L'Art dans les chapelles
Notice
Le festival "L'Art dans les chapelles" a pour volonté de mêler le patrimoine religieux et l'art contemporain. Les artistes, notamment François Dilasser et Léo Delarue exposent leurs œuvres dans les chapelles situées le long du Blavet dans le Morbihan.
Éclairage
Dans le cadre de "L'art dans les chapelles" en 2001, la chapelle Saint Nicolas à Saint-Nicolas-des-Eaux expose François Dilasser, et la chapelle Saint Jean de Guern expose Léo Delarue.
Entre la fin du XVIIIe siècle et le milieu du XXe siècle environ la moitié des chapelles bretonnes publiques a disparu. Les routes sont meilleures et les paroissiens se déplacent jusqu'au bourg où s'est regroupé le clergé. L'entretien est onéreux : paroisses et municipalités se rejettent la charge.
A partir des années 1950, un mouvement de restauration apparaît. L'état et les collectivités locales s'engagent dans la restauration et la conservation du patrimoine. Des associations se créent et vont même reconstruire des ruines. Certaines chapelles sont toujours lieu de culte mais d'autres accueillent la communauté artistique. C'est en 1992 que la commune de Bieuzy-les-Eaux crée la première édition de "L'art dans les chapelles". Des artistes contemporains sont invités à exposer dans ses chapelles. Un nouveau projet culturel voit le jour : organiser la rencontre entre la création contemporaine et le patrimoine religieux. Par cette initiative, la chapelle demeure un lieu d'investissement collectif. Les visiteurs viennent nombreux voir les œuvres, attirés par l'art contemporain ou par le patrimoine architectural. Le bâtiment a une architecture spécifique et est chargé de son histoire, la perception des œuvres pour le spectateur en est sans doute modifiée. D'autre part la tradition spirituelle du lieu peut être investie dans la pratique artistique. Le festival se développe et se professionnalise. Chaque année des œuvres sont exposées dans quatre circuits composés d'une vingtaine de chapelles.
Ce reportage met en avant les œuvres de deux artistes, François Dilasser (né en 1926) et Léo Delarue (né en 1956). François Dilasser vit à Lesneven. Autodidacte, c'est à partir des années 70 qu'il se consacre entièrement à la peinture après une carrière professionnelle. Ses œuvres semblent d'emblée assez énigmatiques et nous révèlent la liberté de cet artiste par rapport à la forme, la figure, le trait, la technique. Peintre d'intuition, il propose un univers personnel où une représentation s'esquisse. Le dessin domine et se fond dans la matière picturale. C'est par des signes qu'on approche le réel représenté et on peut alors se laisser aller à l'interprétation. Le trait est chaotique, faussement hésitant. Le geste de l'artiste est très présent, contrôlé. On ressent une peinture qui doit plus au travail qu'au jaillissement spontané. Un système se répète, se développe. Les œuvres se prolongent et forment des séries. Basculant entre le rudimentaire et l'élaboré, ses peintures transmettent une émotion ressentie pendant leur élaboration. Le tableau devient alors émotion exprimée et suscitée. Le sculpteur Léo Delarue utilise des matériaux de chantier, plâtre, silicone, goudron, fil de métal, résine, zinc. Ils se juxtaposent, se croisent, les différentes textures, les couleurs, se rencontrent et créent alors des pièces organiques évoquant peau, chair, corps ouvert. Ce ne sont pas vraiment des figurations mais plutôt des évocations. Des formes tubulaires, des matières comme le silicone, des couleurs renvoient à la circulation de fluides, aux échanges du corps. Les matériaux créent des formes. A cette structure se superpose la couleur qui, appliquée en couches, devient une peau. Porteuse d'émotion, l'œuvre est attirante et suscite chez le spectateur l'envie de toucher, de retourner les objets troués ou aux matières souples.