Découverte de la forêt de Compiègne
Notice
Découverte de différents aspects de la forêt de Compiègne avec Marie Roussel. Les poteaux qui la jalonnent, ont été créés au XVIIe siècle pour que les cavaliers ne se perdent pas. Il y a 30 arbres remarquables dans cette forêt. Luc Bison, forestier, présente le chêne Saint Jean (et non Sainte Perrine), le plus vieux chêne forestier de France. La base du tronc est particulièrement abîmée. Les forestiers marquent les arbres destinés à être abattus. Tout l'art du forestier, c'est de reconnaître les indésirables et de les marquer. Puis, on mesure le diamètre de l'arbre, on estime sa hauteur et on entre les données dans un compas électronique. Le tout pour la vente à venir.
Éclairage
La forêt domaniale de Compiègne s'étend sur 14.484 ha, au sud de la confluence entre l'Aisne et l'Oise, à proximité de la forêt de Laigue. Peu boisé à l'époque antique, ce massif a été façonné depuis l'époque médiévale par les rois de France, principalement pour la chasse. Louis XIV y séjourne très régulièrement, notamment au début du printemps, à l'occasion de la revue des troupes stationnées aux frontières. Louis XV aime aussi y chasser, souvent durant l'été. Il y fait reconstruire le château, d'origine médiévale. Les dernières périodes de faste demeurent celles du Premier et du Second Empire, Compiègne devenant une résidence de prédilection pour Napoléon Ier comme Napoléon III.
Les paysages forestiers témoignent de cette passion des souverains. La pratique de la chasse à courre, principalement de la vénerie (chasse du cerf) et du vautrait (chasse du sanglier), conduisent à restructurer progressivement l'ensemble des voies de circulation à partir de la création du carrefour du Puits du Roi (vers 1521), premier carrefour en étoile connu en France. Louis XIV organise le percement de 54 nouvelles laies, et Louis XV améliore encore la desserte par le percement de plus de 230 voies. C'est de cette période que datent les noms des principaux chemins, ainsi que les premiers poteaux indicateurs. La pratique de la chasse au faisan amène aussi la création d'espaces spécifiques d'élevage et de chasse, notamment le parquet de la Faisanderie, à partir du milieu du XVIIIe siècle. Mais les impératifs cynégétiques se doublent aussi de considérations esthétiques. Alors que le contact avec la ville s'était longtemps limité à la route du Moulin, en prolongement de l'hôtel de ville, l'ouverture de la grande perspective des Beaux Monts, sous le Premier Empire, conduit enfin à renforcer le lien entre le château et la forêt.
Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, le massif était couvert de multiples clairières, notamment de zones de friches et de landes. Ces formations très dégradées étaient liées aux surdensités de gibier, mais aussi à des surprélèvements en bois et à des problèmes de régénération sur des sols fragiles, souvent acides. Depuis le XVIIIe siècle, plus de 6 500 ha de plantations, sur des terres agricoles et des landes, ont permis de combler les vides. Les premières plantations de conifères, notamment de pins sylvestres, datent du XIXe siècle.
La forêt domaniale de Compiègne est le fruit d'une gestion patiente et attentive des peuplements. Les forestiers procèdent encore à l'inventaire, puis à la sélection des arbres de toutes les parcelles, afin d'optimiser la croissance des arbres et de favoriser les régénérations naturelles. La pratique du martelage est très ancienne. Attestée dès la fin du Moyen Age, elle consiste à enlever une partie de l'écorce avec un marteau forestier, pour faire apparaître le bois de cœur, sur lequel on appose la marque du marteau. Lorsque les arbres sont martelés pour être mis en vente, on appose une marque à la racine et une autre à hauteur d'homme, le bûcheron devant couper l'arbre au dessus de la première marque.
La sélection des arbres n'exclut pas le maintien des spécimens remarquables. Les arbres les plus exceptionnels ont été conservés de coupe en coupe par les forestiers. Pour renforcer leur protection, le premier classement officiel des arbres remarquables en forêt domaniale est imposé par une circulaire du 29 juin 1899. La liste officielle des arbres protégés a été dressée en 1911, et révisée en 1935 et 1996. Elle permet encore de conserver pour les générations à venir des monuments vivants du patrimoine naturel.
La patrimonialité du massif de Compiègne ne repose pas seulement sur son histoire récente mais sur des héritages pluriséculaires, souvent méconnus du grand public, où patrimoine archéologique et patrimoine naturel sont inextricablement liés. Ces héritages font incontestablement la richesse et l'originalité du massif et justifient l'attribution du label "Forêt d'exception".