La vocation électronique de la Bretagne et la crise
Notice
L'électronique est actuellement en crise. Cette industrie créatrice d'emplois féminins est depuis les années 1970 un pilier de l'économie bretonne. L'industrie des télécommunications semble être une nouvelle perspective économique pour la région.
Éclairage
L'expression "vocation électronique" de la Bretagne est inadéquate puisque, d'emblée, il s'est agi de développer les télécommunications qui s'appuient sur l'électronique, puis l'informatique. La volonté de décentralisation d'un service de l'Etat, l'action d'hommes comme Pierre Marzin, originaire du Trégor, directeur du Centre national d'Etudes des Télécommunications (CNET) ou René Pleven, président du CELIB font qu'en 1958, il est décidé d'installer à Lannion le CNET. Ce centre de recherches doit permettre l'implantation d'usines liées à l'activité de celui-ci. C'est le gouvernement qui exploite l'expression "vocation électronique". Les usines qui s'installent dans la région de Lannion, à Brest, à Rennes, bénéficient d'aides de l'Etat et des communes. Les entreprises utilisent les techniques mises au point par le CNET et emploient de la main-d'oeuvre locale. En Bretagne, l'emploi dans cette branche passe de 609 au recensement de 1962 à plus de 13 000 en 1975, dont plus des deux tiers de femmes. Or, et contrairement à ce que dit le commentateur, cet emploi de femmes est primordial car les autres entreprises créées dans le cadre de la décentralisation avaient plutôt donné des emplois aux hommes (telle l'usine Citroën à Rennes) et, d'autre part, l'exode rural venait en priorité des jeunes femmes d'origine rurale. Les jeunes filles et les femmes étaient fort appréciées dans ce type de production qui demandait de la précision et de l'habileté. A la CSF de Brest, on a recruté celles qui avaient une formation de couturière. Autrement dit, dans cette première phase, on a un centre de recherches qui draine surtout une main-d'oeuvre d'ouvriers (ou plutôt d'ouvrières) non qualifiés. Quant aux cadres, ce sont souvent des Bretons émigrés qui reviennent dans leur région d'origine. Cette décentralisation réussie entraîne un dynamisme économique qui touche aussi le bâtiment et le secteur tertiaire. Mais en 1975, des difficultés apparaissent liées à la réduction du marché et aux modifications technologiques dues aux recherches du CNET. Les nouveaux produits exigent moins de main-d'oeuvre. Des restructurations conduisent à des fermetures d'usines et à des licenciements, principalement d'ouvriers et d'ouvrières non spécialisés ; Guingamp, Morlaix, Lannion sont touchés principalement dans les années 1980-1985.
En savoir plus :
Avec l'appui financier de l'Europe, la formation du personnel a pu être développée, ce qui a facilité l'arrivée d'entreprises nouvelles, entreprises de main-d'oeuvre non qualifiée. Le secteur des télécommunications a su attirer des entreprises qui font surtout appel à des techniciens, des ingénieurs en s'appuyant aussi sur les centres de recherches des universités bretonnes. Ainsi, par exemple, Lannion s'appuie sur son capital de matière grise et les grandes entreprises situées à proximité du CNET sont passées de la production en série nécessitant beaucoup de main-d'oeuvre à la recherche, avec la mise au point de prototypes. Elles emploient désormais essentiellement des ingénieurs.
Bibliographie :
- Michel Phlipponneau, Le modèle industriel breton, 1950-2000, Rennes, PUR, 1993.