La bonnotte de Noirmoutier

16 avril 1996
02m 50s
Réf. 00034

Notice

Résumé :
Après régénération de la semence par l'INRA, la bonnotte de Noirmoutier, pomme de terre primeur de qualité, est à nouveau produite par une vingtaine d'exploitants de l'île. Pourtant plus dure à récolter, parfois uniquement pour sa consommation personnelle, sa pousse se fait sur un lit de goémon, pour une production limitée et vendue à prix élevé.
Date de diffusion :
16 avril 1996
Source :

Éclairage

Le reportage tourné en 1996 fait le point sur la deuxième saison de récolte de la traditionnelle « Bonnotte de Noirmoutier » dont la culture a été réintroduite sur l’île vendéenne après avoir fait l’objet des soins des chercheurs de l’INRA d’Angers. La coopérative agricole de Noirmoutier a commencé à commercialiser une très petite quantité de la pomme de terre traditionnelle de l’île en 1995 en procédant à une vente aux enchères aux halles de Rungis, afin de retenir l’attention des grossistes spécialisés dans la vente de produits agricoles de luxe aux restaurateurs et commerces de bouche des beaux quartiers de la capitale. Pourtant, les origines de la bonnotte se situent aux antipodes des tables bourgeoises, le tubercule n’a été introduit sur la grande île vendéenne qu’au cours de l’entre-deux-guerres depuis Barfleur dans la Manche où sa culture ne donnait pas les résultats escomptés du fait de sa fragilité. S’accoutumant mieux du climat plus doux et moins arrosé de la côte vendéenne, la bonnotte n’a cependant pas résisté à la mécanisation de l’après Seconde guerre mondiale au point de n’être plus cultivée dans les années 1970 que sur quelques ares dans quelques potagers. Considérée comme « la Rolls » des pommes de terre, la bonnotte est réputée pour sa richesse au goût et sa chair ferme, elle est résolument devenue un produit de niche bénéficiant d’un marketing soigné (vendue en petite caissette ou panier), s’échangeant à des prix inavouables. Afin de maintenir sa cote auprès des amateurs, les sociétaires de la Coopérative agricole de Noirmoutier ne lui consacrent qu’environ 1 % (5 ha sur 550 ha) de la superficie dédiée à la culture de la pomme de terre sur l’île, ce qui explique que bon nombre de consommateurs croient consommer de la bonnotte lorsqu’ils achètent des tubercules en provenance de Noirmoutier alors qu’il s’agit en réalité de pomme de terre ordinaire.
Eric Kocher-Marboeuf

Transcription

Présentateur
Le dossier de notre journal est consacré ce soir à la bonotte de Noirmoutier, la Rolls des patates, si j’ose dire, qui a fait son grand retour l’an passé. Samedi, toute la production sera vendue aux enchères à Paris, au total 20 tonnes. C’est un produit rare et donc forcément cher. A Noirmoutier, vous allez le voir, la bonotte c’est bien, on est aux petits oignons pour elle.
Jean-Pierre Tessier
Alors ça c’est, ah, ce n’est pas vilain, hein ?
Marie-Christine Dupé
La bonotte pour les agriculteurs de l’île, c’est une aventure qui commence pour les jeunes ou qui recommence pour les plus anciens. Oubliée des marchés depuis plusieurs décennies, cette variété, très réputée dans les années 30, a fait sa réapparition dans les champs l’an dernier après une régénération de la semence par l’INRA. Cette année, une vingtaine de producteurs ont accepté de replanter la bonotte.
Jean-Pierre Tessier
Reproduire de la bonotte c’est, c’est un peu refaire la, la pomme de terre de nos parents. On les a un petit peu aidés à l’éliminer et puis maintenant on y revient. Mais c’est aussi trouver de nouveaux créneaux.
Gérard Sémelin
C’est une variété qui, dès sa primeur, a un goût relativement fort et une chair relativement ferme. C’est un petit peu le contraire des autres variétés qui, quand elles sont primeurs, sont fondantes.
Marie-Christine Dupé
La bonotte, au feuillage vert foncé, est pourtant une variété contraignante à produire. On la cueille plus qu’on ne la ramasse, 90 jours après sa plantation sur un lit de goémon.
Jean-Pierre Tessier
Le varech, on le met à l’automne sur le dessus du sillon, et au moment du labour, il est enfoui dans la raie de labour, quoi. Il a son importance pour le goût de la pomme de terre, pour la coloration de la terre et pour la structure aussi de la terre.
Marie-Christine Dupé
Albert est l’un de ceux qui ont connu la bonotte avant. Comme les autres adhérents de la coopérative, il cultive aujourd’hui sur 2 hectares sirtema et aminca. Mais dans son jardin, il n’a jamais renoncé à la bonotte ; amoureux des bonnes choses, chaque année, il s’en produit une cuisine.
Albert Batard
J’en fais pour la consommation personnelle, familiale quoi, on est habitués à elle, enfin, on la préfère au début à la sirtema, quoi. Et c’est d’une année sur l’autre, que c’est les mêmes semences quoi, les mêmes plants.
Marie-Christine Dupé
Depuis quand n’avez-vous pas acheté de plants de bonotte ?
Albert Batard
Hola, 40 ans oui, oh oui, 40 ans.
Marie-Christine Dupé
Cette année, l’île devrait produire environ 20 tonnes de bonottes de Noirmoutier. Et comme en 95, la coopérative renouvellera la vente d’un jour, en espérant que le froid ne continue pas à retarder la maturité de la pomme de terre.
Jean Gendron
Nous en aurons disponibles ce jour-là, un tonnage relativement restreint par rapport aux 20 tonnes, le reste étant vendu ce jour-là mais livrable dans les semaines qui suivent.
Marie-Christine Dupé
265 Francs le premier kilo vendu l’an passé, le record sera-t-il battu, réponse samedi prochain.