L'utilisation des 1o% pédagogiques pour parler picard au CES de Moreuil
Notice
Au CES de Moreuil on utilise les 10% pédagogiques (10% de l'horaire consacré à la mise en place de projets non liés aux programmes) à l'expression en picard. Les élèves sont d'origine rurale et l'on parle encore picard dans les familles et certains d'entre eux sont plus à l'aise pour parler de leur environnement en picard plutôt qu'en français.
Éclairage
Ce reportage est consacré à l'un des nombreux dispositifs pédagogiques mis en place au cours de l'histoire de l'Éducation Nationale. Baptisé les "10% pédagogiques", ce dispositif est apparu dans les années 70, plus précisément en 1973, et visait à proposer 10 % de l'horaire annuel des collèges et lycées pour la mise en place de projets non liés aux programmes. Concernant les élèves de tous les établissements, cet outil pédagogique représentait environ une semaine par trimestre consacrée à des activités choisies par les élèves et/ou leur enseignant.
Datant de 1975, l'extrait présenté fournit une illustration intéressante de l'utilisation de ces 10 % au sein d'un Collège d'Enseignement Secondaire (CES) de la ville de Moreuil, située dans le département de la Somme.
Tenant compte de l'origine rurale des élèves et de la pratique toujours présente de la langue picarde dans leur environnement familial, les séances mises en place offrent une occasion à ces derniers de pouvoir affirmer librement cette identité linguistique et culturelle. Pédagogiquement très stimulante, cette initiative prend en quelque sorte le contre-pied d'une idéologie linguistique qui, depuis le rapport de l'abbé Grégoire en 1794, a vu se développer une lutte acharnée – notamment dans le milieu scolaire – contre la pratique des multiples variétés linguistiques régionales de France, au profit de la langue française.
Un des apports significatifs de ce reportage est également de mettre en exergue une situation linguistique historique qui n'existe plus aujourd'hui tant la pratique régulière de la langue picarde dans la vie de tous les jours s'est progressivement estompée.
Même si de nombreux efforts sont aujourd'hui toujours déployés par plusieurs associations de promotion et de défense de la langue et de la culture picardes ("Agence pour le picard", "Achteure", " Ozyvo", etc.) pour intervenir dans les milieux scolaires, la situation connue à la fin des années 70 risque de ne jamais plus être la même.