Anne-Marie Crolais, présidente du CDJA
Notice
Anne-Marie Crolais, agricultrice de 24 ans, est présidente du syndicat des jeunes agriculteurs, le CDJA. Elle témoigne de son rôle d'agricultrice, de syndicaliste agricole et de femme. Elle aspire à conjuguer ses différentes fonctions.
Éclairage
Anne-Marie Crolais est une figure emblématique des agricultrices de Bretagne. Jeune femme dans ce document réalisé en 1976, elle participe alors pleinement aux mutations rurales.
Par son engagement syndical d'abord : elle vient d'être élue présidente du groupe CDJA (Centre départemental des jeunes agriculteurs) des Côtes-d'Armor. Cette élection fait figure de première : une femme à la tête d'un groupe syndical agricole ! Comment est-ce possible ? Au début des années 70, les FDSEA (Fédérations départementales des syndicats d'exploitants agricoles) bretonnes sont menacées d'éclatement par l'arrivée de jeunes agriculteurs très opposés au libéralisme et attirés par la gauche. La FDSEA des Côtes-d'Armor reste modérée. Mais malgré toutes les tensions, elle facilite sans doute l'ouverture des portes de l'appareil - traditionnellement assez machiste - aux femmes. L'engagement syndical d'Anne-Marie Crolais balise sa vie professionnelle : elle sera successivement membre du bureau du CNJA, membre de la chambre d'agriculture, secrétaire puis présidente de la FDSEA des Côtes-d'Armor. Elle est maintenant présidente de l'Union bretonne du tourisme rural. Cet engagement l'entraînera sur le terrain politique : elle sera conseillère régionale (UDF) de 2004 à 2007. Par le besoin de faire reconnaître sa profession ensuite. Elle écrira d'ailleurs un livre en 1982 dont le titre, L'Agricultrice, est le symbole des luttes des femmes du milieu rural. Les jeunes femmes des campagnes, souvent motivées par la JACF (Jeunesse agricole catholique féminine), ont voulu associer un professionnalisme reconnu avec une qualité de vie proche de celle des villes. Anne-Marie Crolais ne cache pas son plaisir face aux sorties, entre autre pour aller au théâtre, activité qui a joué très tôt un rôle important dans l'ouverture culturelle des campagnes. Par sa participation à l'organisation de la filière porcine enfin : Anne-Marie Crolais et son mari créent très jeunes un atelier d'élevage de porcs. C'est en effet dans les années 70 que la filière porcine s'organise, permettant à la paysannerie modernisée de s'affirmer en développant de nouvelles productions et de nouveaux outils (marchés au cadran, coopératives etc.). Anne-Marie Crolais sera présidente de la section porcine du CRJA.
Face au journaliste, Anne-Marie Crolais fait preuve d'une assurance tranquille et d'une forte conviction. Elle est représentante de la volonté de changement d'une jeune génération moderniste pour qui rien ne semble impossible... même d'être femme dans un monde d'hommes. Au début des années 2000, elle nuancera cet enthousiasme : si elle continuera d'affirmer la richesse de l'engagement syndical, elle ne cachera pas les nombreuses difficultés qu'elle a rencontrées en étant quasiment la seule femme présente dans des instances restées souvent misogynes.
Bibliographie :
- Anne-Marie Crolais, L'Agricultrice, Ramsay, 1982.