Construction de crevettiers par le chantier Gendron

22 juillet 1986
02m 11s
Réf. 00217

Notice

Résumé :
A Noirmoutier, les chantiers navals Gendron viennent de recevoir commande de six crevettiers-congélateurs pour le Sénégal. Ces bateaux seront réalisés en polyester, matériau aux multiples avantages, une occasion pour ces chantiers d'innover dans un contexte de concurrence accrue.
Date de diffusion :
22 juillet 1986
Personnalité(s) :

Éclairage

A l’image de Benjamin Bénéteau, fabriquant des navires de pêche à Saint-Gilles dans les années 1910, le littoral de Vendée possédait une solide réputation dans le domaine des chantiers navals destinés aux professionnels. Dans ce domaine d’activité, les entreprises durent relever deux séries de défis dans les années 1980. D’une part, le recul de la pêche vendéenne aux poissons migrateurs (sardine, thon, anchois) entraîna une réduction des effectifs de navires : les commandes de bateaux neufs s’orientaient désormais vers la production de chalutiers « pêche arrière » dont la production nécessitait un savoir-faire que les chantiers bretons maîtrisaient déjà. D’autre part, la décennie fut celle de l’adoption de la construction en polyester, laquelle possédait déjà ses figures de proue (Bénéteau et Janneau)  mais aussi ses détracteurs.
En 1986, le chantier de Jean-Paul Gendron installé sur le port de L’Herbaudière fut de ceux qui parvinrent un temps à négocier cette mutation. Cette entreprise s’appuyait sur ses atouts, le faible coût de la main d’œuvre dans l’île de Noirmoutier et le savoir-faire de ses charpentiers navals. En même temps, elle optait, comme l’avait fait Bénéteau 20 ans plus tôt, pour l’innovation technologique représentée par le travail des résines synthétiques. Les armateurs des navires de travail, principaux clients, étaient alors séduits par les gains de productivité offerts par le plastique, plus léger donc moins gourmand en carburant et plus facile d’entretien. Le risque résidait dans les inconnues liées à la résistance de ce matériau.
Faute de pouvoir créer des séries de navires industriels pour le marché national, le chantier se positionna alors sur le marché international, celui des mers chaudes où la pêche des crustacés (langoustes et crevettes) connaissait alors une importante croissance. Sous son hangar de 800 m², Jean-Paul Gendron, charpentier expérimenté, communique sur cette commande de six crevettiers-congélateurs, chacun long de 22 mètres et d’une capacité de congélation de 4 tonnes par jour. Cette production pour l’exportation s’inscrivait bien dans le contexte des années 1980. Elle s’adressait au marché d’un de ces pays du sud – le Sénégal – dont la croissance économique aiguisait les appétits. Elle mettait en œuvre des procédés de construction nécessitant moins de main d’œuvre (un tiers de moins que pour bâtir un navire en bois).
Aujourd’hui à L’Herbaudière les chantiers Gendron ne fabriquent plus de navires mais la société existe toujours. Elle propose, en même temps que des services variés (hivernage, location, réparations), la vente des produits Bénéteau, une société avec laquelle elle n’a pu, à la longue, soutenir la concurrence.
Thierry Sauzeau

Transcription

Présentateur
Les chantiers Gendron, principal chantier naval de Noirmoutier viennent d’obtenir la commande de six crevettiers congélateurs pour la pêche côtière au Sénégal. Les bateaux seront construits en polyester, cette commande permet aux chantiers de passer la vitesse supérieure. Les installations ont été agrandies et une dizaine de personnes embauchées.
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(bruit)
Journaliste
Le chantier Gendron à Noirmoutier vient de se doter d’un nouveau hangar de 800 mètres carrés. Ce chantier naval avait besoin d’être agrandi pour pouvoir construire six crevettiers congélateurs dont il a obtenu la commande. Les travaux du premier viennent juste de démarrer, il faudra huit mois pour les mener à terme. Destinés au Sénégal, ils coûteront chacun 5 200 000 Francs. Longs de 22 mètres, ils auront une capacité de congélation de 4 tonnes par jour. A cette occasion, 10 nouvelles personnes ont été embauchées portant le personnel à 30 salariés. De plus en plus, les bateaux de pêche comme les futurs crevettiers sont construits en polyester.
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(bruit)
Journaliste
Quels sont les avantages du polyester pour la pêche ?
Jean-Paul Gendron
Il semblerait que pour le moment, il y ait moins d’entretien, que au niveau voies d’eau, on a beaucoup moins de risque. Malgré tout, c’est un produit nouveau pour nous, qui a une vingtaine d’années, et on ne sait pas tous les avantages ou les inconvénients de ce matériel.
Journaliste
Et pour vous, c’est plus rentable de fabriquer du polyester ?
Jean-Paul Gendron
Sans doute !
Journaliste
Donc, moins de main d’oeuvre ?
Jean-Paul Gendron
C’est ça, on supprime pratiquement un tiers de main d’oeuvre par rapport à un bateau en bois.
Journaliste
Le chantier Gendron ne craint pas d’innover tant sur le plan de la peinture que sur le plan technique. Ce chalutier, par exemple, aura ses treuils à fond de cale et non pas sur le pont, ce qui lui donnera plus de stabilité. Depuis sa création il y a 18 ans jusqu’à aujourd’hui, ce chantier n’a pas connu une seule période creuse. Avec la construction et l’entretien des bateaux de pêche et la construction occasionnelle de plaisanciers, il y a toujours eu du travail. La concurrence se fait rude, notamment avec les chantiers Bénéteau, qui se lancent sur la pêche, mais l’atout du chantier noirmoutrin, c’est un prix de revient faible, donc des prix concurrentiels. Et grâce à la commande des crevettiers, la première à l’exportation, le développement de l’entreprise paraît assuré.
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