Les problèmes de la production laitière

22 octobre 1981
03m 05s
Réf. 00090

Notice

Résumé :

La production laitière est en crise. Cette situation est le résultat d'une transformation de l'agriculture de subsistance en agriculture industrielle. Différents acteurs du monde agricole témoignent.

Type de média :
Date de diffusion :
22 octobre 1981
Source :
FR3 (Collection: Terroir 22 )

Éclairage

La filière lait apparaît comme la base de l'agriculture bretonne, particulièrement dans le bassin de Rennes et dans le Nord-Finistère. Elle se caractérise par une croissance soutenue (14 millions d'hectolitres en 1950, 65M en 1983) due à l'augmentation d'un troupeau laitier composé pour l'essentiel de frisonnes (83% du cheptel léonard en 1980), à la révolution fourragère et surtout à l'accroissement du rendement laitier par vache (2 418 l de lait par vache/an en 1968, 4 250 l en 1984).

A partir de 1960, des collecteurs de beurre et de crème fermière se reconvertissent, à l'instar d'industriels extérieurs, vers la collecte de lait naturel qui va s'imposer en exclusivité à partir de 1970. En une dizaine d'années l'industrie laitière a pris le contrôle complet du bassin laitier breton. Cette entrée dans l'ère agro-industrielle s'accompagne d'une augmentation du nombre de vaches laitières (1,22M en 1968, 1,39M en 1984).

Le gonalement spectaculaire du "fleuve blanc" propulse la Bretagne au premier rang des régions françaises agricoles, mais dès 1970 les entreprises semblent débordées par les volumes croissants. Après s'être contentées de les transformer en produits basiques (poudre de lait et beurre), elles recherchent des produits à plus forte valeur ajoutée. Mais en 1977, les stocks communautaires sont au plus haut et Bruxelles prend les premières mesures visant à restreindre la production et instaure des primes de non-commercialisation et de reconversion lait-viande.

Toutefois en 1984, les excédents communautaires représentent toujours des volumes considérables et pour les résorber Bruxelles recourt à des procédés coercitifs : l'instauration des quotas laitiers dans un climat d'hostilité générale. La collecte va alors baisser de 15% entre 1984 et 1995. Ces mesures vont avoir une forte incidence sur les producteurs : seulement 45% des agriculteurs continuent à produire du lait. Plus de la moitié a disparu entre 1984 et 1995 tandis que le cheptel a diminué de 33%, les vaches laitières étant souvent remplacées par des vaches allaitantes et les veaux de boucherie. Mais cette tendance s'accompagne d'un mouvement de concentration : suite à la cessation d'activité de nombreux producteurs, la dimension moyenne des étables est passée de 16 à 30 vaches, la livraison annuelle de lait de 85 000 litres à 150 000. La concentration des élevages a été une réalité puisque les étables de plus de 50 vaches regroupent 16% du cheptel en 1993 contre 10% en 1988. En Ille-et-Vilaine, par exemple, on comptait 21 vaches par exploitation en 1983 et 28,9 en 1993, avec une augmentation de la production par vache de 35%.

Bibliographie :

- François Vatin, L'industrie du lait : essai d'histoire économique, éd. L'Harmattan, 1990.

Martine Cocaud

Transcription

(Musique)
Inconnu
J'estime que en fait, les Bretons, enfin les agriculteurs bretons, pour la plupart ont été obligés étant donné les ressources de leur terroir, étant donné la taille des exploitations, étant donné le nombre de personnes disponibles, la force de travail disponible en Bretagne, ont été obligés en fait de s'orienter vers la production qui valorise le mieux les ressources locales, à la fois en terre et en hommes, en main d'oeuvre. Et ce n'est donc pas une vocation, je dirais que...
Journaliste
C'est une obligation.
Inconnu
En quelque sorte.
Journaliste
Vous n'avez pas d'autre choix.
Inconnu
Vous n'avez pas d'autre choix pour la plupart des exploitations de la taille de celles qui existent en Bretagne.
Journaliste
1955, la production laitière en Bretagne est déjà importante mais on est loin de parler de fleuve blanc. Elle s'insère dans un système d'exploitation où l'on fait un peu de tout en fonction des besoins de la ferme. A l'époque, pratiquement toute la production est utilisée sur place, pour l'autoconsommation, la nourriture des bêtes ou la vente à une clientèle locale. Petit à petit, ces données vont se modifier. En 25 ans, la production laitière bretonne quadruple. Aujourd'hui, elle atteint 52 millions d'hectolitres par an. Economiquement, c'est un secteur crucial. Presque tous les agriculteurs font du lait et en aval, 8 à 10 000 salariés vivent de sa transformation. Différents facteurs ont contribué à sa modification, l'amélioration des techniques d'alimentation, une révolution génétique qui s'est traduite par l'insémination artificielle et enfin plus récemment, une spécialisation des races et de l'alimentation qui provoque le gonflement actuel de la production laitière. Parallèlement à cet accroissement, le nombre de producteurs de lait n'a cessé de diminuer. On assiste aujourd'hui à une accélération de ce phénomène et à un accroissement des différences entre les petits, les moyens et les gros éleveurs.
(Silence)
Journaliste
Vous avez relativement une petite ferme, est-ce que ça veut dire que les méthodes de travail n'ont pas changé depuis votre installation ?
Eleveur de lait
Oh si, si.
Journaliste
Vous vous êtes modernisé ?
Eleveur de lait
Bah oui, premièrement, c'est mécanisé quoi. Maintenant, y a le tracteur avant c'était les chevaux. La traite se fait avec une trayeuse quoi, un transfert, si l'on veut, avant c'était à la main.
Journaliste
Oui, avec12 hectares 50, on peut vivre, on peut s'en sortir ?
Eleveur de lait
Bah oui, en faisant du [...].
Journaliste
Plus jeune, si vous aviez eu la possibilité d'acheter de la terre, est-ce que vous auriez fait de la production intensive ?
Eleveur de lait
Ah oui, oui, oui.
Journaliste
C'est-à-dire quelle taille... auriez-vous souhaité ?
Eleveur de lait
Une ferme de combien d'hectares quoi ? 25 hectares par là... 25 hectares avec 25, 30 vaches. Je crois que honnêtement avec cela, on peut vivre.