Les pêcheries de la baie du Mont Saint Michel

20 septembre 2004
02m 56s
Réf. 00719

Notice

Résumé :

Sur les 40 pêcheries qui existaient autrefois dans la baie du Mont Saint Michel, une vingtaine sont toujours exploitées. Ce procédé de pêche traditionnelle consiste à piéger le poisson à marée descendante dans une sorte de grand entonnoir fait de pieux en chêne et de fagots de bouleau entrelacés. Cette méthode exige beaucoup de temps de restauration et d'entretien. Rencontre avec Renée et son mari qui à chaque marée viennent récolter le poisson (maquereau, sole, bar, turbot...) dans leur pêcherie. La Maison de la baie organise des sorties pour expliquer ce mode de pêche aux touristes et présenter aussi l'activité principale de la baie : la mytiliculture.

Date de diffusion :
20 septembre 2004
Personnalité(s) :

Éclairage

Classée patrimoine mondial de l'Unesco en 1979 comme bien naturel et culturel, la baie du Mont-Saint-Michel possède un patrimoine remarquable et diversifié. Par delà la richesse de la faune et de la flore, les activités traditionnelles d'exploitation du rivage représentent elles aussi un centre d'intérêt touristique majeur. S'étendant sur une superficie de 37 000 hectares, la baie présente à travers les époques diverses formes d'exploitation des ressources de la mer.

Mode de pêche ancestral, connu depuis l'antiquité, les pêcheries traditionnelles font partie des raretés que l'on peut rencontrer dans la baie. Les pêcheries sont des pièges à poissons construits sur l'estran, zone comprise dans le balancement des marées. On les trouve sur les communes de Cancale, Saint-Benoît, Le Vivier sur Mer et Cherrueix. Les pannes de ces pêcheries sont des murailles qui se composent de pieux de chêne et de branchages de bouleau, s'étendant sur 250 mètres. Cette activité traditionnelle est depuis les années 1950 largement vouée à disparaître, avec la modernisation de la pêche et l'apparition d'autres productions telles que la culture des huîtres et des moules. La part des pêcheries dans l'économie locale est devenue très marginale et elles ont progressivement été détruites. Les quelques pêcheries qui se maintiennent actuellement sur la quarantaine qui a existé en baie ne sont plus qu'une survivance de cet ancien mode d'exploitation des rivages, et elles détiennent donc désormais une certaine valeur patrimoniale. Les pêcheries qui existent toujours font donc l'objet d'une restauration, tandis que leur fonctionnement relève d'un savoir-faire spécifique, que met en œuvre chaque jour le couple de retraités faisant vivre « la métairie Taille fer ».

Cancale est historiquement l'un des centres huîtriers de la côte bretonne. Après la Seconde Guerre mondiale, parmi les nouvelles formes d'exploitation maritime, se développe l'élevage des huîtres, l'ostréiculture. Elles sont cultivées à plat sur la grève ou bien en eaux profondes. Quant à la production des moules dans la baie du Mont-Saint-Michel, c'est une activité qui apparaît seulement en 1954. L'élevage des moules représente une sorte de reconversion suite à la crise des activités maritimes dans la région, incarnée par la disparition de la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve. À cette époque, la culture des moules apparaît comme une solution pour la reprise économique. L'activité est issue du transfert des techniques de production des moules de la baie d'Aiguillon en Charente-Maritime dans la baie du Mont-saint-Michel. Les bouchots, ces pieux enfoncés dans l'estran sur lesquels sont fixées les moules, composent depuis cette époque le paysage caractéristique de la baie du Mont-saint-Michel.

Pauline Jehannin

Transcription

Journaliste
Comme tous les jours, le tracteur s'enfonce dans la baie du Mont Saint-Michel. A chaque marée, de jour comme de nuit, Renée et son mari, retraités, vont récolter le poisson piégé dans la pêcherie traditionnelle dont ils ont la charge. La Métairie taillefer, un procédé de pêche ancestral constitué de pieux de chêne et de fagots de bouleau entrelacés. Sur les 40 pêcheries de ce type que comptait la baie autrefois, une petite vingtaine est toujours exploitée. Un travail qui, outre la récolte même, exige beaucoup de temps de restauration et d'entretien.
Renée James
C'est très dur et surtout quand il y a des coups de forte tempête, qu'il y a des pannes qui se couchent, qu'il faut remettre les pieux, il faut remettre les branchages il faut tout refaire, c'est un bébé en fin de compte, il faut tout le temps s'en occuper. Faut aimer. On n'a jamais la même chose, on est toujours étonné de voir ce qu'on va avoir dans le bachon, parce que aujourd'hui on a rien mais demain on en aura plein, c'est tout le temps une surprise.
Journaliste
Maquereaux, soles, grondins, turbots ou bars, chaque marée est plus ou moins généreuse ; c'est en fait lorsque la mer se retire que le poisson est piégé dans cet énorme entonnoir.
Renée James
Nous, c'est surtout notre loisir, notre passe temps, on aime beaucoup la pêche donc c'est un plaisir de rénover cette pêcherie et puis on est heureux quoi, voilà. On vient là, on amène les amis, on amène les enfants, les petits-enfants, on amène tout le monde et tout le monde en profite.
Journaliste
Et les goélands ne sont pas le derniers, mais pour la visite il y a aussi les touristes promenés par la Maison de la baie qui, régulièrement, y organise des sorties.
Yannick Daniel
Tant qu'il y a de l'eau au-dessus de la tête de la pêcherie, les poissons peuvent passer au dessus et dès que la tête qu'on voit là va découvrir, tous les poissons qui sont à ce moment là dans la pêcherie sont piégés. Et forcement, ça va toujours les ramener au même endroit, à ce qu'on voit ici, le bachon, qui est ni plus ni moins je dirais une grosse nasse. Les gens sont très demandeurs de ça. Parfois plus et c'en est presque bizarre, plus demandeurs de ce patrimoine humain que du patrimoine naturel ; le patrimoine naturel quelque part il va falloir presque des espèces phares un petit peu qui vont attirer les gens. Autrement, quand il y a une activité humaine, ça intéresse toujours les gens de savoir comment se font les moules, comment se font les huîtres.
Journaliste
Les moules justement, c'est dans les bouchots que se poursuit la balade. Depuis une cinquantaine d'année la mytiliculture s'est développée dans la baie pour y devenir une des activités principales.
Yannick Daniel
On peut compter au moment où elles arrivent plus de 10 mille moules.
Olivier Maitre
On est venu se renseigner sur la culture des moules parce qu'on vient de Suisse donc on n'a pas l'habitude, on ne connaît pas, voila, c'est très intéressant, très bien expliqué.
Journaliste
Pêche traditionnelle, pêche à pied, pêche d'aujourd'hui, les activités se côtoient entre terre et mer. Les tracteurs et les touristes croisent les bateaux amphibies des mytiliculteurs dans ce site grandiose classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.