Les cultures intermédiaires
Notice
Dans les Côtes-d'Armor, pour lutter contre les nitrates, un système de culture appelé cultures intermédiaires est mis en place. Il s'agit de planter un couvre sol végétal durant l'hiver, évitant notamment les écoulements de nitrates vers la rivière.
Éclairage
Ce témoignage répond à une question essentielle de l'agriculture bretonne qui a fait le choix de la production intensive. Comment retrouver la qualité de l'eau, gâtée par l'abus des nitrates utilisés comme fertilisants ?
Cet agriculteur présente l'intérêt des "cultures intermédiaires", c'est à dire la culture de plantes à poussée rapide et facile qui semées juste après la moisson - donc généralement avant septembre - vont piéger les nitrates des terres potentiellement lessivables. Ces surplus azotés proviennent des stocks non épuisés par la récolte précédente - celle du maïs par exemple qui est grande consommatrice de nitrates et d'eau. Dans ce cas, le semis d'une plante autre qu'une légumineuse (la moutarde par exemple, qui pousse en à peine un mois) s'impose.
Car les cultures intermédiaires dites parfois "engrais verts" sont nombreuses, et le choix dépend de l'usage souhaité. Si l'on veut empêcher le développement des herbes indésirables sans utiliser d'herbicides, on utilisera une légumineuse (le trèfle par exemple) qui peut synthétiser l'azote nécessaire à sa croissance à partir de l'azote de l'air.
Les pouvoirs publics ont pris conscience de la nécessité de mieux gérer l'eau dans les années 60, mais les directives sont relativement récentes : en 1964, une loi pose les bases de la gestion de l'eau ; en 1991, la directive européenne dite "directive nitrates" impose la lutte contre la pollution des eaux par les nitrates d'origine agricole ; en 1992, la loi fait de l'eau "un patrimoine commun à la nation" mais les véritables directives d'application datent de 2001 ; enfin en 2006, une nouvelle loi vise à atteindre en 2015 le bon état écologique fixé par la directive européenne de 2000.
En ce qui concerne le rôle des agriculteurs face à la gestion de l'eau, le plus important est la loi de 1999 qui a permis la mise en place des CTE (contrat territoriaux d'exploitation). Ces contrats ont comme objectif de développer une activité multifonctionnelle qui contribue au développement économique tout en protégeant la gestion des espaces naturels. En 2004 les CTE ont été remplacés par des CTD (contrats territoriaux durables) qui programment sur un territoire des actions construites en partenariat.
En Bretagne, le rapport intitulé "L'eau, un enjeu économique majeur", rédigé en 1988 par le président de l'association "Eaux et rivières" à la demande du conseil économique et social, a joué un rôle majeur en montrant l'interdépendance des activités bretonnes qui dépendent d'un environnement de qualité (industries agro-alimentaires, pêche, tourisme maritime etc...). En 2001, 28 des 33 bassins versants bretons ont été ramenés à la conformité. Mais pour les neuf derniers versants la commission européenne a engagé une saisine près de la Cour de justice pour violation de la loi nitrates. Aussi, le plan de conformité des exploitations qui était laissé à la volonté des agriculteurs est-il obligatoire depuis 2008. Ces mesures coercitives s'accompagnent maintenant d'aides financières.