Lamarck et la météo
Notice
Portrait de Jean-Baptiste de Monet chevalier de Lamarck, né en 1744 à Bazentin (Somme), botaniste au Muséum d'histoire naturelle, zoologiste de renom, il est moins connu pour son travail sur la météorologie moderne. Il y a 200 ans, en 1807, il proposait l'installation d'un réseau de stations météo dans toute la France, pour prévoir le temps au jour le jour. JR Wattez , nous explique comment Lamarck a eu cette idée. Elise Dolivet et Yves Potard relatent que seul contre tous, il va entreprendre d'étudier ce qu'il nomme les météores, la pluie, le vent, la grêle, une hérésie pour nombre de ses contemporains.
Éclairage
Lamarck ! À part deux lycées et collèges, une station du métro parisien au baptême partagé, quelques rues dans certaines villes et un cratère lunaire, le nom est peu évocateur pour le commun des mortels. Les initiés associent souvent son nom à celui de Darwin, le père de l'évolutionnisme et de la lutte des espèces. Botaniste, c'est lui qui invente le nom de la biologie pour désigner la science qui étudie les êtres vivants et contribue à la formation de la doctrine du transformisme relativement différente, mais très proche de celle de l'évolutionnisme.
Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet dit Chevalier de Lamarck est né en Picardie (1744), à Bazentin-le-Petit près d'Albert (Somme). Il effectue ses études secondaires chez les Jésuites d'Amiens (1755 à 1759). Après l'interruption d'une carrière militaire assez brève (1761-1768), il s'intéresse à la botanique tout en faisant sa médecine. La publication notamment de la Flore française (1779) lui procure suffisamment de notoriété pour être accueilli à l'Académie des Sciences puis devient "Professeur d'Histoire naturelle des Insectes et des Vers" au jardin du Roi qu'il contribue à transformer en Muséum national d'histoire naturelle. La fin de sa vie est sujette à controverse (pauvreté, isolement, mépris, etc.) ; Ce qui est certain, c'est qu'on n'a jamais retrouvé les restes de sa dépouille enterrée dans une fosse commune (mort en 1829).
Il consacre la plus grande partie de son temps à établir une taxonomie des invertébrés et à affiner sa conception du transformisme qui caractérise les espèces vivantes par l'évolution et la complexité. Darwin avouera pourtant dans sa correspondance qu'il n'a vu aucune idée consistante dans les résultats des travaux de Lamarck. Peut-être parce que Lamarck, comme on l'a souvent fait remarquer est l'homme des initiations, condamné à n'être jugé que sur l'unique critère de l'inachèvement de ce qu'il entreprend. Esprit observateur et touche-à-tout, il a abordé, en effet, de nombreux domaines autres que la botanique et la biologie. Ses travaux sur la météorologie (sur lesquels porte l'extrait vidéo) sont assez emblématiques à cet égard. Fondé sur des observations longues et continues, il pensait pouvoir relever le défi de "prévoir" le temps. Il est même allé jusqu'à tenter de le faire pour une année entière. Si ses idées ont été récusées voire même moquées, il fut en même temps indéniablement prophétique lorsqu'il proposa la création d'un réseau de "points" d'observation météorologiques finalement refusé par l'Empereur Napoléon. L'organisation actuelle de la météorologie nationale (système adopté dans le monde entier) est à cet égard l'hommage le plus éclatant qu'on pouvait lui rendre.
Certes, comme Edouard Branly, Lamarck n'a été créateur ni d'entreprises, ni de produits permettant de le considérer comme un protagoniste de l'activité économique, mais si l'on songe au développement des différents domaines en lien avec l'économie (météorologie, biologie, etc.) auxquels ses travaux ont contribué indirectement, on ne peut qu'être admiratif. Son nom doit être associé à l'idée selon laquelle les découvertes et les innovations majeures exigent du temps pour apporter leurs fruits. Preuve que les efforts dans ce domaine doivent être non seulement permanents mais aussi visionnaires au risque d'être incompris par le temps et l'époque !