La récolte du blé noir en Ille et Vilaine

03 novembre 2003
02m 02s
Réf. 00250

Notice

Résumé :

Depuis dix ans en Bretagne, la culture du blé noir est remise au goût du jour, grâce notamment à l'association "Blé noir, tradition Bretagne". Cette culture redevient intéressante pour les agriculteurs, les coopératives agricoles et les meuniers.

Date de diffusion :
03 novembre 2003
Source :
FR3 (Collection: JT Rennes midi )

Éclairage

Le sarrasin (aussi appelée blé noir en raison de la couleur des grains) était autrefois la plante de début d'assolement en Bretagne : elle avait la vertu de nettoyer le sol, de pousser vite, d'avoir un bon rendement de farine et donc de nourrir la population à peu de frais... De là, la tradition des bouillies et des galettes pour ce produit sans gluten. Mais au XIXe siècle, le sarrasin (polygonacée), chassé par les céréales - le seigle, le froment - est devenu le symbole des terres pauvres pour quasiment disparaître au milieu du XXe siècle, écarté par la modernisation et ses engrais.

Depuis une dizaine d'année, entraînée par la renaissance du patrimoine culinaire traditionnel, cette plante retrouve un certain succès. En 1996, l'association Blé noir tradition Bretagne, créée à l'initiative de meuniers, relance la production et la transformation du blé noir. L'association s'appuie sur la variété argentée dite "la Harpe" pour obtenir une IGP (label européen) c'est-à-dire une Indication Géographique Protégée qui est la garantie d'un lien entre un produit et son territoire. Ce produit d'excellente qualité doit concurrencer ceux qui viennent actuellement de Chine et des pays de l'est.

Actuellement le sarrasin refleurit dans les campagnes mais la production (2000 tonnes par an environ) reste inférieure à la demande (10 000 tonnes) qui est aiguillonnée par les nombreuses crêperies et l'apparition de nouveaux produits dont la bière brune "Telenn Du" réalisée, depuis 1993, à base d'orge maltée et de sarrasin.

Martine Cocaud

Transcription

René Pelhate
Au niveau du grain, oui il est bien, bien à maturité hein.
Louis Jolivet
Ah oui, oui ça va là ?
René Pelhate
C'est bien argenté, il n'y a pas de vers, quelques grains marrons là, qui ont souffert du soleil.
Louis Jolivet
Ouais.
Eric Piollé
Le fruit est mûr, la récolte de blé noir peut commencer. Comme toutes les parcelles gérées par l'association blé noir tradition Bretagne, celle ci est semée d'une seule variété, la Harpe. Cultivée dans le passé, elle a été remise au goût du jour par les chercheurs car elle donne une saveur particulière à la farine. 300 agriculteurs bretons produisent aujourd'hui ce type de blé noir, reconnu comme céréale pour bénéficier des primes européennes. Avec des rendements moyens de 15 quintaux à l'hectare et un prix 4 fois plus élevé que celui du blé, cette culture redevient attractive pour l'agriculteur. Surtout qu'elle ne nécessite aucun entretien.
Louis Jolivet
Avant on faisait beaucoup de tournesol et petits pois, puis c'est une culture qui ne nous convenait pas trop pour nous personnellement. Donc on a vu avec le technicien, ils nous a conseillé du blé noir, c'était pas trop de surveillance et de boulot. Donc on l'a écouté, on a fait ça la première année, puis on a été assez satisfait et on a continué.
Eric Piollé
L'agriculteur et la coopérative signent un cahier des charges rigoureux : taux d'humidité inférieur à 30%, taux d'impureté en dessous de 28%. Le producteur doit livrer sa marchandise dans un délai de 48 heures pour qu'elle passe aussitôt au nettoyeur et au séchage. C'est en observant ces normes que le blé noir ne fermente pas et garde ses qualités organoleptiques. Cultivé, stocké, transformé en Bretagne, ce blé noir tradition n'est pas encore reconnu par une indication géographique protégée, mais ça ne saurait tarder.
René Pelhate
Les agriculteurs sont convaincus, ils sont prêts à nous produire des surfaces. On a des refus tous les ans par manque de, de débouché. Si nous avons notre IGP, nous avons notre débouché, c'est garanti. Donc c'est une chaîne, c'est un engagement agriculteur, organisme stockeur, meunier. Cette IGP, nous l'attendons tous les trois avec impatience.
Eric Piollé
2.000 hectares sont récoltés en Bretagne. L'objectif est de doubler cette surface pour faire barrage aux importations de blé noir chinois et brésilien, qui représentent encore 75% de la consommation française.