L'université de technologie de Compiègne trois ans après sa création
Notice
Reportage à l'UTC (université de technologie de Compiègne), première université de technologie en France, créée à titre expérimental. Les étudiants sont recrutés au plan national et international. Il préparent un diplôme de docteur ingénieur. La recherche est au centre des études avec des moyens modernes à sa disposition. Elle s'intéresse à des développements au service de la vie quotidienne. Guy Deniélou, ancien ingénieur du CEA et fondateur puis président de l'UTC dit les objectifs de cette formation. S'il ne pense pas qu'il puisse y avoir de concurrence avec l'Université d Amiens, la proximité de Paris peut paraître pesante. Le maire de Compiègne Jean Legendre espère que cette université permettra d'attiré d'autres branches de l'enseignement supérieur.
Éclairage
L'université de technologie de Compiègne (UTC) est créée par décret le 2 octobre 1972 à l'initiative de Guy Deniéliou et contre l'avis des instances représentatives de l'enseignement. Le maire de Compiègne, Jean Legendre, est en revanche un soutien de la première heure. Dès 1969, sa ville est retenue pour être le siège d'une future université. A l'époque de la déconcentration de la région parisienne, elle présente de nombreux atouts, notamment sa proximité avec Paris, d'un raccordement autoroutier et du futur aéroport de Roissy.
Mais parce que ses promoteurs veulent impliquer le monde de l'économie dans l'université, elle est rapidement étiquetée comme "l'université du patronat". L'UTC – 66e université française – n'est ni une faculté traditionnelle, ni une grande école, ni une antenne de l'Université de Picardie basée à Amiens. C'est un véritable « ovni universitaire » qui a nécessité un aménagement de la loi d'orientation de l'enseignement supérieur d'Edgar Faure. En effet, dans la France de l'après-mai 1968, son organisation est à contre-courant puisque la majorité de son conseil d'administration et son directeur sont désignés par le ministère. Guy Deniélou occupe naturellement le premier cette fonction, de 1972 à 1987.
Guy Deniélou est né le 14 juin 1923 à Toulon. Il s'engage dans la marine en 1940 puis est reçu à l'École navale l'année suivante, avant qu'elle ne soit dissoute par les Allemands. Après un passage à Sciences-Po, l'officier sous-marinier Deniélou rejoint Cherbourg, où il travaille sur la conception d'un sous-marin nucléaire. Formé au génie nucléaire à Saclay (1957-1958), il quitte la marine pour le Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Il participe au développement du Centre d'études nucléaires (CEN) de Grenoble sous l'autorité de Louis Néel, qui le charge de l'enseignement de neutronique et théorie des réacteurs à l'Institut polytechnique de Grenoble. Nommé chef du département des réacteurs à neutrons du CEA en 1971, il est également membre du groupe de travail qui réfléchit alors à une université de type nouveau. Guy Deniélou est ensuite désigné par Olivier Guichard (Ministre de l'Aménagement du territoire puis de l'Education nationale) pour créer ce prototype universitaire devenu incontournable dans le paysage universitaire picard et dans le panorama des écoles d'ingénieurs françaises.