Spectacle du Théâtre d'animation picard "Les Picardisailles ou l'humour picard"
Notice
Le Théâtre d'animation picard est une association, créée en juillet 1977, dont le but est de promouvoir la culture et la langue Picarde. Il est animé par Françoise Rose et Jacques Auvet piliers de la troupe de marionnettes Ches Cabotans d'Amien. Ils donnent un premier spectacle "Les picardisailles ou l'humour picard" ; Jacques Auvet explique que "picardisailles" est un néologisme qui traduit le côté picard et l'atmosphère de la Picardie. Pour le répertoire des spectacles à venir, Françoise Rose lance un appel aux auteurs picardisants.
Éclairage
Ce reportage est consacré au premier spectacle de l'association Le Théâtre d'animation picard créée en juillet 1977 à l'initiative de Françoise Rose et Jacques Auvet. Ces deux figures majeures de la culture régionale ont été par ailleurs dès 1969, à la tête de la compagnie de théâtre de marionnettes Ches Cabotans d'Amiens, succédant dans cette tâche à son fondateur Maurice Domont.
La création du Théâtre d'animation picarde tient à la découverte progressive par ses fondateurs d'une vaste littérature populaire et poétique en langue picarde. Ils inscrivent alors leur démarche sous le patronage d'Edouard David (1863-1932), poète et écrivain, auteur entre autre de bouffonneries picardes avec Lafleur et qui déclarait vouloir sauver toute la littérature picarde de l'oubli. Au fil de leur recherche en bibliothèques ou en centres d'archives, Françoise Rose et Jacques Auvet exhument de nombreuses œuvres oubliées. De leur collecte, ils décident de monter un spectacle qu'ils appellent donc "Picardisailles". Un néologisme qui accole à l'appartenance linguistique des textes, la teinte emblématique et caricaturale des ciels picards, la grisaille. Une couleur qui s'impose notamment dans le reportage à travers les plans de la cathédrale d'Amiens, camaïeu bistre, avant son grand nettoyage qui débutera en 1992 et durera 7 ans.
"Picardisailles" prend la forme d'un cabaret picard et propose une succession de pièces de formes diverses : sketch, poème, chanson, fables, contes... jouées par Françoise Rose, Jacques Auvet et Guislain Rose. Spectacle intégralement en langue picarde, "Picardisailles" rencontre un grand succès et parvient même a accéder à la reconnaissance institutionnelle en étant programmé au petit théâtre de la Maison de la Culture d'Amiens (MCA). On se bouscule alors pour voir la pièce et Dominique Quehéc, qui dirige alors la MCA, se félicite de la redécouverte joyeuse par les picards de leur langue et de leur racine.
A la suite, l'association y organise également des veillées picardes. Le public se retrouve même parfois pour assister à des lectures à la lueur de chandelles autour d'un buffet régionale. C'est ainsi tout le patrimoine picard qui rassemble alors les amoureux de cette langue et de ses accents d'oïl à la Maison de la Culture.
Le spectacle s'exportera également dans toute l'aire linguistique picarde de la Somme à la Belgique en passant par l'Aisne, et le Nord-Pas-de-Calais.
A la différence des spectacles de Ches Cabotans, le répertoire est ici plus poétique et romantique et le public davantage adulte. Le répertoire étant vaste et le succès réel, il existera deux suites : sombrement intitulées Picardisailles 2 et 3. Si le second est comme son prédécesseur un patchwork de textes d'horizon divers, le dernier est composé exclusivement de texte du poète Louis Seurvat (1858-1932) installé à Ailly-sur-Noye. Picardisant tardif, Seurvat est l'auteur notamment de chansons devenus très populaires comme L'Catédrale d'Amièns et ln 'rvnant d' ché Barnum, et du conte en vers L'Soupe a cailleux.
Il n'y aura toutefois pas de suite au troisième volet des Picardisailles. Malgré le succès, le trio n'a plus le temps de s'y consacrer. Le développement important des Cabotans accapare bientôt toute leur énergie.
Les Picardisailles auront toutefois des prolongements indirects. Tout d'abord, Jacques Auvet se verra confier une mission de sensibilisation des écoliers à la langue picarde et aux marionnettes par l'inspecteur d'académie, André Grossetete, étape importante dans la reconnaissance de la langue et sa transmission.
Ensuite, il est indéniable que la démarche aura permis de réactivé un intérêt pour la littérature en picard et sa valorisation. D'autres associations prendront ainsi le relais comme Achteure, créée en 2000 par Philippe Boulfroy qui assure un recensement et une sauvegarde des chansons picardes déjà existantes, tout en proposant également de nouvelles productions. C'est le même type de démarche que poursuit depuis 1980 l'association abbevilloise Ch'Lanchron, de Jean-Luc Vigneux et Jacques Dulphy, qui offre un espace unique de production et d'édition de textes anciens et modernes en picard.
De nombreuses autres initiatives existent aujourd'hui pour la sauvegarde et le développement du picard et de sa culture. Elles doivent sans aucun doute, toutes, un petit quelque chose aux pionniers comme Françoise Rose et Jacques Auvet, qui sur cette voie les ont précédés.