Séquestration des membres de l'université de Picardie et manifestation d'étudiants
Notice
Les étudiants au bout de leur cinquième semaine de grève réclament la dissolution de l'association université de Picardie et patronat. C'est l'application de la réforme 2ème cycle. Les étudiants contestent la tenue du Conseil d'Université au moment des vacances. Roland Perez, président d'université explique que le conseil a été perturbé et après avoir levé la séance, il a été "retenu". D'après lui, Le conseil ne pouvait pas modifier l'ordre du jour. Le 19 mars le conseil étudiera les modalités d'un conseil de développement qui rendra caduc l'association passée. Images de la manifestation pour l'abrogation de la réforme Soisson.
Éclairage
La grève étudiante de 1976 contre la réforme du deuxième cycle universitaire est alors la plus longue depuis les événements de mai-juin 1968. Mais, le mouvement est cette fois provincial et c'est l'Université d'Amiens qui est à l'avant-garde. Dès février 1976, les étudiants picards se mobilisent et prennent possession des locaux du campus. Ainsi, des fresques colorées – depuis recouvertes par des badigeons – habillent rapidement les murs du bâtiment D. Inorganisé, le mouvement, qui a gagné l'ensemble des universités françaises courant mars et pris de l'ampleur, se structure autour d'une "coordination nationale" étudiante, qui siège à Amiens début avril. Roland Pérez, président de l'Université de Picardie, s'engage aux côtés des étudiants et des enseignants contre la politique gouvernementale. Il affirme en particulier son hostilité à l'arrêté publié en janvier par la nouvelle secrétaire d'Etat aux universités, Alice Saunier-Seïté avec qui il débat en direct à la télévision, s'affirmant comme le porte-parole des présidents d'université hostiles à la réforme. Ce texte, qui est à l'origine de la mobilisation, crée de nouvelles filières en second cycle (licence-maîtrise), invite les universités à rapprocher leurs formations des débouchés et fait de la licence – qui est alors un diplôme d'études approfondies à la fin de la troisième année d'études – un diplôme terminal sanctionnant une formation portant sur les éléments fondamentaux d'une discipline ou ayant un objectif professionnel. D'après l'arrêté, la licence est ouverte aux titulaires d'un diplôme d'études universitaires généralisées (DEUG, créé en 1973) et peut être suivie par un autre diplôme de deuxième cycle, la maîtrise. Le texte donne aussi aux universités l'initiative pour définir les enseignements, leurs intitulés et leurs contenus, tout en laissant au ministère le contrôle des habilitations relatives à la délivrance des diplômes nationaux. Cette réforme, en réalité préparée par son prédécesseur, Jean-Pierre Soisson, est immédiatement interprétée par les étudiants comme une tentative de professionnaliser l'université et d'accroître la sélection. Le contexte de crise économique renforce les inquiétudes des étudiants, qui redoutent une dévalorisation de leur diplôme, de se voir interdire la poursuite d'études ou contraint de choisir une filière par défaut, et de ne pas trouver d'emploi à la sortie, du moins pas d'emploi correspondant à leur niveau de qualification. Alice Saunier-Seïté est notamment accusée de livrer l'université à une compétition sauvage voulue par le patronat. Commencé début mars, le mouvement se poursuit durant trois mois, jusqu'à la fin mai, date à laquelle les cours reprennent. Le deuxième cycle universitaire français est ainsi constituée de la licence (un an) et de la maîtrise (un an) jusqu'à la réforme "LMD" (Licence-Master-Doctorat) de 2002 qui modifie l'architecture de l'enseignement supérieur.