Les cultures intermédiaires

04 février 2002
01m 01s
Réf. 00281

Notice

Résumé :

Dans les Côtes-d'Armor, pour lutter contre les nitrates, un système de culture appelé cultures intermédiaires est mis en place. Il s'agit de planter un couvre sol végétal durant l'hiver, évitant notamment les écoulements de nitrates vers la rivière.

Date de diffusion :
04 février 2002
Source :
FR3 (Collection: JT Rennes midi )

Éclairage

Ce témoignage répond à une question essentielle de l'agriculture bretonne qui a fait le choix de la production intensive. Comment retrouver la qualité de l'eau, gâtée par l'abus des nitrates utilisés comme fertilisants ?

Cet agriculteur présente l'intérêt des "cultures intermédiaires", c'est à dire la culture de plantes à poussée rapide et facile qui semées juste après la moisson - donc généralement avant septembre - vont piéger les nitrates des terres potentiellement lessivables. Ces surplus azotés proviennent des stocks non épuisés par la récolte précédente - celle du maïs par exemple qui est grande consommatrice de nitrates et d'eau. Dans ce cas, le semis d'une plante autre qu'une légumineuse (la moutarde par exemple, qui pousse en à peine un mois) s'impose.

Car les cultures intermédiaires dites parfois "engrais verts" sont nombreuses, et le choix dépend de l'usage souhaité. Si l'on veut empêcher le développement des herbes indésirables sans utiliser d'herbicides, on utilisera une légumineuse (le trèfle par exemple) qui peut synthétiser l'azote nécessaire à sa croissance à partir de l'azote de l'air.

Les pouvoirs publics ont pris conscience de la nécessité de mieux gérer l'eau dans les années 60, mais les directives sont relativement récentes : en 1964, une loi pose les bases de la gestion de l'eau ; en 1991, la directive européenne dite "directive nitrates" impose la lutte contre la pollution des eaux par les nitrates d'origine agricole ; en 1992, la loi fait de l'eau "un patrimoine commun à la nation" mais les véritables directives d'application datent de 2001 ; enfin en 2006, une nouvelle loi vise à atteindre en 2015 le bon état écologique fixé par la directive européenne de 2000.

En ce qui concerne le rôle des agriculteurs face à la gestion de l'eau, le plus important est la loi de 1999 qui a permis la mise en place des CTE (contrat territoriaux d'exploitation). Ces contrats ont comme objectif de développer une activité multifonctionnelle qui contribue au développement économique tout en protégeant la gestion des espaces naturels. En 2004 les CTE ont été remplacés par des CTD (contrats territoriaux durables) qui programment sur un territoire des actions construites en partenariat.

En Bretagne, le rapport intitulé "L'eau, un enjeu économique majeur", rédigé en 1988 par le président de l'association "Eaux et rivières" à la demande du conseil économique et social, a joué un rôle majeur en montrant l'interdépendance des activités bretonnes qui dépendent d'un environnement de qualité (industries agro-alimentaires, pêche, tourisme maritime etc...). En 2001, 28 des 33 bassins versants bretons ont été ramenés à la conformité. Mais pour les neuf derniers versants la commission européenne a engagé une saisine près de la Cour de justice pour violation de la loi nitrates. Aussi, le plan de conformité des exploitations qui était laissé à la volonté des agriculteurs est-il obligatoire depuis 2008. Ces mesures coercitives s'accompagnent maintenant d'aides financières.

Martine Cocaud

Transcription

Robin Durand
Jean-Jacques René est éleveur sur un bassin versant réputé sensible. A quelques kilomètres, la baie de Binic et ses algues vertes. Il y a 7 ans, cet éleveur a choisi de recouvrir ces surfaces nues. 13 ha de moutarde cultivée entre les moissons de l'été et les ensemencements du printemps. Cela donne aujourd'hui un véritable couvert végétal qui fixe le sol par ses racines, devenant ainsi une véritable pompe à nitrates.
Jean-Jacques René
Il évite la fuite des éléments fertilisants vers la rivière et donc euh qui peut induire des algues vertes. Et deuxièmement, un impact sur le sol euh à très court terme d'ailleurs, pour la culture suivante, c'est-à-dire qu'au printemps on retrouve un sol bien réorganisé, non déstructuré et donc pour l'agriculteur c'est intéressant.
Robin Durand
Au total, ce sont une quinzaine de plantes qui composent aujourd'hui les cultures intermédiaires. Au coeur de l'opération Bretagne Eau Pure, elles sont désormais obligatoires dans certains cas, et surtout bientôt indemnisables si Bruxelles l'autorise.