Fouilles sous marines

30 juillet 1987
03m 33s
Réf. 00316

Notice

Résumé :

Au large de l'Aber Wrac'h, dans le Finistère, un découvreur d'épave a repéré un bateau scandinave du XIVe siècle. Malgré de faibles moyens, un chantier de fouilles sous-marines est en cours. Les archéologues découvrent un site exemplaire.

Date de diffusion :
30 juillet 1987
Source :
FR3 (Collection: Rennes soir )
Personnalité(s) :

Éclairage

Découverte en 1985, par 15 mètres de fond, sur le flanc ouest du chenal d'entrée de l'Aber Wrac'h (Finistère), cette épave a fait l'objet en 1986 d'un sondage qui a permis de constater la présence, sous un lest de pierres très volumineux, d'une structure d'architecture navale homogène construite à clin. Il s'agit d'un bateau marchand naufragé à la fin du XVe ou au XVIe siècle qui transportait sans doute des animaux puisque des milliers d'os ont été retrouvés sur l'épave.

Cette période médiévale a constitué un âge d'or pour la marine bretonne : les navires, petits mais rapides et bien équipés, étaient affrétés par des marchands français et étrangers qui les envoyaient vers la Baltique et la Méditerranée.

Ce chantier de fouilles inaugurait une période faste pour l'archéologie bretonne. Si en 1987, l'essentiel des objets trouvés lors des fouilles sous-marines provenaient de la Méditerranée, 20 ans après, l'exposition "La Mer pour mémoire" montre que finalement la demande de soutien exprimé par Michel L'Hour dans ce film a été entendue, permettant ainsi de faire progresser à grands pas la connaissance des fonds sous marins bretons.

Martine Cocaud

Transcription

Journaliste
On plonge maintenant dans l'Aber Wrac'h, dans ce bras de mer finistérien. Voici un an, un plongeur amateur et passionné d'archéologie sous-marine découvrait une épave datant certainement du Moyen-Âge. Alertée, la direction des Recherches Archéologiques sous-marines, qui dépend du ministère de la Culture, a envoyé, donc, une équipe pour fouiller ce site. Suivez ce reportage de Philippe Abalan et d'Alain [Decormier].
Philippe Abalan
Les archéologues travaillent sur l'épave depuis maintenant quatre semaines. Pendant quinze jours, avec un aspirateur sous-marin, ils ont dégagé le sable qui la recouvrait, puis ils ont quadrillé le site.
(bruits)
Philippe Abalan
Aujourd'hui, deux par deux, en se relayant au fond toutes les heures, ils en font le relevé détaillé. Un travail minutieux, difficile, répétitif et ingrat mais indispensable.
(bruits)
Philippe Abalan
Ce navire retient toute l'attention des spécialistes parce qu'il est unique en France : jamais sur nos côtes on n'avait mis à jour un bateau de cette importance - 30 mètres de long - construit à clin, une méthode de construction à l'époque employée exclusivement par les Scandinaves.
Eric Rieth
C'est un gros bateau. Les pièces de charpente, les membrures, ces sortes de nervures qui constituent l'ossature du bateau, sont des pièces importantes de 25, à peu près, sur 25. Donc c'est une grosse construction. Par ailleurs, on a un lest de pierres qui est aussi important. Donc c'était sûrement un bateau solidement construit.
Philippe Abalan
Les quelques objets remontés à la surface, un grand nombre d'ossements d'animaux, des céramiques, de la poterie et des armes, permettent quelques hypothèses sur ce qu'il pouvait bien faire dans ces parages. La plus vraisemblable : venu du nord, il allait sur l'est chercher du vin à Bordeaux ou du sel à Bourgneuf en Vendée. C'était au XIVe ou au XVe siècle.
Michel L'Hour
Il y a un certain nombre de pistolets. On en avait déjà trouvé dans la campagne 86. Et ce qu'on compte faire avec, on va faire des radiographies, et à travers ces radiographies, ce qu'on va apercevoir, c'est le négatif de l'arme à feu, puisque le fer a diffusé dans la concrétion, et ensuite, on va les briser tout simplement et on va faire des moulages, de façon à récupérer au moins le relief de l'arme.
Philippe Abalan
Combien d'heures consacrez-vous chaque année à la recherche des épaves ?
René Ogor
Je crois que c'est difficilement chiffrable. En fait, je fait une centaine de plongées par an et je passe plusieurs centaines d'heures dans les archives aussi. En fait, j'y passe une grosse partie de mes loisirs.
Philippe Abalan
S'ils sont satisfaits par l'épave, les archéologues sont déçus de l'intérêt que l'on porte à leur travail. Pour une campagne de six semaines, ils ont obtenu 60 000 francs de subvention, pas assez, disent-ils. Et le directeur du chantier, amer, a dû renvoyer dans ses foyers une partie de l'équipe.
Michel L'Hour
C'est un peu dommage quand on est sur un site exemplaire et remarquable comme celui-là, d'être limité par des problèmes de 10, 20 ou 30 000 francs. Je pense que c'est vrai que ça ne représente rien, 30 000 francs, aujourd'hui, sur des budgets régionaux, et pour nous, ça serait énorme.
Philippe Abalan
La campagne 1987 sera terminée dans deux semaines. Les relevés et les objets récupérés seront étudiés en détail cet hiver dans les universités et les laboratoires. Grâce à eux, dans quelques mois, on en saura peut-être un peu plus sur la civilisation moyenâgeuse.