêche que permet la richesse piscicole des fonds. Progressivement, d'autres sports en vogue dans la région (VTT, randonnée, escalade) complètent les animations proposées. Patrice Pellat-Finet, Président du syndicat intercommunal (Sivom regroupant 10 communes), en fait la promotion en insistant sur la diversité des activités ainsi que sur le soin apporté à la sécurité. Aux plages bordant le lac s'opposent les flancs abrupts des gorges dominées par le tracé du chemin de fer de La Mure, autre élément complétant l'offre touristique et plus récemment, deux ponts himalayens (ponts suspendus au-dessus du vide) permettent de traverser le lac. Dans ces années 1990, le site de Monteynard joue une nouvelle carte, celle de l'environnement en valorisant ses milieux naturels (roches, faunes et flores, écosystèmes) sans que l'on ne parle encore de tourisme durable. L'insistance est d'autant plus forte qu'a été mis en eau deux ans auparavant le barrage de Grand Maison dont la construction a suscité des oppositions très fortes chez les défenseurs de l'environnement notamment ceux de la FRAPNA (1). L'interview et les propos du directeur de la section iséroise, Jean-François Noblet, sont alors remarquables dans ce contexte. Sans le dire, il oppose l'écosystème de Monteynard à Grand maison, montrant qu'il n'est pas a priori contre les barrages lorsque la biodiversité est préservée voire encouragée. Il met en avant les qualités écologiques de cette structure colossale de béton qui abrite de nombreuses espèces animales. Si au départ l'ennoiement a détruit l'habitat de certains animaux comme la loutre et modifié les écosystèmes en place, la perturbation initiale a progressivement disparu pour laisser place à de nouveaux équilibres. Ainsi, de nouvelles espèces animales ou végétales se sont appropriées les lieux et s'y sont développées. Le reportage fait la promotion de ces visites guidées d'un autre genre, visites pédagogiques que rappellent les panneaux réalisés par la Frapna et filmés en appui au discours.

(1) Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature

Pour aller plus loin :

- http://www.lac-monteynard.com/

- http://pro.isere-tourisme.com/l-isere-en-chiffres/tourisme-culturel-164-1.html

Lauranne Jacob

Transcription

(Musique)
François Dom
C’était en 1962, le petit village de Mayres vivait ses dernières heures, la retenue du Monteynard allait être mise en eau.
Gilbert Goubet
Il y avait une trentaine d’habitants les dernières années, il y avait une douzaine d’habitations dont quelques-unes en très, très, très bon état qui seraient aujourd’hui hors de l’eau si on ne les avait pas démolies ; parce que le village serait englouti à peu près à un tiers aujourd’hui. Au fond de vallée, tout à fait au fond il y avait le Drac, ni plus ni moins, avec des gorges assez profondes, assez étroites, et en haut il y avait du vignoble. Uniquement du vignoble, de la vigne, de la vigne, que de la vigne.
François Dom
Depuis, les choses ont bien changé, les jours de bonne fréquentation, on compte plus de 1500 planches à voiles sur ce plan d’eau remarquablement venté. Au fil des ans, le tourisme s’est bien installé et après la mise en service du bateau La Mira, qui offre 4 croisières par jour autour du lac, ce sont, cet été, de nouveaux aménagements qui ont été réalisés.
Patrice Pellat-Finet
Notre gros souci à nous, c’est le respect de la sécurité, tant au niveau de la navigation qu’au niveau des rives ; et pour se faire nous avons d’une part, réalisé un slip de mise à l’eau sur la commune de Mayres-Savel, bétonné, qui permet donc aux voitures de remonter avec plus de facilité. Nous avons aussi réalisé une digue importante de 150 mètres de long sur 3 mètres de haut, ce qui nous a permis au passage de taluter, et de faire les terrassements pour rendre la gorge, sur laquelle elle se situait, beaucoup plus facile d’accès, et en tout cas sans risque. En ce qui concerne l’environnement, plusieurs opérations à nos yeux importantes, à savoir : Nous avons aménagé plusieurs pinèdes, c’est-à-dire débroussaillées pour, en cas d’incendie, sait-on jamais, aménagées avec des bancs, des tables, tout un système qui permet d’accueillir une clientèle beaucoup plus contemplative.
François Dom
De plus, les animateurs et responsables du lac et de son environnement diversifient le terrain de leurs activités. Un mur d’escalade de 100 mètres carré est en construction, il sera opérationnel à la fin du mois. Coté fréquentation, de bons résultats avec une hausse essentiellement dans la clientèle étrangère, il y a de plus en plus de Hollandais, de Belges et d’Allemands. Dernier point, et pas des moindres, le lac joue la carte de l’écologie. Ce n’est pas EDF qui le dit, mais surprise, la FRAPNA. Eh oui, un barrage est un monument vivant.
Jean-François Noblet
Le but est de montrer qu’un barrage aussi spectaculaire que celui de Monteynard, tout en béton, de 150 mètres de haut, eh bien, c’est aussi un endroit colonisé par la faune et la flore, les lichens, lézards s’incrustent, les animaux nichent dedans, les fouines traversent à l’intérieur, et donc c’est un endroit aussi où on peut faire de l'observation de la nature.
François Dom
Vous qui protestez très souvent contre les grands travaux que l’on fait en montagne, vous êtes pris à votre propre jeu là ?
Jean-François Noblet
Non, on démontre qu’on est objectif. C’est-à-dire, autant on est capable de dire que le barrage de Monteynard a eu des impacts négatifs très, très forts, notamment pour la disparition de la loutre, autant on est capable de dire qu’un barrage peut être aussi un lieu où la nature s’installe.
François Dom
La FRAPNA, associée au conseil général de l’Isère, propose sur le barrage des visites écologiques. Un animateur accueille près de 200 personnes chaque jour. Le projet pour l’été 1991 est pratiquement bouclé, il y aura ici un musée de plein air, un chemin d’observation, et même un charnier pour attirer et nourrir toute l’année les aigles et autres rapaces du secteur. Protéger la nature, ce n’est pas seulement appliquer une règlementation et des restrictions ; c’est aussi innover, imaginer et transformer en atouts économiques et culturels les impératifs de la vie moderne. En Isère, le tourisme dit culturel représente 550 000 visiteurs par an, et 220 emplois.