Portrait de David Pagnier, champion France amateur de cyclo-cross

13 janvier 1992
02m 15s
Réf. 00111

Notice

Résumé :

Portrait de David Pagnier, champion de France amateur de cyclo-cross . Chez lui à Saint-Gobain, entouré de ses parents, il revient sur la course gagnée la veille à Saint-Herblain.

Date de diffusion :
13 janvier 1992
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Éclairage

En janvier 1992, David Pagnier conquiert à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) le titre de champion de France "Open Senior" de cyclo-cross, marchant ainsi sur les traces du coureur professionnel chaunois Martial Gayant, double-vainqueur de cette épreuve au cours des années 1980. Le cycliste de Saint-Gobain, passé par les clubs d'Hirson, de La Fère-Vendeuil et de Saint-Quentin, confirme ainsi les espoirs placés en lui après sa victoire en 1989 lors des Championnats de France amateurs de la spécialité. L'exploit est d'autant plus grand que professionnels et amateurs concourent à nouveau ensemble, ce qui n'était plus le cas depuis 1979. David Pagnier devance notamment au classement deux membres de la formation Castorama, Dominique Arnould (qui gagnera quelques mois plus tard une étape sur le Tour de France) et Emmanuel Magnien. Fort de cette performance, il se hisse, l'année suivante, à la quatrième place des Championnats du monde qui se déroulent à Corva di Azzano en Italie.

Ces résultats prometteurs, alors que le coureur axonais fait encore partie de la jeune garde des coureurs français, lui permettent notamment d'intégrer l'une des équipes phares du cyclo-cross national, le CSM Persan (sponsorisé par Bic). Pour autant, David Pagnier ne peut prétendre vivre complétement de son sport. En effet, si certains pays (à l'instar de la Belgique) élèvent le cyclo-cross au rang de sport national, cette activité, qui sert à l'origine de préparation hivernale aux coureurs sur route, est peu médiatisée dans l'hexagone. L'impact du Tour de France et de l'ensemble de ses "courses satellites" (Paris-Roubaix, Paris-Nice, etc.) y est certainement pour beaucoup. La Grande Boucle exerce en effet son hégémonie sur le paysage médiatique du cyclisme. Par ailleurs, si des courses internationales de cyclo-cross ont lieu dès les années 1920 et que les Français brillent très tôt dans cette discipline, peu de "routards" s'y convertissent réellement : les pelotons des Championnats de France professionnels de cyclo-cross sont ainsi réduits à portion congrue pendant les années 1980 (de 20 à 30 participants selon les éditions). Enfin, cette pratique subit, au cours des années 1990, la progressive montée en puissance du Vélo Tout Terrain, pratique qui séduit les nouvelles générations de cyclistes. Aussi, David Pagnier se doit d'exercer, en parallèle de sa pratique de haut niveau, une activité professionnelle.

Ces contraintes matérielles ne l'empêchent pas de poursuivre une brillante carrière. Après sa victoire de 1992, il monte ainsi à quatre reprises sur le podium des Championnats de France (deux fois sur la deuxième marche et deux fois sur la troisième). Mais surtout, en 2001, il conquiert un nouveau titre national (il est alors licencié au Charvieu-Chavagneux Isère Cyclisme), devançant notamment l'une des stars mondiales du Vélo Tout Terrain, Miguel Martinez, par ailleurs ancien champion du monde espoirs de cyclo-cross. Cette victoire, qui ne marque aucunement la fin de la carrière de David Pagnier, vient couronner la régularité de ses performances au plus haut niveau.

Sébastien Stumpp

Transcription

Ronan Ponnet
Quand David descend la rue principale de Saint-Gobain, dans l’Aisne, pour rentrer dans l’épicerie de ses parents, maintenant, on se retourne sur lui. David Pagnier, 21 ans, depuis quelques heures à peine, champion de France de cyclocross. Avant tout, la fierté de son père et de sa mère. David est presque né pour avoir ce titre. Dans la cuisine, quand il regarde les trophées avec son père, ils se souviennent tous les deux de ses premiers tours de roue. Deux autres frères dans le vélo dont l’un vient d’arrêter, d’ailleurs, l’équipe de France. Toute la famille forme, en réalité, une équipe. Et papa Pagnier a les larmes aux yeux. Son fils, à Saint-Herblain, en Loire atlantique, lui a remué les tripes. Quand il est arrivé le premier, ça vous a fait quoi ?
Père Pagnier
Je n’étais pas là, j’étais loin du podium. Ça m’a fait des choses. Je n’y aurais pas cru, quoi.
Ronan Ponnet
Ça prend au ventre, un peu ?
Père Pagnier
Oui. Ça émotionne, quoi, de le voir… Surtout qu’il n’était pas parti gagnant.
Ronan Ponnet
Oh non, pas vraiment parti gagnant, David Pagnier. Avec les monstres sacrés de BIC ou de CASTORAMA, il a su suivre et coller à la roue de ces deux équipes. Puis faire le travail tout seul, sans écouter qui que ce soit et s’entrainant pendant les fêtes comme un damné du vélo.
David Pagnier
J’ai tout suite senti que j’étais dans un grand jour et j’ai commencé à me replacer en 4ème position, et après, j’ai fait la course comme je pensais. Moi, j’avais… [C’est Téar] qui me conseillait sur le moment. Mais ce qu’il me conseillait, ça ne me plaisait pas trop parce que je savais que j’étais… que je pouvais faire la course comme je l’avais pensé. Et j’ai fait ma course comme j’avais pensé et ça a très bien marché.
Ronan Ponnet
A quoi on pense quand on a franchi le premier la ligne d’arrivée ?
David Pagnier
Sur le coup, on ne pense pas à grand-chose. Sur le coup… Même le soir, on ne réalise pas trop encore d’être champion de France.
Ronan Ponnet
Pourtant, champion de France, David l’est bien. Et malgré la crise financière qui touche les équipes professionnelles, David pourrait bien devenir quand même néo-pro la saison prochaine avec, avant tout ça, les championnats du monde de cyclocross et bientôt, à Litz, en Grande-Bretagne. Et là aussi, il y aura des géants à abattre. David contre Goliath, chez Panier, on connait.