Opération de séduction touristique en Haute Savoie
Notice
Le Massif des Aravis a accueilli 120 journalistes venus de 30 pays pour essayer les différentes activités que propose la montagne en été. Le but de ce projet est de convaincre les clientèles émergentes que la France regorge d'activités, et ainsi attirer de nouveaux touristes. Les journalistes ont pu s'essayer au parapente, ou encore à l'accrobranche.
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Éclairage
Le 5 juillet 2007, le 19/20 édition Alpes de France 3 rend compte d'une « opération séduction » menée par tous les acteurs de l'économie du tourisme dans la région annécienne. Elle vise à promouvoir la destination auprès de la clientèle internationale. Le marché de la montagne est un marché mature depuis longtemps notamment aux yeux de la clientèle française, il faut trouver des moyens pour le renouveler. Le journaliste insiste sur les efforts inédits et colossaux – 120 journalistes venus de 30 pays qui représentent « le monde » – réalisés au sein d'un territoire qui dépasse le seul bassin annécien, puisqu'y est associé le Massif des Aravis. Il est aujourd'hui question de renommer les stations des Aravis le Lake Annecy Ski Resort pour promouvoir le massif des Aravis à l'international, preuve que cette association se veut durable. « Tout le monde s'est fédéré autour de ce projet que ce soit aussi bien les industriels de la région, que les offices de tourisme, donc les institutionnels et puis aussi le monde du sport, le monde du loisir », nous rappelle opportunément Edgar Grospiron, ancien champion du monde de ski de bosses, membre du ski-club de la Clusaz et Ancilevien (1). Il s'agit bien de mettre en avant l'ampleur des efforts consentis pour faire grandir encore le tourisme dans la région. Et le faire grandir c'est séduire les « clientèles de demain » pour Christophe Brunet, directeur de l'office du Tourisme de Talloires : depuis les années 1990, les économies émergentes de l'Inde ou encore de la Russie tirent la croissance économique mondiale mais aussi l'économie touristique. Les entretiens viennent appuyer ses propos. A l'exception d'une journaliste belge, la plupart des personnes interrogées viennent de pays plus lointains (Inde, Japon, Russie, Europe de l'Est) même s'il ne s'agit pas tous de pays émergents. Leurs réponses viennent confirmer la réussite d'une opération qui s'appuie sur la présentation des « nouveaux » loisirs sportifs de montagne. Si le journaliste mentionne un large éventail d'activités au début du sujet, trois seulement nous sont montrées – le temps du reportage est court tandis que le mauvais temps semble contre-productif. Après une traditionnelle promenade en bateau sur le lac mais sous la pluie, on nous présente le parcours aventure de Talloires dont on aperçoit aussi quelques images au début et sur lequel s'attarde beaucoup le reportage, alors même que cette activité n'est pas spécifiquement montagnarde. Le reportage se termine sur des images de parapente – le décollage s'opérant sur le site de Planfait, au même endroit que le parcours aventure. Si la journaliste belge semble découvrir ces activités et que « même les habitués ne connaissent pas l'étendue du catalogue sportif estival », il reste que ces dernières datent en réalité des années 1980-1990. Ces décennies voient déjà se renouveler les usages sportifs de la montagne. Devant l'atonie relative du marché des sports d'hiver, les responsables des stations touristiques, s'intéressent à nouveau à une montagne considérée l'été comme un « sous-espace touristique » . Pouvoirs publics et professionnels décident de réinvestir cet espace notamment par le développement de nouveaux loisirs sportifs (parapente, canyoning, rafting, escalade, VTT...). Ces loisirs s'inscrivent dans l'espace montagnard mais empruntent aussi d'autres espaces. Ils se transforment en produits touristiques destinés à un public large, davantage séduit par les sensations qu'ils procurent plus que par l'effort qu'ils peuvent éventuellement nécessiter. Dans ce reportage, la montagne est d'ailleurs présentée « comme un immense terrain de jeux », renforçant au-delà de la recherche de sensations la dimension ludique, et atténuant la notion de sport et d'effort.
(1) Habitant d'Annecy-le-Vieux
Bibliographie :
- Bourdeaux Philippe (1991) Prospective touristique et marchés porteurs. In : cahiers d'espaces, n°25. Paris : ed. ETE, p.64-70.