La PAC, politique agricole commune
Notice
Joseph et Laurent Kerlir sont agriculteurs dans le Morbihan. Ils évoquent le rôle que la PAC, politique agricole commune, a joué pour l'agriculture bretonne. Elle a notamment permis la modernisation de l'agriculture.
Éclairage
Ce document rappelle par des témoignages l'évolution de la PAC et les problèmes qui en ont découlé.
En 1962, devant la nécessité de nourrir la population éprouvée par la guerre, la Communauté européenne a décidé la mise en place d'un premier paquet de mesures agricoles communes pour les six pays européens fondateurs. Ces mesures aboutiront le 1er juillet 1967 au marché unique des céréales, du porc, des oeufs, de la volaille, des graines oléagineuses, suivi en 1968 de celui du lait, de la viande bovine et des produits transformés à base de fruits et légumes.
De 1962 à 1984, la PAC a mis en place une politique de prix garantis pour un certain nombre de produits, ce qui devait assurer aux exploitants un prix d'achat minimum de leur production, indépendamment de l'évolution des cours mondiaux, et idéalement leur permettre de percevoir un revenu minimum stable.
Le coût du système et l'augmentation des productions entraînant une surproduction du lait et du porc, une réforme de la PAC est décidée en 1984. Celle-ci s'oriente vers la stabilisation des produits. Ceci induit leur limitation, d'où par exemple la mise en place des quotas laitiers.
En 1992, alors que les dépenses agricoles représentaient 64% du budget communautaire, une nouvelle réforme a profondément modifié la PAC qui, soumise de plus en plus au commerce international, présente un point de vue nettement plus libéral. Les aides directes remplacent le soutien des prix, ceci devant éviter la course à la productivité que mènent les agriculteurs, souvent soumis à la pression de remboursement des prêts. Depuis 2004, le budget de la PAC a diminué (44% du budget communautaire) alors que les pays membres de la Communauté Européenne passent de 15 à 25.
La PAC a été souvent source de discordes : entre les Etats-Unis et l'Europe, entre les pays membres de la communauté mais aussi entre agriculteurs et gouvernement. Ce document a l'intérêt de présenter un point de vue nuancé émis par deux agriculteurs : ils reconnaissent que l'Europe, en déconnectant le marché européen du marché mondial, a permis le développement de régions structurellement en retard, ce qui était le cas de la Bretagne dans les années 60. Mais ils analysent aussi les limites de la PAC : la course à l'agriculture intensive mal maîtrisée dans les années 70, la dérive ultra-libérale de la fin du siècle, qui menace les plus faibles. Toutefois, en conclusion, alors que dans cette décennie la politique européenne fait l'objet de nombreuses manifestations, ils affirment à nouveau leur espoir dans l'Europe - le plus jeune a voté "Oui" pour la ratification du traité sur l'Union européenne signé à Maastrich en 1992 - et ils sont en cela proche de la FNSEA des années 90.