Histoire de la Vendée
Présentation
La Vendée fait partie de ces départements qui ont été façonnés par une histoire originale et particulièrement forte. L’épisode essentiel, qui donne les clés expliquant l’histoire et la mémoire des deux derniers siècles jusqu’à aujourd’hui, a été bien entendu le moment de la Révolution pendant lequel se déroula « la guerre de Vendée », entre 1793 et 1796.
La confusion entretenue dès cette époque entre le département et l’ensemble régional où les combats se déroulèrent explique que leurs retombées aient marqué le territoire départemental et l’aient identifié à une cause. La Vendée n’est-elle pas la terre de la fidélité religieuse, de l’attachement aux valeurs traditionnelles et rurales ?
D’autres époques ont laissé également des traces matérielles et spirituelles dont il faut rendre compte, dans cet itinéraire, pour suivre les principales étapes de ce très long passé.
Une si longue histoire
A vrai dire, les toutes premières marques d’existence ont été laissées sur le littoral par les dinosaures, leurs empreintes de pas ayant été conservées par le sol.
Sur les traces des dinosaures
Beaucoup plus tard, pendant les temps préhistoriques, ce sont les activités des premiers hommes qui peuplaient la future Vendée qui sont toujours repérables en grand nombre. De nombreux sites d’habitation avaient été édifiés en profitant de la diversité des ressources qui étaient offertes, que ce soit à l’intérieur des terres mais surtout sur la côte. Il en reste des murs de fortifications et surtout des tombes et des mégalithes (dolmens et menhirs) qui sont connus pour la quasi totalité depuis le XIXe siècle, et que le XXe siècle a recensés et protégés avec détermination.
Site archéologique à Auzay
Les conquérants romains virent tout l’intérêt de ce territoire à partir duquel ils contrôlèrent les provinces du sud-ouest de la Gaule et partirent vers la Bretagne et les îles britanniques pour commercer et les envahir.
De cette longue occupation demeurent les vestiges d’un réseau routier qui avait créé un maillage entre des villes fortifiées et des ports, dont les fouilles systématiques ou occasionnelles révèlent l’importance en exhumant des fondations considérables.
Fouilles archéologiques sur un site gallo-romain
Les éclats contrastés du Moyen-Âge
Après les invasions de populations venues des plaines européennes, les fameux « barbares » qui profitèrent de l’écroulement de l’empire romain et de son administration, la recomposition de la société se fit à partir de l'An Mil autour de grands féodaux et surtout autour des églises cathédrales et des abbayes.
La plaine du sud de la Vendée actuelle favorisa cette renaissance des pouvoirs politique, économique et culturel autour de grands personnages, alliés aux grandes dynasties seigneuriales de la région ainsi qu’aux royaumes de France et d’Angleterre. Une intense circulation d’hommes, de biens et d’idées reliait Luçon et Maillezais à de vastes horizons, expliquant l’ampleur des constructions réalisées pendant ce Moyen-Âge contrasté, dont il nous reste tant de bâtiments.
Anniversaire de la fondation de l'évèché de Luçon
L'abbaye de Maillezais
Mais les siècles médiévaux ont été, surtout dans cette zone, un terrain de conflits âpres entre souverains français et anglais. En même temps que les dévastations de la guerre dite de Cent Ans entraînaient la perte du dynamisme spirituel, elles suscitaient l’édification de nombreux châteaux et d’églises fortifiées.
La ligne des collines du Haut-Bocage fut ainsi un enjeu politique et stratégique considérable, qui a laissé derrière lui ces bâtisses devenues aujourd’hui lieux de visite et de redécouverte du passé guerrier. C’est particulièrement vrai autour de la figure légendaire de Gilles de Rais, dont le château continue d’être un lieu fantasmatique.
Les châteaux de Vendée
Un guide pour Gilles de Rais
Si la densité des réseaux économiques et intellectuels a pu être affaiblie par les épreuves, elle n’a pas été anéantie, comme en témoignent encore aujourd’hui les bâtiments liés au commerce et au prestige de Fontenay-le-Comte.
Ainsi se rappelle à nos yeux la Renaissance, qui modifia aussi les châteaux-forts et les rendit plus accueillants.
Visite du château de Terre-Neuve
Vendée catholique/Vendée protestante
La guerre revint pourtant une nouvelle fois ravager le territoire « vendéen » à l’occasion des divisions religieuses entre catholiques et protestants. Ces derniers, recrutés dans la noblesse locale comme parmi les habitants des villes et des campagnes, représentèrent une menace redoutable pour le pouvoir royal, qui craignait, après la mort d’Henri IV, que se constitue un fief protestant appuyé sur La Rochelle.
Les conflits qui avaient commencé au milieu du XVIe siècle culminèrent au XVIIe et se prolongèrent ensuite par la persécution vigoureuse de la population protestante par les armées royales.
En résulta le déclin des villes commerçantes, le repli sur soi de communautés brimées et le souvenir de terribles luttes.
La bataille de Riez contre les Huguenots
Les protestants en Vendée
La guerre de Vendée
Le choc le plus déterminant fut celui qui eut lieu pendant la Révolution française. La population rurale fut, dans le département de la Vendée tout nouvellement créé comme dans de nombreux autres départements de l’Ouest, mais aussi du nord et du sud de la France, rapidement hostile aux mesures révolutionnaires concernant l’organisation de l’Eglise et la nouvelle administration. Après des affrontements limités, une insurrection de grande ampleur se déclencha en mars 1793 qui déboucha immédiatement sur une victoire militaire inattendue dans le département. Pour cette raison, les révolutionnaires parlèrent de « guerre de Vendée » même si celle-ci avait enflammé de la même façon la Loire-atlantique, le Maine-et-Loire et le nord des Deux-Sèvres.
