L'évolution de l'agriculture biologique

11 janvier 1991
01m 36s
Réf. 00273

Notice

Résumé :

Michel Davenel est exploitant agricole dans la région de Vitré. Depuis vingt ans, il a choisi de produire une agriculture biologique. Il en explique les principes.

Date de diffusion :
11 janvier 1991
Source :
FR3 (Collection: Rennes soir )

Éclairage

Le développement d'une agriculture intensive en Bretagne a eu de fortes conséquences sur l'environnement : entre 1970 et 1995 le taux de nitrates des eaux a été multiplié par 5, les algues vertes envahissent les plages. Ces dégâts sont essentiellement dus à l'utilisation de produits chimiques (engrais et pesticides) et à l'épandage des fumiers et des lisiers qui proviennent des élevages porcins. Le Finistère nord et les Côtes-d'Armor sont particulièrement touchés. Cette pollution est maintenant perçue comme un véritable problème pour les usagers qui ne peuvent pas consommer l'eau courante et de plus, elle nuit à l'image de marque de la région, basée en partie sur la nature et le vivant.

La prise de conscience des associations professionnelles a été assez tardive - l'opération "Bretagne, eau pure" menée en liaison avec les pouvoirs publics date de 1988 - et les directives européennes du début des années 90 ont joué un rôle décisif.

Mais dès le début des années 60, des agriculteurs ont souhaité abandonner le modèle intensif et se sont associés pour chercher d'autres solutions. En 1995, Inter bio Bretagne, un groupe interprofessionnel de la filière agrobiologique bretonne propose une agriculture qui valorise l'activité biologique des sols grâce à un mode de production très précis. Depuis 2003, la commission interprofessionnelle de recherche en agriculture biologique (CIRAB) coordonne des travaux de recherches et d'expérimentation. Elle s'appuie sur des commissions techniques par filière qui rassemblent agriculteurs, techniciens et scientifiques ; les domaines privilégiés sont les grandes cultures, l'élevage et les légumes. Ces réflexions associent la sauvegarde de l'environnement à la qualité de vie et à l'autonomie de l'agriculteur.

L'agriculteur que nous voyons dans le film est un de ces précurseurs, et ses choix sont très fermes puisqu'il pratique une agriculture biologique soumise à des règlementations extrêmement contraignantes, sans que la valorisation des produits soit soutenue par les pouvoirs publics face à la grande distribution. Cette indifférence associée à l'extension de l'agriculture intensive dans les années 60-80 expliquent en partie le peu de succès du bio en Bretagne qui, en 2002, ne concerne que 2% des exploitations.

Martine Cocaud

Transcription

Gilles Bernard
L'agriculture biologique n'est pas un gadget, et Michel Davenel n'a rien du soixante-huitard qui a réalisé son retour à la terre. Installé depuis 20 ans dans la région de Vitré, il est depuis le début, agriculteur biologique. Le principe est simple, il n'y a aucune utilisation de pesticide ni d'engrais chimiques. L'amendement est naturel, réalisé par du compost de fumier. Hormis une partie de la paille et des oligo-éléments, l'amendement nécessaire est retiré de la ferme. Pour du blé, l'apport d'azote est réalisé par l'adjonction de plantes, comme les pois.
Michel Davenel
En agrobiologie, étant donné qu'on travaille avec le, la vie du sol, on apporte au sol les éléments utiles pour le fonctionnement de la vie microbienne, et il n'y pas de pollution, il n'y a pas de conséquence sur l'environnement.
Gilles Bernard
Mais l'agriculture biologique a ses défauts. D'abord des rendements plus faibles, de l'ordre de 30%. Pour compenser le manque à gagner, les produits sont vendus plus chers. Le consommateur est-il prêt ? D'autre part, l'absence de désherbant implique plus d'activité d'entretien. Une surcharge de travail qui peut rebuter les agriculteurs.
Michel Davenel
Le travail est, est différent, c'est-à-dire que dans certaines cultures on est amené à, à apporter un travail manuel pour le désherbage de certaines plantes, mais en contrepartie, on n' a pas le souci des, du contact avec les pesticides, on s'habille jamais en martien pour aller dans les champs.
Gilles Bernard
Contrairement à l'Allemagne, le bio se développe peu en France. Une centaine d'agriculteurs seulement le pratiquent en Ille et Vilaine. Image de marque, lobby de la chimie, mauvaise distribution, politique du rendement ont retardé son développement. Mais le souci d'une agriculture propre peut assurer son décollage.