L'évolution de l'agriculture biologique
Notice
Michel Davenel est exploitant agricole dans la région de Vitré. Depuis vingt ans, il a choisi de produire une agriculture biologique. Il en explique les principes.
Éclairage
Le développement d'une agriculture intensive en Bretagne a eu de fortes conséquences sur l'environnement : entre 1970 et 1995 le taux de nitrates des eaux a été multiplié par 5, les algues vertes envahissent les plages. Ces dégâts sont essentiellement dus à l'utilisation de produits chimiques (engrais et pesticides) et à l'épandage des fumiers et des lisiers qui proviennent des élevages porcins. Le Finistère nord et les Côtes-d'Armor sont particulièrement touchés. Cette pollution est maintenant perçue comme un véritable problème pour les usagers qui ne peuvent pas consommer l'eau courante et de plus, elle nuit à l'image de marque de la région, basée en partie sur la nature et le vivant.
La prise de conscience des associations professionnelles a été assez tardive - l'opération "Bretagne, eau pure" menée en liaison avec les pouvoirs publics date de 1988 - et les directives européennes du début des années 90 ont joué un rôle décisif.
Mais dès le début des années 60, des agriculteurs ont souhaité abandonner le modèle intensif et se sont associés pour chercher d'autres solutions. En 1995, Inter bio Bretagne, un groupe interprofessionnel de la filière agrobiologique bretonne propose une agriculture qui valorise l'activité biologique des sols grâce à un mode de production très précis. Depuis 2003, la commission interprofessionnelle de recherche en agriculture biologique (CIRAB) coordonne des travaux de recherches et d'expérimentation. Elle s'appuie sur des commissions techniques par filière qui rassemblent agriculteurs, techniciens et scientifiques ; les domaines privilégiés sont les grandes cultures, l'élevage et les légumes. Ces réflexions associent la sauvegarde de l'environnement à la qualité de vie et à l'autonomie de l'agriculteur.
L'agriculteur que nous voyons dans le film est un de ces précurseurs, et ses choix sont très fermes puisqu'il pratique une agriculture biologique soumise à des règlementations extrêmement contraignantes, sans que la valorisation des produits soit soutenue par les pouvoirs publics face à la grande distribution. Cette indifférence associée à l'extension de l'agriculture intensive dans les années 60-80 expliquent en partie le peu de succès du bio en Bretagne qui, en 2002, ne concerne que 2% des exploitations.