Yves Rocher à la Gacilly
Notice
Yves Rocher, chef d'entreprise et maire de La Gacilly dans le Morbihan, fait prospérer son village natal grâce à son industrie cosmétique. Apprécié de ses administrés, son succès lui vaut cependant quelques critiques.
Éclairage
Ce film réalisé en 1978 rend gloire à l'action d'Yves Rocher, natif de La Gacilly. Bâtie sur un concept qui se révèlera extrêmement porteur - celui des produits naturels, et sur la vente par correspondance - l'entreprise de cosmétiques créée dans les années 50 va prendre une envergure internationale. Ce projet, au départ celui d'un homme entreprenant, est devenu à la fin du XXe siècle un groupe présent dans une vingtaine de pays, qui occupe près de 15 000 employés dans des activités diversifiées (marque Petit bateau par exemple) mais dans lequel la cosmétique reste majoritaire. Le géographe Michel Philipponeau en a fait un exemple du développement industriel des petites villes de l'intérieur de la péninsule bretonne.
La Gacilly (Morbihan), chef-lieu de canton d'une région agricole peu prospère jusqu'aux années 1970 a largement bénéficié et bénéficie encore des retombées de l'esprit d'initiative de celui qui a été son maire de 1962 à 2008. Les activités de l'usine construite en 1968 ont en effet permis de stabiliser la population, qui sinon aurait fui comme celle des autres bourgs de la région. De plus, plusieurs projets menés par le maire ont fait de ce bourg situé sur les bords de l'Oust et qui ne manque pas de charme avec son petit port et ses rues pentues, un centre touristique. Comme le signale ce film, on s'y rend pour faire "le circuit des artisans" mais également pour visiter le jardin botanique (Végétarium) ou pour participer depuis 2004 au festival de photo "peuples et nature" organisé en septembre. Le bourg qui devait sa notoriété au végétal s'est entièrement converti à l'idéologie du naturel !
Le film au ton très déférent évoque sans s'y arrêter des critiques émises en catimini. La concentration des pouvoirs économiques et politiques d'Yves Rocher qui a été maire pendant 46 ans, mais également conseiller général en 1982 et conseiller régional en 1992 a, dès les années 70, inquiété certains qui y ont vu une volonté paternaliste. Ces craintes sont à analyser dans le contexte des années 70 : les campagnes du pays de Redon semblaient alors surpeuplées et l'avenir des jeunes dépendait du potentiel industriel des villes - de celui de Citroën à Rennes en l'occurrence. La population peu revendicatrice se satisfaisait de salaires plus modestes que la moyenne nationale et était reconnaissante envers toute initiative lui permettant de rester au pays. L'installation de syndicats n'était perçue comme souhaitable ni par la direction ni par la majorité des employés.... Yves Rocher a su cristalliser ce potentiel autour de son projet.