Le rôle d'Édouard Branly dans le développement de la radio
Notice
Portrait du physicien originaire d'Amiens, Edouard Branly à l'occasion du 50ème anniversaire de sa mort. A l'origine de nombre de travaux en physique, c'est son invention du "cohéreur à limaille" en 1890 qui lui a valu une célébrité universelle ; elle est en effet considérée comme à l'origine de la radiodiffusion. Le professeur Philippe Monod-Broca, président de l'Association des Amis d'Edouard Branly, détaille cette invention. Marconi, lui adresse le tout premier télégramme entre Douvres et Wimereux, pour ses "remarquables travaux" qui ont permis cette première. C'est à travers ses appareils que vont se développer par la suite la télévision puis les semi-conducteurs.
Éclairage
A l'heure des réseaux numériques, certains n'ont pas hésité à décréter la fin de la télévision et de la presse classique. On a dit la même chose au sujet du théâtre lorsque le cinéma s'est répandu et quand la "fée" télévision est à son tour entrée dans les foyers, on pensait que la radio était condamnée. En fait, les choses ne se passent pas toujours de la sorte. La réalité des évolutions technologiques est beaucoup plus complexe qu'on le pense. Non seulement la radio a résisté, mais elle connaît une certaine renaissance notamment pour des raisons de facilité d'usage. L'écoute n'accapare pas l'attention autant que les écrans.
Comme on le sait la radio n'a été possible que grâce à la découverte de la radio-conduction. Dans tous les esprits, cette découverte est associée au nom de l'italien Guglielmo Marconi. Peu savent qu'en réalité sa paternité revient à un picard natif d'Amiens (1844) : Edouard Branly. Issu d'une famille d'ouvriers agricoles, fils d'instituteur, Edouard fait ses études secondaires au lycée à Saint-Quentin avant de réussir le concours de l'Ecole normale supérieure (1865) où il suit notamment les enseignements de Louis Pasteur. Il hésite sur l'orientation de sa carrière. Il opte dans un premier temps pour des études de médecine, devient effectivement médecin, puis revient à la recherche en physique et rejoint la Sorbonne. La rupture avec la Sorbonne (une fâcherie dit-on avec son directeur de thèse pour avoir refusé d'en épouser la fille !) le mène vers l'Institut catholique de Paris où il dispose d'un laboratoire si l'on peut parler ainsi. Car, ses conditions de travail sont des plus précaires.
Esprit brillant en rapport les grands noms de la science de l'époque, sa découverte se réalise pourtant de manière fortuite. Branly observe (1888) une variation dans la résistance d'une plaque de verre recouverte d'un dépôt de platine et associe cette variation avec l'étincelle émanant d'une bouteille de Leyde manipulée par l'un de ses assistants dans une pièce voisine de son laboratoire. Il avait par ailleurs constaté qu'en jours d'orage les paratonnerres destinés à protéger les lignes télégraphiques devenaient hautement conducteurs en s'arrêtant de fonctionner. Dès lors, son intention se concentre sur l'étude systématique de la conductibilité électrique. Ce qui lui permet mettre au point ce qu'il aimait appeler le radioconducteur. En 1903, il tente de dresser un premier mât de TSF (télégraphie sans fil) au Cap de la Hague interrompue pour défaut d'autorisation militaire. C'est Marconi qui aura le privilège des applications. Celui-ci réalise en mars 1899, la première liaison transmanche et le 29 avril de cette même année, il adresse à Branly un télégramme dans lequel il admet l'immensité de sa dette et sa reconnaissance. Les domaines bouleversés par ces applications sont immenses : la radiophonie, l'audiovisuel, les communications à distance, jusqu'au téléguidage des drones, etc.
Lorsqu'il décède en 1940, il reçoit des obsèques dignes de son rang et bien que sa notoriété soit moindre que celle de Marconi, sa place dans la pléiade des grands inventeurs picards doit être assurément au firmament.