Alain Marion, la fin d'une courte carrière de boxeur
Notice
A la salle Camus de Creil s'est déroulé le quatrième combat de la campagne mondiale du boxeur creillois Alain Marion. Le picard subit les assauts d'Azevedo qui va l'envoyer par deux fois au tapis, puis à la 9ème reprise, son entraîneur jette l'éponge. A l'issue du combat le Creillois a annoncé son retrait de la compétition. André Clerc, professeur du BC Creil estime que celui-ci avait encore un avenir dans la boxe. Interrogé, Everaldo Costa Azevedo ne comprend pas cette décision.
Éclairage
Au soir de sa défaite contre le brésilien Everaldo Costa Azevedo, le Creillois Alain Marion décide de se retirer du monde de la boxe. Il clôt ainsi, à l'âge de 25 ans, une carrière de près de dix années au cours de laquelle il a affronté quelques uns des meilleurs boxeurs de sa catégorie (poids welters). Se destinant originellement à travailler dans la maçonnerie, il rejoint en 1969 les rangs du Boxing Club Creillois. André Clerc, qui vient juste de créer cette structure, repère très vite ses qualités de combattant et le prend sous son aile. Cette collaboration, indéfectible puisqu'elle va durer jusqu'au dernier combat d'Alain Marion, va mener le boxeur de Creil au succès. En championnat de France amateur tout d'abord, où il a notamment pour rival Louis Acariès. Dans la sphère professionnelle ensuite, où il triomphe à 28 reprises (dont 5 fois par KO) pour 3 défaites et un combat nul. Il parvient notamment, le 17 décembre 1977, à conquérir le titre européen à l'issue d'un combat d'une grande intensité contre l'Allemand Jorg Eipel. Ce dernier est en effet envoyé au tapis et fera 28 jours de coma. C'est ce combat qui décidera les instances européennes de la boxe à diminuer le nombre de reprises (le passage de 15 rounds à 12 rounds) et à exiger la présence d'un médecin de service susceptible d'intervenir s'il juge la situation dangereuse. Alain Marion perd quelques mois plus tard son titre au Danemark face à un boxeur local, Joergen Hansen. Dès lors, il se décide à tenter l'aventure d'un championnat du monde. Il doit pour cela vaincre des adversaires de stature internationale avant de prétendre défier le tenant du titre. Mais le quatrième combat face à Everaldo Costa Azevedo scelle son sort.
A l'issue de la rencontre, l'annonce du boxeur creillois (son choix de se retirer des rings) nourrit le caractère tragique de l'événement. Elle rappelle notamment la dimension sacrificielle de la boxe, sport qui incarne on ne peut mieux la souffrance accompagnant au quotidien le pratiquant dans sa quête de victoires et de reconnaissance. Souffrances physiques d'une part puisque c'est au prix de nombreux efforts et privations que le corps du boxeur se "durcit" et se prépare à encaisser les coups de l'adversaire. Souffrances morales d'autre part dans la mesure où toute l'attention du pugiliste doit être tournée vers le combat à venir, l'empêchant souvent de construire des relations "normales" avec sa famille et ses proches. Souffrances sociales enfin car le "retour sur investissement" n'est pas toujours de mise pour le boxeur.
Ces aveux humanisent d'une certaine manière Alain Marion, héros de toute une région qui, face aux caméras, le visage tuméfié, se livre dans toute sa simplicité, comme pour mieux signifier la fin de son statut de champion.