L'école Diwan

30 juin 1982
04m 11s
Réf. 00451

Notice

Résumé :

Diwan, "germe" en breton, sont des écoles maternelles d'enseignement en breton. Seize maternelles sont ainsi réparties en Bretagne, notamment à Rennes. Elles reçoivent le financement des parents d'élève et proposent une pédagogie ouverte.

Type de média :
Date de diffusion :
30 juin 1982
Source :
A2 (Collection: C'est la vie )

Éclairage

La fausse naïveté du journaliste face aux sonorités étranges du breton fait état du statut de cette langue actuellement : peu de français et même peu de bretons en reconnaissent les sonorités, tant son emploi dans la vie quotidienne se raréfie. Pourtant son apprentissage rencontre le succès.

Les écoles DIWAN sont des établissements associatifs laïcs qui assurent, sous contrat avec l'Etat, le service public de l'enseignement en breton. Née en 1978, cette association scolarise environ 3100 élèves en 2009, de la maternelle au lycée, dans les cinq départements bretons, auxquels il faut ajouter un établissement parisien. En maternelle et au début du primaire, les écoles Diwan utilisent la méthode dite "par immersion", qui consiste à baigner l'élève dans un environnement ne pratiquant que cette langue afin qu'elle devienne langue de vie. L'enseignement en breton demeure majoritaire dans le reste de la scolarité.

Les financements proviennent des subventions légales données aux établissements sous contrat avec l'Etat mais également de celles données par les collectivités territoriales et du soutien des particuliers. Les rentrées budgétaires varient donc selon les conditions locales. Diwan connaît donc des difficultés financières qui l'ont amené à envisager d'autres statuts. L'Etat refusant l'intégration d'écoles non bilingues, Diwan restera t-elle une association ou évoluera t-elle vers un statut semi-public ?

La question qui s'est posée vivement en 2002 reste ouverte. Malgré des difficultés, les effectifs des réseaux scolaires bretonnants (celui de Diwan, de Div Yehz qui propose un enseignement bilingue pour l'école publique et de Dihun Breizh pour l'école privée) sont en constante augmentation, particulièrement dans les villes. Si cet apprentissage, qui relève d'une volonté personnelle, est jugé par certains artificiel, il manifeste aussi un fort attachement à la culture régionale et permet que la langue bretonne perdure et évolue comme toutes les langues modernes.

Martine Cocaud

Transcription

(Musique)
Gérard Daumaz
Ni du suédois, ni du yiddish et encore moins du français à l'envers comme dans le vieux film Le Dictateur. A la rigueur, du grec, descendant très probable du celte. Eh bien, non, c'est tout simplement un autre descendant du celte, le breton, tel qu'il est enseigné en Bretagne dans l'une des seize maternelles Diwan, c'est-à-dire le germe.
Enfants
[Breton]
Nannig Lemée
On s'adresse à des tout petits enfants, l'affectivité est la chose principale. Donc, mes rapports avec les enfants sont des rapports très affectifs, et je pense que c'est la chose principale dans l'école, en plus d'une pédagogie ouverte bien sûr, vu le nombre restreint d'enfants, il est possible d'avoir beaucoup d'activités d'extérieur et de suivre bien le rythme de chaque enfant aussi.
Gérard Daumaz
Ce sont des enfants d'intellectuels, passez-moi le mot?
Nannig Lemée
Oui, surtout. Pas tous, mais la majorité oui, surtout à Rennes. Le problème entre l'école de Rennes et les écoles de campagne du Finistère, elles sont très différentes bien sûr. Rennes, c'est une ville où on ne parle pas breton, donc il faut que ce soit un choix délibéré de la part des parents. Alors qu'à Tréglonou par exemple ou dans les petits villages, tout le monde parle breton, enfin tout le monde, presque, donc le problème est différent.
Gérard Daumaz
Le breton est donc un rameau du celtique, lui-même issu de la racine indo-européenne il y a 7000 ans. Cinq siècles avant Jésus Christ, la Celtie, c'était les deux tiers de l'Europe et le celte se parlait jusqu'en Asie mineure. En ce moment chez nous, il reste 600 000 bretonnants, alors qu'il y en avait plus du double en 1900. D'abord, le breton a dépéri parce que les druides, qui faisaient vingt-cinq ans d'études pour parvenir à cette fonction, refusaient l'écriture. La connaissance est dans l'homme et non dans les livres, disaient-ils. La transmission du celte était donc essentiellement orale. On y ajoutera l'espèce de répression par le centralisme contre les parlers régionaux puisqu'un ministre de l'instruction de la IIIe République proclamait : "La langue bretonne doit disparaître". Et puis, la chute s'est accélérée avec l'industrie et le tourisme. Après la classe normale et le repas, l'après-midi au parc du Thabor à Rennes, voici l'heure du vocabulaire animalier. Exemple, vous allez le voir tout de suite, le damos pour le daim. Cette fois, les parents sont présents, parents qui ont voulu cette école et qui assument son financement, notamment par les tombolas, fêtes, subventions officielles et aussi des chèques arrivant du monde entier.
Albert Lidec
Nous pensons d'ici un an ou moins ne plus parler le français à la maison et ne parler que le breton.
Gérard Daumaz
Le français serait oublié alors?
Albert Lidec
Non, mais provisoirement. C'est parce que justement, il faut qu'ils apprennent le breton. Nous estimons que c'est leurs racines, c'est leur culture, c'est l'expression d'eux-mêmes. Chaque être a besoin d'une culture et d'une langue de communication qui sera certainement le français.
Roberte Lidec
Moi, je n'ai pas eu la chance de l'apprendre quand j'étais jeune comme mon mari, mais je l'apprends. Je vais à la faculté l'apprendre et ce n'est pas très facile.
Gérard Daumaz
Actuellement, la Bretagne compte seize Diwan et la rentrée verra d'autres créations, peut-être même d'écoles primaires. Encore faudra-t-il assurer leur budget et leur avenir, avenir qui dépend de décisions politiques puisque les Diwan demandent leur intégration à l'éducation nationale.