Le conflit fut particulièrement violent à la fin de 1793 et en 1794 à l’occasion de grands combats et pendant une répression exécutée par les « colonnes infernales », troupes parties des grandes villes qui ravagèrent une partie de la région et notamment le nord du département de la Vendée. Parmi les chefs vendéens prestigieux, Charette occupa une place très remarquée par sa personnalité flamboyante et son panache, comme par son habileté qui lui permit d’incarner la résistance catholique et royale jusqu’en 1795.
Exposition vitraux guerres de Vendée
Les conséquences de cette guerre qui coûta la vie à 200 000 personnes sans doute dans toute la région, furent considérables. La société vendéenne se reconstitua à partir de cette fracture en groupes antagonistes, royalistes contre républicains, catholiques contre laïcs, organisés autour du souvenir. Surtout elle devint le symbole de la fidélité au catholicisme et aux traditions rurales dans une France devenue République après 1871.
Les Lucs-sur-Boulogne
Ces événements continuent toujours d’inspirer une abondante production de livres, romans, essais historiques et d’œuvres d’art, en même temps qu’ils sont aussi l’objet de débats notamment autour de leur définition, comme en témoigne la controverse liée à l’emploi du mot "génocide" pour qualifier les massacres. Enfin, l’ancrage à droite du département, logiquement rattaché à cette guerre, a été rappelé au moment d’élections comme en 1974 quand une commune vota à 100 % pour le candidat Valéry Giscard d’Estaing.
Proposition de loi "génocide vendéen"
Valéry Giscard d'Estaing à La Rabatelière
Tout ceci explique que la Vendée née de la guerre de 1793 demeure un symbole reconnu mondialement, comme les commémorations du bicentenaire du soulèvement l’ont montré exemplairement.
Monseigneur Glemp au Puy-du-Fou
Alexandre Soljenitsyne en Vendée
Diversité politique et unité nationale
L’identité politique vendéenne n’est pas un bloc. Des minorités républicaines et bonapartistes ont toujours été actives dans les bourgs et les villes comme dans le sud du département. Le souvenir de Napoléon est cependant lié d’abord à l’action de l’empereur dans la pacification de la région et dans sa décision d’installer le chef-lieu à La Roche-sur-Yon en édifiant une ville nouvelle chargée de représenter l’Etat et de maintenir l’ordre impérial. Vite bâtie au début du XIXe siècle, la ville a gardé en son cœur les édifices publics impériaux implantés autour de la place d’armes centrale dotée d’une statue équestre de l’empereur.
Cette présence de l’empereur a perdu aujourd’hui son caractère politique, d’autant que la ville fut longtemps dirigée par des républicains, avant que la majorité n’évolue. Mais elle rappelle cet ancrage ancien des mentalités et les habitudes de conflits qui n’ont pas cessé depuis le XVIIIe siècle, même si leurs formes ont continuellement changé.
Pourquoi une statue de Napoléon à La Roche-sur-Yon ?
Une statue républicaine à La Roche-sur-Yon
Cette division partisane, bien réelle, n’a jamais porté atteinte à l’unité nationale qui est toujours vivante dans le département.
Les deux guerres mondiales en ont apporté la preuve de façon exemplaire, ce dont témoignent d’une part les monuments aux morts et d’autre part les deux héros départementaux, Clemenceau et De Lattre de Tassigny, unis dans la mémoire vendéenne. La visite présidentielle de Charles de Gaulle avait rappelé cette union.
Exposition sur les monuments aux morts à Mouilleron-en-Pareds
Voyage du général de Gaulle en Vendée
Une mémoire militante
On comprend alors qu’au cours du XIXe siècle la ruralité vendéenne ait été exaltée. Non seulement la plus grande partie de la population était engagée dans l’agriculture, mais cette activité était considérée par les élites locales comme l’exemple même de l’identité vendéenne. Cette vision était, à vrai dire, partagée également par les adversaires politiques liant la République à la ville ! Au début du XXe siècle, la crainte avait été vive de voir les campagnes se vider et la terre mourir.
La Terre qui meurt
Jean Yole
A la fin du siècle, les traditions rurales ont changé de significations et sont dorénavant protégées autant pour des raisons touristiques qu’économiques, et sont vues comme les moyens de conserver des liens sociaux.
La tradition rurale en Vendée
Mogette AOC à Chavagnes-en-Paillers
Modernisation et tradition
La Vendée n’avait pourtant jamais été dépourvue d’industries. Minoteries et tanneries animaient les campagnes en profitant du vent et des cours d’eaux. Il n’en reste plus que des souvenirs, comme des mines de charbon du sud du département.
Anciennes mines de charbon à Saint-Laurs et à Faymoreau
En revanche, un effort d’industrialisation, commencé au début du XXe siècle, fortement relancé dans la seconde moitié a produit des effets importants, changeant l’image du département.
Le désenclavement routier de la Vendée
Dans la deuxième moitié du XXe siècle, l’agriculture a été également profondément renouvelée, tant dans ses productions que dans ses modes d’exploitations, modifiant même les habitudes de vie et créant de nouvelles solidarités familiales.
La SICA SAVA
Le statut des femmes agricultrices
C’est donc sur la croisée de l’histoire et de la mémoire qu’il faut conclure ce petit historique départemental.
L’alliance de l’innovation et de la conservation, du respect du passé et de son entretien, explique que le département mette en avant les souvenirs marquants, puisés dans tous les secteurs d’activité, en même temps qu’il les présente de façon moderne, s’adaptant aux attentes d’une population plus urbaine et plus habituée aux médias numériques.