L'histoire de l'ardoise à Trélazé
Notice
Aux Ardoisières de Trélazé dans le Maine et Loire, les techniques d'exploitation de l'ardoise sont passées du mode artisanal au mode industriel. Visite guidée des mines des Fresnais et de l'usine de traitement de l'ardoise.
Éclairage
L'exploitation des ardoisières est importante depuis le XIXe siècle. Pendant longtemps, l'exploitation eut lieu à ciel ouvert, mais les sites furent régulièrement sujets à de graves éboulements. Aussi préféra-t-on l'extraction dans les chambres souterraines, atteintes par puits. Les blocs, remontés au jour, subissent alors la fente, avec ciseau et maillet. Cette phase de travail a été la plus délicate à mécaniser, rien ne remplaçant, jusqu'à une date récente, le savoir-faire manuel. Dans les années 1960, la mécanisation prit le pas sur le travail manuel car l'évolution des techniques permit de rationaliser le travail du schiste ardoisier. Désormais, alors que l'extraction de l'ardoise occupe moins de 300 ouvriers, l'heure n'est plus au "tout industriel". Un autre monde est né, qui mise davantage sur le secteur culturel avec notamment la création du musée de l'ardoise en 1984.
En savoir plus :
Depuis le XVIIe siècle, beaucoup de grands personnages, curieux de l'exploitation des ardoisières, se sont rendus sur les lieux : Marie de Médicis en 1619, le philosophe anglais John Locke en 1678 ou l'intendant de la généralité de Tours, Lescalopier en 1762. Dans son rapport, il évalue à 1 200 le nombre des ouvriers pour l'ensemble des carrières d'Angers-Trélazé et à plus de 26 millions le nombre d'ardoises produites par an.
Le XIXe siècle est le siècle de l'ardoise et des ardoisiers. Les grands exploitants se regroupent progressivement entre 1808 et 1891 et la principale société de production est créée : c'est la "Commission des Ardoisières d'Angers". Dès cet instant, de nombreux ouvriers sont recrutés dans les départements voisins. Pourtant, bien qu'étant l'un des principaux centres industriels du département, avec ses trois mille ouvriers attachés à l'exploitation de l'ardoise, Trélazé ne fait pas figure d'exception dans le Maine-et-Loire. Comme les autres cités minières, cette commune a accueilli son lot de prolétaires venus de contrées lointaines. Mais l'immigration est restée un phénomène marginal car la proximité de la péninsule bretonne et des centres d'exploitation ardoisiers, renfermant une main-d'oeuvre docile et bon marché, a rendu moins crucial qu'ailleurs l'appel aux étrangers. Les véritables étrangers à Trélazé sont les Bretons, qui forment jusqu'à 50% de la population de la commune en 1908 et que les Angevins de souche ne regardent pas toujours d'un bon oeil. De leur côté, les ouvriers ne restent pas inactifs.
Les conditions de travail sont bien trop difficiles et la vocation révolutionnaire de Trélazé apparaît, exceptionnelle dans un Anjou très conservateur : la "banlieue rouge" inquiète la grande ville si proche. Déjà à la fin du XVIIIe siècle, des perrayeurs - comme on appelle les ouvriers des ardoises - participent à une marche sur Angers. En août 1855, un grand nombre d'ouvriers, membres de la société secrète la Marianne qui vise à rétablir la République, s'insurgent, pillent la gendarmerie de Trélazé et marchent sur Angers sous la direction d'Attibert, grande figure de la révolte ouvrière trélazéenne. L'insurrection de la Marianne est vite réprimée. Les meneurs sont déportés à Cayenne. François Attibert réussit cependant à s'échapper et revient entretenir à Trélazé l'agitation et l'esprit de révolte. Les ouvriers utilisent le droit de grève, rétabli en 1864 et se syndiquent en 1880-1890. Les trente années qui suivent sont des années d'intenses luttes. En 1900, la quasi totalité des trois mille ouvriers adhère au syndicat des ardoisiers. Les grands ténors socialistes et anarchistes viennent tous à Trélazé au tournant du XIXe et du XXe siècle : Jean-Baptiste Clément, Allemane, l'anarchiste Tortelier, Louise Michel ou encore Léon Jouhaux. Grâce à l'action opiniâtre des Trélazéens, André Bahonneau, Louis Monternault et Ludovic Ménard, le statut d'ardoisier est assimilé au statut de mineur à la fin des années 1940.