L'Art dans les chapelles

18 août 2001
02m 21s
Réf. 00239

Notice

Résumé :

Le festival "L'Art dans les chapelles" a pour volonté de mêler le patrimoine religieux et l'art contemporain. Les artistes, notamment François Dilasser et Léo Delarue exposent leurs œuvres dans les chapelles situées le long du Blavet dans le Morbihan.

Date de diffusion :
18 août 2001
Source :
FR3 (Collection: JT Rennes soir )

Éclairage

Dans le cadre de "L'art dans les chapelles" en 2001, la chapelle Saint Nicolas à Saint-Nicolas-des-Eaux expose François Dilasser, et la chapelle Saint Jean de Guern expose Léo Delarue.

Entre la fin du XVIIIe siècle et le milieu du XXe siècle environ la moitié des chapelles bretonnes publiques a disparu. Les routes sont meilleures et les paroissiens se déplacent jusqu'au bourg où s'est regroupé le clergé. L'entretien est onéreux : paroisses et municipalités se rejettent la charge.

A partir des années 1950, un mouvement de restauration apparaît. L'état et les collectivités locales s'engagent dans la restauration et la conservation du patrimoine. Des associations se créent et vont même reconstruire des ruines. Certaines chapelles sont toujours lieu de culte mais d'autres accueillent la communauté artistique. C'est en 1992 que la commune de Bieuzy-les-Eaux crée la première édition de "L'art dans les chapelles". Des artistes contemporains sont invités à exposer dans ses chapelles. Un nouveau projet culturel voit le jour : organiser la rencontre entre la création contemporaine et le patrimoine religieux. Par cette initiative, la chapelle demeure un lieu d'investissement collectif. Les visiteurs viennent nombreux voir les œuvres, attirés par l'art contemporain ou par le patrimoine architectural. Le bâtiment a une architecture spécifique et est chargé de son histoire, la perception des œuvres pour le spectateur en est sans doute modifiée. D'autre part la tradition spirituelle du lieu peut être investie dans la pratique artistique. Le festival se développe et se professionnalise. Chaque année des œuvres sont exposées dans quatre circuits composés d'une vingtaine de chapelles.

Ce reportage met en avant les œuvres de deux artistes, François Dilasser (né en 1926) et Léo Delarue (né en 1956). François Dilasser vit à Lesneven. Autodidacte, c'est à partir des années 70 qu'il se consacre entièrement à la peinture après une carrière professionnelle. Ses œuvres semblent d'emblée assez énigmatiques et nous révèlent la liberté de cet artiste par rapport à la forme, la figure, le trait, la technique. Peintre d'intuition, il propose un univers personnel où une représentation s'esquisse. Le dessin domine et se fond dans la matière picturale. C'est par des signes qu'on approche le réel représenté et on peut alors se laisser aller à l'interprétation. Le trait est chaotique, faussement hésitant. Le geste de l'artiste est très présent, contrôlé. On ressent une peinture qui doit plus au travail qu'au jaillissement spontané. Un système se répète, se développe. Les œuvres se prolongent et forment des séries. Basculant entre le rudimentaire et l'élaboré, ses peintures transmettent une émotion ressentie pendant leur élaboration. Le tableau devient alors émotion exprimée et suscitée. Le sculpteur Léo Delarue utilise des matériaux de chantier, plâtre, silicone, goudron, fil de métal, résine, zinc. Ils se juxtaposent, se croisent, les différentes textures, les couleurs, se rencontrent et créent alors des pièces organiques évoquant peau, chair, corps ouvert. Ce ne sont pas vraiment des figurations mais plutôt des évocations. Des formes tubulaires, des matières comme le silicone, des couleurs renvoient à la circulation de fluides, aux échanges du corps. Les matériaux créent des formes. A cette structure se superpose la couleur qui, appliquée en couches, devient une peau. Porteuse d'émotion, l'œuvre est attirante et suscite chez le spectateur l'envie de toucher, de retourner les objets troués ou aux matières souples.

Françoise Cocaud

Transcription

Michel Bodet
Entrez par la grande porte. Celle qui ouvre sur la nef du sacré et du spirituel. C'est la volonté partagée par Olivier delavallade et François Dilasser. Le premier est directeur artistique, c'est lui qui propose l'écrin, quatorze chapelles égrenées sur le chapelet de la rivière du Blavet. Le second, peintre de son état, dispose des lieux avec treize autres artistes. Ici, François Dilasser voit grand. Son cosmos est peuplé de boules rondes, de couleurs. Sur ses grosses planètes, l'homme tourne en rond, la question du moins est posée.
François Dilasser
C'est une planète mais pour moi ça m'évoque toutes les planètes et tout l'univers qui gravite autour. En fait, ça nous remet à notre échelle je trouve.
Michel Bodet
Perdu dans cette spirale, l'homme courbe l'échine, tout comme les Veilleurs de François Dilasser. Pélerins sans visage, ils tournent le dos au regard du visiteur. Passe murailles silencieux, ils traversent le temps. Leurs robes de bure font le gros dos à la manière des cintres des portes voisines.
François Dilasser
Quand je travaillais, je n'étais pas à me dire je travaille pour une chapelle, mais intérieurement, mon subconscient doit travailler et me l'indiquer.
Michel Bodet
Autre chapelle et pourtant même dialogue. Ici, l'artiste exposé s'appelle Léo Delarue. Ses sculptures organiques invitent le visiteur au toucher. Son écran de peau en latex, rouge sang, palpite comme un crucifié contemporain.
Olivier Delavallade
Il n'y a pas de volonté de provocation, il y a plutôt une volonté d'un dialogue entre effectivement ce patrimoine religieux, son architecture, son mobilier, et puis les oeuvres d'art donc contemporaines dans leur diversité, peinture, sculpture, installation, et qui vont effectivement trouver là un lieu de déposition.
Michel Bodet
Marier l'art et le sacré, sous la lavande des voutes du patrimoine. L'alliance a été consacrée l'an dernier par soixante cinq mille visiteurs.