Les problèmes de la production laitière
Notice
La production laitière est en crise. Cette situation est le résultat d'une transformation de l'agriculture de subsistance en agriculture industrielle. Différents acteurs du monde agricole témoignent.
Éclairage
La filière lait apparaît comme la base de l'agriculture bretonne, particulièrement dans le bassin de Rennes et dans le Nord-Finistère. Elle se caractérise par une croissance soutenue (14 millions d'hectolitres en 1950, 65M en 1983) due à l'augmentation d'un troupeau laitier composé pour l'essentiel de frisonnes (83% du cheptel léonard en 1980), à la révolution fourragère et surtout à l'accroissement du rendement laitier par vache (2 418 l de lait par vache/an en 1968, 4 250 l en 1984).
A partir de 1960, des collecteurs de beurre et de crème fermière se reconvertissent, à l'instar d'industriels extérieurs, vers la collecte de lait naturel qui va s'imposer en exclusivité à partir de 1970. En une dizaine d'années l'industrie laitière a pris le contrôle complet du bassin laitier breton. Cette entrée dans l'ère agro-industrielle s'accompagne d'une augmentation du nombre de vaches laitières (1,22M en 1968, 1,39M en 1984).
Le gonalement spectaculaire du "fleuve blanc" propulse la Bretagne au premier rang des régions françaises agricoles, mais dès 1970 les entreprises semblent débordées par les volumes croissants. Après s'être contentées de les transformer en produits basiques (poudre de lait et beurre), elles recherchent des produits à plus forte valeur ajoutée. Mais en 1977, les stocks communautaires sont au plus haut et Bruxelles prend les premières mesures visant à restreindre la production et instaure des primes de non-commercialisation et de reconversion lait-viande.
Toutefois en 1984, les excédents communautaires représentent toujours des volumes considérables et pour les résorber Bruxelles recourt à des procédés coercitifs : l'instauration des quotas laitiers dans un climat d'hostilité générale. La collecte va alors baisser de 15% entre 1984 et 1995. Ces mesures vont avoir une forte incidence sur les producteurs : seulement 45% des agriculteurs continuent à produire du lait. Plus de la moitié a disparu entre 1984 et 1995 tandis que le cheptel a diminué de 33%, les vaches laitières étant souvent remplacées par des vaches allaitantes et les veaux de boucherie. Mais cette tendance s'accompagne d'un mouvement de concentration : suite à la cessation d'activité de nombreux producteurs, la dimension moyenne des étables est passée de 16 à 30 vaches, la livraison annuelle de lait de 85 000 litres à 150 000. La concentration des élevages a été une réalité puisque les étables de plus de 50 vaches regroupent 16% du cheptel en 1993 contre 10% en 1988. En Ille-et-Vilaine, par exemple, on comptait 21 vaches par exploitation en 1983 et 28,9 en 1993, avec une augmentation de la production par vache de 35%.
Bibliographie :
- François Vatin, L'industrie du lait : essai d'histoire économique, éd. L'Harmattan, 1990.