Monsieur Gontié
Nous avons procédé systématiquement, en faisant des recherches dans les petites rivières de toute la région, hein, et à l'aide de la battée, nous avons localisé ainsi une zone minéralisée en étain, qui s'étend pratiquement depuis Plouarzel jusqu'à Lannion, en passant par Morlaix.
Journaliste
Après avoir défini ces zones intéressantes, comment avez-vous déterminé le gisement lui-même ?
Monsieur Gontié
Pour qu'un gisement soit exploitable, il faut d'une part, que le minerai ait une teneur suffisante, ensuite, qu'il y ait des volumes ou des tonnages assez importants pour permettre les amortissements.
Il s'agissait donc de trouver dans la région des réserves de sable, des gisements alluvionnaires suffisamment importants pour retenir notre attention.
Le gisement de Saint Renan est éteint, et nous avons aussitôt commencé à faire ici des sondages à La Banca.
La Banca est un instrument très ancien, utilisé particulièrement en Indonésie, et son nom vient de là.
La Banca nous permet de forer jusqu'à 10 mètres de profondeur, et de prélever très régulièrement des couches, dans toutes les couches, des échantillons très représentatifs.
Journaliste
Quel est le processus d'exploitation du minerai ?
Monsieur Gontié
Euh la présence d'énormément d'eau dans les terrains que nous exploitons nous a conduit à utiliser une drague flottante.
Cette drague flottante, c'est essentiellement une pompe, entraînée par un moteur de 1.000 CV, et un désagrégateur qui découpe le terrain.
La pompe aspire le terrain en même temps que de l'eau et le refoule tout de suite à une distance de 800 mètres.
La drague enlève à peu près quotidiennement 5.000 tonnes de matériaux.
Ces matériaux contiennent une tonne et demi d'étain, 500 tonnes de cailloux et du gravier, 1.500 tonnes de boue et 3.000 tonnes de sable.
Le premier stade va constituer, consister, à un criblage.
Nous avons constaté en effet, comme les Anciens l'avaient d'ailleurs fait, nous retrouvons les traces de leur tas de gravier dans les vestiges d'exploitation romaines, nous criblons à une maille qui nous permet d'éliminer tout ce qui est plus gros que 8 millimètres.
Dès maintenant , nous n'avons plus à refouler que du sable fin et de l'eau sur une distance de 1.400 mètres.
Le transport s'effectue ici encore par pompage, hein, par 3 relais en série de 200 CV chacun.
Nous arrivons tout de suite à la laverie, où successivement, nous allons éliminer, non plus du tout par criblage, mais en utilisant la gravité, en utilisant la différence de densité entre le sable, densité 2, et le minerai d'étain, densité 6, nous allons donc éliminer la totalité des sables.
En même temps, nous éliminons les boues, par cyclonage, et nous nous retrouvons donc d'une part, avec l'étain sortant ici sous forme d'une cassitérite humide et encore impure, nous verrons tout à l'heure de quoi,
et les sables et des boues qui sont récoltées par des roues à sable et stockées puis reprises ultérieurement pour être lavées et vendues comme sable à béton.
Enfin les argiles s'en vont vers des bassins de décantation, où elles se déposent, et les eaux ainsi allégées retournent à la drague, de façon que nous tournions en circuit fermé et que nous ne salissions plus, que nous polluions plus l'eau de la rivière.
Journaliste
A ce stade là, quelles sont encore les impuretés que contient le minerai ?
Monsieur Gontié
Le minerai contient peu d'impuretés, il contient encore des impuretés magnétiques, essentiellement l'usure de nos pompes, de nos tuyaux, de tous les appareils successivement parcourus par l'ensemble des matériaux, et enfin quelques minerais également magnétiques, l'ilménite qui est un minerai de fer et de titane, sans valeur.
De toute façon, à la fin du travail, le produit que nous sortons titre 74 à 75% d'étain, ce qui est un oxyde d'étain à peu près parfaitement pur ; c'est sous cette forme que nous le commercialisons.
Journaliste
Monsieur Gontié, quel est l'effectif total de l'exploitation ?
Monsieur Gontié
L'effectif total est de 145 personnes, dont 5 ingénieurs, et 25 cadres, techniciens, et employés.