Préparation des Jeux Olympiques en Savoie
Notice
Le reportage fait le point sur les travaux dans la région d'Albertville, en Savoie, avant les Jeux Olympiques d'hiver de 1992. 12 villes sont concernées par ces chantiers. De nombreux bâtiments et routes ont dû être construits dans le respect du rétroplanning malgré quelques imprévus comme à Pralognan, où les travaux ont été stoppés, les coûts étant trop élevés pour la commune. Au total, les installations hors voiries auront coûté plus de 3 milliards de francs.
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Éclairage
Deux ans avant le lancement des XVIèmes Jeux Olympiques d'hiver, la cité lauréate, Albertville, se prépare comme toute la vallée de la Tarentaise à devenir l'épicentre des compétitions hivernales. A l'occasion de la venue sur le site du Président de la République, ce reportage, diffusé sur Antenne 2, fait le point sur les aménagements en cours. Cependant, si les premiers plans de la caméra diffusent l'image d'une Savoie en chantier, la deuxième partie du reportage nuance cet élan et met davantage l'accent sur les difficultés rencontrées.
Intervenant au crépuscule de la phase d'équipement des stations de ski, l'organisation des Jeux Olympiques aura permis à la vallée de la Tarentaise de prendre un nouvel élan économique et touristique grâce à la modernisation et au développement des infrastructures tant routières, ferroviaires que sportives. L'accueil des Jeux est ainsi, pour la vallée, une véritable opportunité : cette compétition internationale lui permettra d'une part d'initier une montée en gamme des produits touristiques existants et d'autre part d'être, durant la quinzaine olympique, sous les feux des projecteurs planétaires. Ceci ne peut cependant se faire sans conditions : c'est une période de réalisation de lourdes infrastructures qui s'ouvre, permise par le déblocage d'importants budgets. 4 milliards de francs seront ainsi consacrés à l'amélioration des voies de circulation, tandis que 8 millions seront dédiés aux infrastructures sportives. Loin d'être anecdotique, la question des budgets alloués à cet événement constitue au contraire une question centrale pour la réussite des projets initiés. Ainsi, si deux ans avant le lancement des Jeux Jean-Albert Corraud alors directeur du Comité d'Organisation des Jeux Olympiques (COJO), garantit par un discours peu prolixe, les délais et assure le respect des budgets, la réalisation de certaines structures souleva les débats en alimentant la polémique, venant ternir le tableau d'une Savoie transformée par les grues en action et en voie de réaliser grandeur nature les différentes maquettes filmées.
Afin de parvenir à un consensus politique tout en garantissant une cohésion géographique aux sites retenus, les épreuves ont finalement été réparties entre 10 villes, épreuves nécessitant la réalisation d'équipements plus ou moins lourds. Pralognan, petite commune de moins de 700 habitants, hérita ainsi de l'organisation des compétitions de curling et de la création de la patinoire. La collectivité se trouva cependant dépassée par ses engagements financiers et, malgré une renégociation de la participation du Comité Olympique, sa situation financière en fut particulièrement fragilisée. Toutefois, si le reportage choisit de relayer la demande d'aides du maire de Pralognan, l'arrière-plan de l'interview composé d'un papier peint ancien conduit implicitement à le stigmatiser et le renvoyer au rang des paysans refusant l'avancée permise par l'organisation des Jeux.
Autre exemple, la réalisation de la piste de bobsleigh à la Plagne souleva également de fortes polémiques : implantée en milieu marécageux, sa réalisation coûta près de deux fois le coût initialement prévu, pour un usage a posteriori estimé à quelques centaines de pratiquants. De même, la surenchère foncière en vue du rachat de friches industrielles à La Léchère, vouées à devenir le centre de presse, témoigne du risque financier pris par les acteurs publics pour l'accueil des compétitions.
Le journaliste conclut son reportage sur une note d'optimisme « toutes les dépenses devraient être couvertes par les recettes commerciales des Jeux Olympiques ». A posteriori, force est de constater que cette perspective aura été bien illusoire : si indéniablement les Jeux auront permis à la Tarentaise de gagner une quinzaine d'années dans le développement de leurs infrastructures, les retombées économiques générées n'auront en revanche pas permis de financer l'ensemble des investissements réalisés ni même d'insuffler une nouvelle dynamique au tissu économique local.
Pour aller plus loin :
- Billet Jean (1991) La région Rhône-Alpes et les Jeux Olympiques : tourisme, compétitivité internationale et aménagement. In : revue de géographie alpine, tome 79, N°3, p. 99-108.
- Ponson Claude (1991) Les XVIe Jeux Olympiques d'hiver d'Albertville et de la Savoie : les enjeux de l'aménagement. In : revue de géographie alpine, tome 79, N°3, p.109-116.